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Forum Moci: trois entreprises témoignent sur les ZLE

Trois entreprises se sont exprimées sur le thème des zones de libre échange (ZLE) à l’occasion du Forum Moci « Risques et Opportunités à l’International » 2012, qui s’est tenu le 14 juin dernier au Conseil économique social et environnemental.
Johann Sponar, directeur général du groupeSalveo, implanté sur marché canadien au travers de sa filiale, est venu témoigner sur l’impact pour les entreprises françaises de l’Accord économique et commercial global (AECG) actuellement en cours de négociation entre l’Union européenne et le Canada. « Enorme !  » s’est-il enthousiasmé en évoquant ce traité commercial de « deuxième génération». Lequel a t-il précisé, veut aller plus loin qu’un simple accord de libre-échange en créant une sorte d’ »Aléna plus », en élaborant dans les domaines identifiés par les deux parties des dispositions en matière de marchés publics, de propriété intellectuelle, de mobilité de la main d’œuvre, de protection des investissements.
Johann Sponar a rappelé que l’Europe est le deuxième marché d’exportation pour le Canada, après les Etats Unis. Les deux partenaires se sont fixés pour objectif d’augmenter de 20% leurs échanges bilatéraux d’ici 2014″ a t-il ajouté. « C’est un accord équilibré : pour le Canada, l’Europe représente un marché de 500 millions de consommateurs et de 30 milliards de marchés publics. En retour ce pays nord américain offre aux entreprises françaises un potentiel de 100 milliards de marchés publics et parapublics à explorer.

Un optimisme que ne partage pas Philippe Guibert, directeur du pôle international de la FIEEC(Fédération des industries électriques, électroniques et de communication). Ce dernier estime que la négociation est bloquée : « Les Canadiens ne lâchent rien du tout ! On nous a dit que cet accord ne serait pas conclu. D’ailleurs, quel est le sens d’un accord fédéral avec le Canada si les provinces canadiennes ne nous ouvrent pas leurs provinces? Pourtant eux accèdent à nos marchés publics. »

Mais le Canada n’est qu’un exemple parmi d’autres cités par Philippe Guilbert, qui prône la réciprocité dans les échanges commerciaux entre l’Union européenne et ses partenaires extérieurs. Une réciprocité qu’il ne retrouve pas dans les accords de libre échange négociés par Bruxelles, « trop politiques et trop vite conclus ». Résultat, les entreprises se retrouvent les mains liées parce que Bruxelles a bâclé la négociation des normes. « De tels accords sont vides de sens », proteste t-il. « Or l’industrie, c’est la vraie vie. Ce sont des milliers d’entreprises qui créent des emplois et des richesses et représentent 80% du chiffre d’affaires export», insiste Philippe Guibert qui explique qu’il faut être présent dans les pays émergents car c’est là que l’on trouve « les taux de développement très élevés dont nos industriels ont besoin pour vendre leurs produits ».

« Des produits innovants, bien sûr, car c’est cela qui fait vendre à l’étranger, souligne Philippe Guilbert, également délégué général du Sieps (Syndicat des industries exportatrices de produits sensibles). « C’est pour cela que nous sommes très attentifs aux accords passés dans ces pays, à l’instar de l’IPA (ndlr : l’instrument –unique- d’aide de pré-adhésion pour la période 2007-2013 apporte une assistance financière aux pays candidats et candidats potentiels à l’entrée dans l’Union européenne) auquel nous avons participé ».

Plus largement, on voit que des pays comme le Japon, Inde, le Canada, ou les Etats-Unis peuvent accéder à l’ensemble de nos marchés publics, mais eux nous ferment les leurs. On a cité le Canada. Mais on peut dire la même chose pour l’Inde: peut-on se satisfaire un accord qui nous ouvrirait l’accès à un marché de 10 milliards d’euros quant on sait que les marchés publics représentent un potentiel de 200 milliards d’euros ? »

Aussi, afin de préserver la capacité d’innovation de ses entreprises, la FIEEC demande la suppression de tous les obstacles tarifaires et non tarifaires. Et aussi des normes, qui sont « un obstacle technique aux échanges » et servent de paravent protectionniste aux pays qui les élaborent. « Nous demandons également la reconnaissance mutuelle des contrôles douaniers et sécuritaires (s’ils ne reconnaissent pas les nôtres) ainsi que la liberté d’investir et de s’établir. » La FIEEC est également très attachée à la simplification des formalités, au guichet unique et à la  dématérialisation des formalités avec la gestion électronique des licences.

Cette dématérialisation est l’objet même du contrat décroché par Axway. La solution d’intégrationbusiness-to-business (B2Bi) de la société française, très implantée en Asie, a été préférée à celle de son concurrent MIcrosoft pour accompagner un programme pilote de guichet unique douanier mis en œuvre par l’Asean, l’association des États d’Asie du Sud-Est ( hors Laos, Birmanie et Cambodge, exclus de ce projet), avec le soutien de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et le ministère américain des Affaires étrangères. Objectif, selon Antoine Rizk, vice-président chez Axway: créer un guichet unique visant à réduire les délais de traitement des documents d’importation et d’exportation au sein des États membres. Pour mémoire, les délais des démarches administratives d’import-export sont de 21 jours en moyenne dans la zone Asean, avec des délais qui varient de 48 jours dans certains pays à 5 jours seulement à Singapour, où Axway a déjà développé sa solution de guichet unique électronique, comme aussi en Indonésie et en Malaisie.

Sylvette Figari

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