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Rhône-Alpes, Auvergne et Aquitaine : les spécificités de trois régions promises à des mariages

Rhône-Alpes et Auvergne ensemble, Aquitaine avec Limousin et Poitou-Charentes, les trois régions du Grand Sud se penchent d’ores et déjà sur les rapprochements qui leur sont proposés. Comme toutes les ont acceptés, l’adaptation de leurs PRIE respectifs devrait en être facilitée, malgré des organisations et des objectifs différents. 

« Union », « rassemblement » ou « mariage », les mots se ressemblent : les présidents des Régions Auvergne et Rhône-Alpes, René Souchon et Jean-Jack Queyranne, sont prêts au rapprochement – ils refusent le mot de fusion – de leurs deux régions. Les plans régionaux pour l’internationalisation des entreprises (PRIE) étant des feuilles de route appelées à évoluer dans le temps en fonction des besoins et des objectifs, rien ne dit à ce jour qu’un document unique sera élaboré. « Il faudra sans doute introduire un peu plus de souplesse et de flexibilité, mais, à ce jour, le dossier n’est pas ouvert », fait-on valoir à Lyon.

À Clermont-Ferrand on est assez confiant. « Chez nous, le PRIE met en avant l’accompagnement plutôt que les filières et clusters », indique Laurence Roquetanière, directrice de CCI International Auvergne. « Ce choix nous donnera beaucoup plus de souplesse, si un jour l’Auvergne fusionne avec une région aussi puissante que Rhône-Alpes », complète ainsi Cécile Cubizolle, responsable du pôle International à l’Agence régionale de développement économique (ARDE). Récemment, le président d’Auvergne, René Souchon, rappelait que l’objectif de la région d’augmenter de 10 % en trois ans les exportations serait plus facile à atteindre avec sa voisine, qui dispose de 170 représentations dans le monde.

Le regroupement des deux régions du sud-est doit être effectif en 2016. Au sud-ouest, l’Aquitaine se prépare aussi à fusionner avec le Limousin et le Poitou-Charentes, deux régions qui n’appartiennent pas au Grand Sud. L’avenir des PRIE n’a sans doute pas encore été évoqué. En revanche, le président de l’Aquitaine, Alain Rousset, également à la tête de l’Association des régions de France (ARF), indiquait en septembre dernier que les infrastructures de communication, notamment les lignes ferroviaires, figuraient déjà au cœur des débats au sein de la future grande région.

 

Rhône-Alpes s’organise autour de l’industrie, l’international et l’innovation

Entre 2011 et 1013, c’est-à-dire la signature de la convention régionale de l’exportation entre la Région, l’État, la CCIR et les agences régionale et nationale Erai et Ubifrance, et l’adoption du plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE), Rhône-Alpes a réussi à intégrer progressivement tous les acteurs, publics comme privés, du commerce extérieur pour constituer l’Équipe Rhône-Alpes de l’export (ERAE). Des partenaires qui contribuent tous à leur mesure à la réalisation des objectifs définis dans le PRIE, notamment le premier d’entre eux : « amener 1 350 entreprises supplémentaires dans le circuit export (PME à fort potentiel) ».

« Il y a plus de communication entre nous, nous sommes mieux organisés, notre programme d’accompagnement collectif et individuel Go Export fonctionne très bien et davantage de primo-exportateurs viennent sur nos politiques », commente Stéphane Giboudaud, directeur régional du Développement économique et de l’emploi, tout en reconnaissant ne pouvoir étayer ces affirmations par des chiffres. « Nous sommes en train de réfléchir à un outil statistique avec l’État, c’est-à-dire la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) », précise-t-il.

Premier objectif : aux grandes familles de produits imaginées par l’ancienne ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq – « mieux se nourrir », « mieux communiquer », « mieux vivre en ville », « mieux se soigner » – les Rhônalpins ont ajouté « mieux produire », reprenant ainsi la stratégie régionale de développement économique et d’innovation (SRDEI), concoctée en 2011. Selon ses contributeurs, le SRDEI a pour axe majeur l’industrie, une priorité qui trouve sa légitimité dans la densité du tissu industriel de la région et l’existence de clusters et grands pôles de compétitivité à dimension industrielle, comme ViaMeca (mécanique).

Deuxième objectif : « renforcer dans la durée la position internationale de l’entreprise ». Après le Québec, la Pennsylvanie ou le Sichuan, « la Méditerranée est devenue aussi un champ d’investigation. Les potentialités nous y apparaissent intéressantes et nous avons organisé des missions d’entreprises, des actions collectives en Algérie ou en Afrique subsaharienne », explique Stéphane Giboudaud.

Troisième objectif : « intégrer la dimension européenne au cœur de la stratégie du PRIE ». D’après un document publié en juin dernier, intitulé Bilan et analyse de l’effort région en faveur du développement des entreprises à l’international », il s’agit de faciliter l’accès des entreprises aux appels d’offres européens notamment dans le cadre du programme-cadre de recherche et d’innovation Horizon 2020. La performance de Rhône-Alpes est faible, inférieure à celle de Paca et « l’Ile-de-France participe huit fois plus à ce dispositif européen », peut-on encore lire dans ce document. En passant par le réseau Entreprise European Network (EEN), un consortium entre la CCIR, Erai et l’Agence régionale de développement de l’innovation (Ardi) a été constitué pour proposer une offre intégrée. Cette candidature – commune avec l’Auvergne – a été déposée en juin dernier. À noter qu’Erai a piloté en 2013 six projets européens avec des pôles de compétitivité et clusters régionaux pour soutenir l’envol international des entreprises. Les fonctions et la structuration des acteurs régionaux n’étant pas figées, la Région a décidé de créer un guichet unique pour l’international et l’innovation en fusionnant Erai et Ardi. Le principe est posé et le processus sera engagé en 2015, selon le président de Région Jean-Jack Queyranne. Les deux agences sont déjà regroupées, avec CCI International et Ubifrance, sous un même toit, composant ainsi la plateforme Up Rhône Alpes d’accompagnement des sociétés à fort potentiel. Un partenariat est aussi établi pour le financement avec la banque publique Bpifrance.

 

L’Auvergne fixe des objectifs quantitatifs par type d’exportateur

« L’Auvergne a été la première région à se doter d’un guichet unique avec l’association Auvergne International et la seule à fixer des objectifs qualitatifs et quantitatifs portant sur le passage des entreprises du stade de débutant à celui de société plus confirmée et, en bout de chaîne, d’entreprise confirmée », affirme Cécile Cubizolle, responsable du pôle International à l’Agence régionale de développement économique (ARDE), qui a animé l’association Auvergne International jusqu’à sa disparition après le vote du plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE) 2013-2016 en décembre 2013.

« L’association fonctionnait avec une présidence tournante Région, État, réseau consulaire. À partir du moment où dans le PRIE le chef de file devenait la Région, l’association, créée dans le cadre de la convention d’exportation qui précédait le plan, n’avait plus lieu d’être », explique Laurence Roquetanière, directrice de CCI International, précisant, toutefois, que « la bannière Auvergne International a été conservée pour toutes les opérations collectives ».

« Pour nous, poursuit Cécile Cubizolle, un débutant est une PME qui doit passer d’un chiffre d’affaires à l’export de moins de 2 % à une fourchette de 2 à 10 % environ. Une entreprise plus confirmée sera celle qui atteint un taux de 10 à 40 %. Quand à la société confirmée, elle passera la barre de 40 %. Les partenaires du commerce extérieur se sont ainsi fixés en trois ans d’aider à l’émergence de 160 débutants, 40 sociétés plus confirmées et de 20 entreprises véritablement confirmées ».

Une quatrième catégorie d’entreprises est composée des champions, comme Michelin et Limagrain. « Nous leur demandons de jouer surtout un rôle d’expert auprès des PME régionales qui veulent s’engager sur tel ou tel marché, par exemple, la santé en Inde », raconte encore la responsable au sein de l’ARDE. Dans le PRIE, CCI International est chargé de 80 % de l’accompagnement individuel et collectif.

C’est ainsi qu’avec la French Business School (FBS) le réseau consulaire gère Performance commerciale internationale, un programme financé par la Région et le Feder pour environ 25 sociétés, plutôt des primo-exportateurs et des start-up à l’international. Il s’agit de mettre en place un plan d’actions après validation, sous forme de formation collective (2 jours : coaching, identification des marchés…) et d’accompagnement sur le terrain (5 jours : diagnostic, mise en place d’actions).

Pour sa part, l’ARDE offre ses services aux clusters, par exemple des formations pour ses membres qui ont besoin de s’internationaliser. Parmi ces clusters, la santé, la plasturgie et, bien sûr l’aéronautique. Le 1er septembre, un Aéro-campus a été ouvert à Clermont Ferrand. Une convention d’affaires internationale, Aéroliance, rebaptisée Advanced Manufacturing Meettings (AMM), se tient tous les deux ans, en alternance avec le salon de l’aéronautique du Bourget.

 

L’Aquitaine s’écarte des priorités sectorielles de Bercy

Dans le plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE), loin de s’accorder avec les grandes familles (mieux se soigner, mieux communiquer…) présentées à Bercy, quand Nicole Bricq était ministre du Commerce extérieur, les opérateurs aquitains ont retenu leurs propres priorités sectorielles : aéronautique-spatial-défense, agroalimentaire et viniculture, santé, croissance verte, numérique, optique-photonique-laser. Et défini trois axes géographiques : Afrique et surtout Asean et Amérique latine. Dans ses filières d’excellence à l’export, l’Aquitaine dispose de clusters et de pôles de compétitivité, comme Aérospace Valley, Aetos (drones), Agrimip (agro-industrie innovante), Alpha Route des Lasers, Aquitaine Croissance verte (développement durable), Aquitaine Wind industrie (énergie éolienne), Avenia (géoscience énergie et environnement), Creahd (construction, ressources, environnement, aménagement, habitat durable), Eurosima Cluster (sport de glisse), Innovin (filière vitivinicole), Sysolia (systèmes solaires industriels), TIC santé, Topos (navigation et localisation satellitaire) et Xylofutur (bois papier). Une autre nouveauté est l’Observatoire des échanges internationaux. Sa première analyse réalisée sur les échanges en 2013, il finalise à l’heure actuelle une enquête sur les filières. Ce qui n’a pas changé, c’est le parcours de l’export. CCI International, déjà référent pour l’accompagnement individuel, voit sa mission renouvelée dans le PRIE. C’est à son tamis que les entreprises aquitaines doivent passer pour l’étape préalable du diagnostic. La question de l’entente avec le chargé d’affaires international (CAI), placé par Ubifrance au sein du bureau régional de la banque publique Bpifrance, « ne se pose plus comme au départ », selon Frédéric Woringer, directeur de CCI International Aquitaine. Et ce, d’autant que si le CAI opère pour une trentaine d’ETI dites à fort potentiel, « c’est sans commune mesure avec CCI International qui travaille avec quelque 1 000 sociétés par an », souligne-t-il. Si CCI International est maître en matière de diagnostic, le CAI est légitime à présenter aux ETI une offre dite prémium, c’est-à-dire un accompagnement à l’international avec une prospection approfondie.

François Pargny

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