Bruno Descorps, du cabinet de conseil en change DFTX, confirme : la monnaie chinoise tend à s’apprécier vis-à-vis des principales devises, à commencer par le dollar. « Face aux pressions internationales, la Chine a régulièrement laissé s’apprécier sa monnaie (plus de 30 % depuis 2005), rappelle-t-il. Aujourd’hui, le FMI a revu sa position, la monnaie chinoise est vue comme “moyennement sous-évaluée” et non plus “considérablement sous-évaluée”, il considère que la Chine a fait des progrès importants pour réduire le déséquilibre de ses comptes extérieurs. »
Mais ce spécialiste des marchés des changes, dont le métier est de conseiller les entreprises sur la gestion de leurs flux en devises et des couvertures de change dans ce domaine, reste prudent : « Le yuan, c’est encore du dollar chinois, rappelle-t-il en faisant allusion à la politique monétaire très dirigiste de la banque centrale chinoise, qui limite la fluctuation du cours USD/CNY dans une fourchette de 1 % par rapport au taux de change qu’elle fixe chaque matin. Ce n’est pas le marché qui décide ! » Autrement dit, la transition sera longue : la monnaie chinoise est encore accrochée à la monnaie américaine, et pour travailler en CNY, il faut garder toujours un œil sur son taux de change avec l’USD car « les variations de la paire EUR/CNY proviennent principalement de la forte volatilité de l’euro/dollar »…
Reste que le moment est peut-être venu de s’y intéresser sérieusement : « L’idée de faire du commerce en RMB CNY est intellectuellement stimulante. Avec les mesures prises par la Chine depuis deux ans, il y a aujourd’hui des solutions qui n’existaient pas il y a deux ans. Il faut se mettre en veille », préconise Bruno Descorps.
C. G.