Pour assurer la sécurité de sa PME à l’étranger, il faut tout d’abord savoir utiliser les dispositifs publics existants comme les fiches « Conseils aux voyageurs » ou le fil d’alerte Ariane du ministère des Affaires étrangères, mais aussi des réseaux privés comme le Club des directeurs de sécurité des entreprises. Cela permet ensuite de bien cibler ses besoins pour faire appel à un prestataire privé.
Pour une PME, l’international a un coût mais il est en même temps un vrai relais de croissance. Et dans un contexte mondial plus incertain, assurer la sécurité de ses salariés à l’étranger, qu’ils soient en déplacement ou expatriés, devient essentiel. Que faire alors pour proposer une sécurité maximale à ses salariés sans pour autant grever son budget ? Commencez tout d’abord par vous informer sur vos destinations en utilisant les dispositifs publics existants qui sont gratuits : les fiches « Conseils aux voyageurs* » et le fil Ariane* du ministère des Affaires étrangères ainsi que les fiches conseils de la D2IE* (Délégation interministérielle à l’intelligence économique) notamment celles concernant les déplacements à l’étranger et la participation à des salons professionnels.
S’informer avec les fiches « Conseils aux voyageurs »
Le site « Conseils aux voyageurs » du ministère des Affaires étrangères propose à la fois un fil « dernière minute » où sont données en temps réel les dernières alertes ainsi que des fiches pays très détaillées. Ces fiches pays du ministère des Affaires étrangères, mises à jour en temps réel, font le point sur la situation sécuritaire du pays (risques terroristes, criminalité, catastrophes naturelles), sanitaire, les transports, les conditions d’entrée et de séjour et donnent des informations utiles de base (législation, us et coutumes) ainsi que les coordonnées précises des représentations françaises (ambassades, consulats). Une carte des risques indique quand cela est le cas des zones rouges où il est formellement déconseillé de se rendre.
S’inscrire sur le fil d’alerte Ariane
Autre réflexe à avoir : s’inscrire sur le fil d’alerte Ariane. Il vous permet, lorsque vous effectuez un voyage ou une mission ponctuelle de moins de 6 mois, de vous signaler gratuitement et facilement auprès du ministère des Affaires étrangères en indiquant vos dates et lieux de voyage ainsi que vos coordonnées (nom, e-mail, téléphone). Une fois que vous êtes inscrit, vous recevez des recommandations de sécurité par SMS ou courriels si la situation dans le pays le justifie. Vous pouvez également être contacté en cas de crise dans votre pays de destination et la personne contact que vous aurez désignée pourra également être prévenue en cas de besoin. Mis en place en place en juillet 2011, ce dispositif d’alerte a rencontré un réel succès auprès des utilisateurs : il compte aujourd’hui quelque 120 000 inscriptions contre 18 000 à ses débuts. Comme le dit le directeur du Centre de crise du Quai d’Orsay Didier Le Bret dans l’entretien qu’il a accordé au Moci (voir pages précédentes), « ces outils de communication sont disponibles sur tablette et smartphone avec des mises à jour et des adaptations constantes et les échos que nous en avons auprès des entreprises sont très positifs ». Si en tant qu’entreprise vous voulez aller plus loin dans l’information, vous pouvez solliciter le Centre de crise du ministère des Affaires étrangères qui peut vous fournir une expertise en matière de sécurité en fonction des zones où vous opérez. Ce centre favorise également une mutualisation des expériences de terrain des entreprises, particulièrement pour les PME et les ETI, afin de mieux les accompagner en zones sensibles. Enfin, si votre entreprise est installée dans un pays étranger, sachez que chaque ambassade dispose d’un comité de sécurité qui peut vous conseiller. En outre, il est important de s’enregistrer en tant qu’expatrié auprès de votre consulat.
Échanger avec ses pairs au sein de réseaux
Passé ce premier cap d’information – qui est trop souvent négligé de l’avis de tous les experts –, il existe de nombreux réseaux auprès desquels vous pouvez vous informer et échanger vos expériences. C’est ainsi le cas de la commission Sûreté du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique), qui est, comme le dit son président Alain Flandrois, un lieu d’échanges de bonnes pratiques (voir son interview ci-dessus). Le CDSE (Club des directeurs de sécurité des entreprises), qui regroupe 104 directions sécurité/sûreté/risques de grandes entreprises françaises et européennes (suisses et belges) est également un centre d’informations et de renseignements où sont échangées les bonnes pratiques, signale son directeur, Olivier Hassid (voir son interview page suivante). Mais il sert également de passerelle avec les pouvoirs publics en aidant les entreprises à avoir les bons contacts au sein des ministères (Affaires étrangères, Intérieur). Il met également à disposition de ses adhérents des annuaires de prestataires référencés par pays et types de compétence (sûreté, gestion de crise, etc.).
Choisir le bon prestataire privé
Le choix d’un prestataire privé de sécurité qui correspond à vos besoins réels est vital. Il ne s’agit pas en l’occurrence de tirer sur les prix coûte que coûte, mais de choisir un dispositif adapté. « Pour faire baisser les coûts, nous proposons des produits mutualisés concernant la prévention des risques (formation, sensibilisation, veille et analyse de l’information) ou le package assistance », explique Pierre Montoro, directeur général d’Erys Group, une société en pleine expansion (10 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2014 contre 7 millions l’année précédente pour un effectif de 200 personnes). Même son de cloche en faveur de la mutualisation de la sécurité pour les PME pour le dirigeant de Gallice Group, Frédéric Gallois. « En Irak par exemple, souligne-t-il, on regroupe des PME qui ne sont pas concurrentes pour mutualiser les frais de déplacements ». Mais la mutualisation ne se fait pas dans tous les pays : « ainsi en Afrique, nous faisons appel à des prestataires locaux qui sont moins chers », ajoute-t-il. Pour des missions de sécurisation des voyageurs (organisation et supervision des déplacements sensibles), Erys Group sélectionne également des prestataires qui sont sur place. Ceux-ci interviennent aussi sur des projets d’installation d’expatriés, en aidant à sélectionner des logements et des bureaux. D’autres sociétés interviennent plus sur l’aspect gestion de crise. C’est ainsi le cas de Control Risks, le leader anglophone du secteur. Ainsi, précise Frédéric Bedouet, directeur adjoint du bureau de Paris, « les domaines de la gestion de crise et de la continuité d’activité étaient au départ notre domaine d’expertise d’origine avec également l’assistance en cas d’enlèvements et d’extorsions de fonds ». Aujourd’hui, les services que proposent Control Risks sont multiples : analyse des risques politiques et géopolitiques, assistance sur les problématiques liées à la compliance, la fraude ou la corruption, expertise informatique, conseil et assistance en sûreté et sûreté. Dans tous ces domaines, Control Risks bénéficie d’un réseau mondial étoffé, d’autant que sa prestation de sûreté des voyages d’affaires est délivrée en partenariat avec International SOS. Les prestataires français sont pour leur part généralement bien implantés en Afrique. C’est notamment le cas d’Erys Group. « On intervient sur l’aspect gestion de crise beaucoup en Afrique (Algérie, Tunisie, Égypte, Angola, Mali, Côte d’Ivoire) et en Amérique latine (Brésil, Mexique, Venezuela) », précise Pierre Montoro. Même constat de la part de Frédéric Gallois pour Gallice Group : « on est présent dans les pays francophones, principalement en Afrique. Mais aussi en Chine, en Afghanistan et en Amérique latine ». Concernant les prestations, tout dépend des pays et des missions : informations avant le départ (fourchette de 100 à 200 euros par jour), assistance avec hotline, gestion de crise (évacuation de personnel). Un accompagnement avec un chauffeur local peut ainsi varier de 350 à 3 500 euros la journée, selon Frédéric Gallois. De fait, « il est plus facile d’évacuer quelqu’un situé dans une capitale qu’en pleine brousse où il y aura nécessité d’utiliser un hélicoptère », souligne Louis Caprioli. D’où l’importance de bien cibler ses besoins en amont.
Isabelle Verdier
* www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs *https://pastel.diplomatie.gouv.fr/fildariane/dyn/public/login.html;jsessionid=B9100CA5D205BE 2ED0578703DD34EC71.jvm01945-1
* www.intelligence-economique.gouv.fr/methodes- et-outils/la-securite-economique- au-quotidien