Trois grands projets doivent être suivis par les entreprises françaises : dans l’énergie, le barrage d’Adjarala à la frontière entre le Togo et le Bénin ; dans les mines, l’exploitation du phosphate carbonaté de Kpémé ; et, dans l’aménagement urbain, la construction d’un nouveau lac de stockage des eaux de ruissellement à Lomé.
« Jouons la valeur ajoutée, les services sophistiqués. C’est là que nous sommes les meilleurs », assure François Giovalucchi, le chef des Services économiques à Lomé. Les opportunités sont réelles, comme l’a montré Bureau Véritas dans l’inspection des marchandises. La société française innove en injectant plus de 9,1 millions d’euros dans la création d’un guichet unique électronique visant à réduire les formalités aux frontières terrestres, au port et à l’aéroport de Lomé.
La France dispose de nombreux savoir-faire. Par exemple, dans l’hôtellerie, avec Accor, gestionnaire du Mercure Sarakawa, un établissement situé sur la plage de Lomé. Mais son bail devant se terminer, un nouvel appel d’offres va être lancé, ce qui devrait s’accompagner d’une rénovation de l’établissement. À suivre, donc.
De même, il faut être attentif à l’évolution des négociations entre l’État togolais et le Fonds monétaire international (lire ci-contre). En cas d’accord, alors les bailleurs de fonds, notamment l’Agence française de développement (AFD), ouvriront à nouveau leur portefeuille pour financer des projets de développement. À suivre encore…
Energie : le barrage d’Adjarala attend son financement
Le Bénin, dont les besoins énergétiques croissent de 13 % par an, doit importer de l’électricité de Côte d’Ivoire, du Ghana et du Nigeria, ce qui explique son coût relativement élevé pour les entreprises. D’où l’importance du projet de barrage d’Adjarala, situé sur le fleuve Mono à la frontière du Togo et du Bénin, à mi-distance entre la côte et la retenue hydro-électrique existante de Nangbeto. Il s’agit de créer une retenue de 680 millions de m3, juste en amont des chutes naturelles d’Adjarala. Cet ouvrage d’une capacité théorique de 150 mégawatts (MW) intéresse au plus haut point les banques, comme la Banque ouest-africaine de développement (Boad) qui s’est déclarée prête à un concours de 31 millions d’euros dans le cadre de son plan stratégique quinquennal 2014-2018. Toutefois, il n’est pas certain que le Bénin et le Togo recourront aux financements internationaux. Ils pourraient, en effet, préférer une offre chinoise. On peut imaginer qu’en cas de financement multilatéral, alors l’Agence française de développement (AFD) se placerait sur des projets pouvant intéresser quelques entreprises françaises dans les études, la distribution électrique ou les turbines.
Equipement minier : Lomé promeut son gisement de phosphate carbonaté
Le Togo, qui adhère à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), s’est engagé à présenter un nouveau code minier en mars prochain. L’application de règles précises sera certainement appréciée par les investisseurs, mais peuvent-ils, pour autant, être convaincus par le potentiel du Togo (calcaire, marbre, nickel, bauxite…).
L’objectif principal du ministre des Mines et de l’énergie, Dammipi Noupokou, est de développer la production nationale de phosphates. Selon lui, après être déjà passée de 600 000 à 1,2 million de tonnes grâce à des investissements de modernisation, elle pourrait assez rapidement atteindre la barre des 3 millions de tonnes par an. Ce qui pourrait impliquer l’acquisition de nouveaux équipements et savoir-faire.
À l’heure actuelle, c’est surtout le projet d’exploitation de phosphates carbonatés, à 25 km de Kpémé, ville côtière à l’ouest de Lomé, qui retient l’attention. Dans la capitale, on s’attend à ce que les services de Dammipi Noukopou se prononcent prochainement sur l’attribution de la concession d’exploitation. C’est le cabinet Bird & Bird qui supervise l’appel d’offres. À l’exploitation du phosphate carbonaté, est aussi liée la construction d’une usine d’engrais.
Le gisement serait important, entre 2 et 2,2 milliards de tonnes, et le gouvernement pourrait être tenté de partager le gâteau entre les trois candidats en lice : l’Australien Balamara Resources, l’indo-sud-africain Getax, et une société basée à Londres, Elenilto, filiale du groupe de l’Israélien Engelivest, qui précisait, il y a un an, son intention d’injecter 1 milliard de dollars pour exploiter 5 millions de tonnes dans un premier temps.
Aménagement urbain : le projet de quatrième lac à Lomé émerge
L’urbanisation s’amplifie en Afrique et, au Togo comme dans le reste du continent, les services ouvrent des fenêtres d’opportunités à des spécialistes comme Suez Environnement dans le traitement des ordures ménagères. L’aménagement urbain est un sujet d’actualité à Lomé, où l’Agence française de développement (AFD) s’est lancée dans un projet dans les quartiers Est de la capitale, déclarés zones vulnérables dans le plan directeur d’assainissement (PDA) du Togo.
Quelque 300 000 habitants de Lomé, confrontés chaque année à des inondations, sont ainsi concernés par le second Plan d’aménagement urbain du Togo (Paut II). L’Union européenne (UE), dans le cadre du Xe Fonds européen de développement (Fed), a accordé, le 19 septembre dernier, un nouveau financement de 43 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 22 millions octroyés en 2007. Une partie de ces fonds est déléguée à l’AFD.
Le Paut II, qui touche dix villes secondaires, prévoit dans la capitale la construction d’un quatrième lac d’une superficie de 40 hectares, servant au stockage des eaux de ruissellement, de 60 km de caniveaux pour collecter les eaux, d’ouvrages de drainage dans les quartiers.
À noter encore que la France, avec l’Allemagne et la délégation de l’UE, s’efforcent depuis 2012 d’établir une programmation conjointe. À l’AFD, on table beaucoup sur cette collaboration pour étendre dans le futur son activité aux villes secondaires.
François Pargny
Le FMI et le Togo pas tout à fait d’accord pour signer
Est-ce que les autorités togolaises et le Fonds monétaire international (FMI) s’entendront sur un programme de réforme économique ? Les négociations semblaient sur le point d’être conclues, après la venue d’une mission du FMI à Lomé en septembre 2013. Le directeur de la délégation, Montfort Mlachila, laissait alors entendre qu’un accord triennal, assorti d’une facilité élargie de crédit (FEC) de plus de 30 millions d’euros, pouvait être approuvé lors du prochain conseil d’administration de l’organisation.
Mais c’était avant l’adoption par le gouvernement d’un budget 2014 jugé trop ambitieux par la communauté internationale, notamment l’Union européenne. Pour prouver sa bonne volonté, Lomé a créé l’Office togolais des recettes (OTR), établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), géré par un commissaire général, aidé de commissaires.
Les bailleurs de fonds n’ont pas tardé à afficher leur scepticisme. Selon eux, ce n’est pas la création d’un nouvel organisme – bien, au contraire – qui va permettre d’équilibrer le budget et de réduire la dette, mais une vraie discipline. Au demeurant, il va falloir nommer les responsables de l’OTR, en prenant sur les effectifs des douanes et de l’administration des finances publiques, ce qui demande du temps.
Pourtant, tout s’annonçait parfaitement, alors que le Togo ne bénéficie plus du soutien du FMI depuis juillet 2011. Un collectif en juin 2013 avait permis de réduire le budget de l’époque et les élections législatives avaient été reconnues par la communauté internationale.
Certaines demandes de l’institution internationale avaient aussi été satisfaites, comme l’augmentation du carburant à la pompe, ou sont en voie de réalisation, à l’instar de la mise en place d’un compte unique du Trésor. En revanche, elle regrettait l’arrêt des privatisations dans les banques et les retards pris en matière de libéralisation des télécommunications.
Dans un communiqué du 7 février 2014, le FMI recommande, entre autres, d’« améliorer la collecte des recettes, en s’appuyant sur l’autorité nouvelle des recettes proposée ».