C’est en 2013 que la Chine aurait supplanté la France comme premier fournisseur du Sénégal. Grâce essentiellement à des produits bon marché dans les biens de consommation.
« Notre vrai concurrent au Sénégal, c’est la Chine », assène d’entrée Pascal Fourcaut, le chef du Service économique régional (SER), basé à Dakar. Et de fait, les courbes des exportations se sont croisées en 2013. Pendant que les livraisons françaises (Douanes françaises) baissaient de 14,7 % à 706 millions d’euros, les ventes du compétiteur asiatique (Douanes chinoises) montaient de 19,7 % à 743 millions d’euros, d’après la base de données GTA/GTIS.
Les raisons du leadership de la Chine sont multiples : vente de produits bon marché correspondant au pouvoir d’achat local pour toute une série de biens de consommation (électroménager, tissus…), d’équipements de télécommunication à des prix compétitifs ou encore, à un moindre degré, de biens utiles à la réalisation de grands projets, surtout dans les BTP, les infrastructures routières.
Côté tricolore, le poste combustibles-huiles-minéraux a chuté en un an de plus de 71 %, passant ainsi de 205 millions à 59 millions d’euros, ce qui reflète les aléas liés à un marché de traders. Parallèlement, 2013 a confirmé la diminution des ventes de l’Hexagone dans au moins deux secteurs importants : pharmacie et matériel électrique. À noter, toutefois, que hors combustibles-huiles-minéraux, les exportations de l’Hexagone ont légèrement progressé.
Autre pays émergent, « la Turquie, un peu plus concurrente, dont on voit certains produits, comme les pâtes alimentaires, les biscuits, voire le ciment », selon Pascal Fourcaut. Mais c’est surtout le Centre de conférences international en construction à Diamniadio pour le XVe Sommet de la francophonie (29-30 novembre) qui retient l’attention. Le bâtiment, qui doit être livré en août prochain à une trentaine de kilomètres de la capitale, est financé par les États sénégalais et turc à hauteur de 15 milliards et 25 milliards de francs CFA respectivement. Et le constructeur est le groupe turc Summa International.
Il convient de citer également le Maroc, mais les entreprises de ce pays sont concentrées dans l’immobilier et les services, notamment bancaires, avec Attijariwafa Bank, BMCE, etc. En dehors de la Chine, de la Turquie et du Maroc, ce sont surtout des groupes qui émergent au Sénégal, comme le Nigérian Dangote dans le ciment ou le Singapourien Olam dans l’agroalimentaire.
« Les pays de l’OCDE ne sont pas véritablement nos concurrents. Leurs parts de marché sont stables », complète Pascal Fourcaut. Même s’il remarque depuis la crise économique dans la péninsule ibérique une présence accrue du Portugal et de l’Espagne, « il n’y a pas, selon lui, de percée fulgurante de ces deux pays ». Toutefois, il y a un mois et demi, à l’occasion de la venue d’une délégation espagnole dans les énergies renouvelables, les télécommunications, les BTP ou le transport urbain, le président du Conseil national du patronat (CNP), Baïdy Agne, estimait à une soixantaine le nombre de sociétés espagnoles au Sénégal et appelait à la venue de nouveaux investisseurs.
François Pargny
La France, premier investisseur étranger
En matière d’investissement direct étranger (IDE), la France demeure numéro un, avec un stock de 2,346 milliards de dollars en 2012 et des flux entrants et sortants de 338 millions et 47 millions respectivement. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que « l’effort d’investissement public, y compris en liaison avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE) », devrait contribuer à l’élévation de la croissance économique dans cet Etat cette année.
Le pays de la Téranga bénéficie d’une stabilité politique et d’une base démocratique rares en Afrique. « Mais c’est peut-être aussi pour cela que les Sénégalais croient que c’est suffisant pour attirer les investisseurs internationaux et ne font pas plus d’efforts », lâche un fin connaisseur du Sénégal. Or, « le succès du PSE, avertit le FMI, nécessitera des réformes vigoureuses pour améliorer l’environnement des affaires et une réforme profonde de l’Etat ».
F. P.