Dès 2011, le Conseil régional a piloté un plan de développement des entreprises à l’étranger, le Parex, mobilisant l’ensemble des acteurs publics. Le Parex offre ainsi un appui individuel et collectif à toutes les étapes, du conseil à l’investissement. Un accent particulier est mis sur l’innovation.
Plus de deux ans avant Rhône-Alpes, première région française, le 18 avril 2013, à présenter une feuille de route pour son plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE), la Bourgogne avait déjà réussi « à fédérer ses acteurs publics de l’export autour d’un plan stratégique de développement à l’international », explique le Conseil régional. Ce plan, appelé Parex (Plan d’action régional export) pour 2011-2014, « illustre la volonté du Conseil régional d’impulser une nouvelle dynamique partenariale sur les projets des entreprises et de rechercher une plus grande synergie avec les autres politiques publiques de l’innovation, de la coopération décentralisée ou de la formation de nos jeunes aux métiers de l’international », soulignait le président de la Région, François Patriat, lors de son lancement en janvier 2011.
À six mois de la fin du premier Parex, la coordinatrice Export au Conseil régional, Anne Faucher, ne cache pas sa satisfaction. « Sur les 900 sociétés exportatrices que compte la Bourgogne, le Parex a permis d’avoir en portefeuille 700 projets d’entreprise », précise-t-elle au Moci. L’enjeu pour les sept partenaires, qui se réunissent tous les mois au sein d’un comité Export (État, Conseil régional, Ubifrance, CCIR, CCEF, Coface et Oséo, devenu Bpifrance), « a toujours été d’offrir une boîte à outils utilisable à chaque étape du développement des entreprises », explique ainsi la responsable de la cellule Export au Conseil régional.
De façon concrète, il s’agit d’accompagner les PME et ETI dans la durée et, pour y parvenir, de passer un véritable contrat avec elles. L’objectif étant de les aider autant à structurer leur capital qu’à développer un plan Export ou une stratégie d’investissement. Le secteur privé « a d’abord besoin d’un accompagnement technique, insiste Anne Faucher, et notre guichet unique, notre opérateur de proximité, avec ses quatre experts ou chargés de mission à l’international dans les quatre départements bourguignons, c’est CCI International ».
Dans la pratique, une entreprise peut bénéficier d’un taux de subvention de 50 à 80 % pour du conseil, de 30 % pour un poste de salarié Export ou de 50 % sur les indemnités d’un Volontaire international en entreprise (VIE) en cas d’embauche, de 50 % quand elle est innovante pour une prospection, de 20 à 50 % pour des actions collectives de prospection ou de veille sectorielle. Depuis le début du Parex, la politique publique est pour les opérations d’approche de marchés et de zones de proposer une offre dégressive, pouvant passer de 50 % au départ à 30 % la troisième année, une aide moins importante pouvant encore être négociée par une entreprise et donc obtenue si elle persuade de l’intérêt de son projet et de ses besoins futurs.
« La subvention publique est disponible pour l’amorçage, pour accompagner la prise de risque au départ, et, ensuite, il y a d’autres organismes spécialisés comme Coface et la banque publique Bpifrance », explique Anne Faucher. Le 14 février dernier, François Patriat, également président du comité d’orientation de Bpifrance Bourgogne, et Mathieu Defresne, directeur régional de Bpifrance, ont annoncé le lancement d’une nouvelle plateforme régionale de financement et d’orientation des entreprises, visant à la fois à les accompagner et faciliter leurs démarches administratives.
Dans les projets énumérés, figurent un fonds de capital risque pour les sociétés en création, un fonds de capital développement et transmission, un fonds de capital consolidation et redéploiement pour les entreprises en difficulté conjoncturelle, mais présentant une capacité de rebond. La Région est aussi entrée dans Cap Innov’Est, fonds d’amorçage interrégional avec l’Alsace et la Franche-Comté, doté par le programme d’Investissement d’avenir, géré par Bpifrance. Elle coopère aussi avec la banque publique dans le fonds régional de garantie (FRG), dédié à la création, l’amorçage et l’innovation, et dans le fonds régional d’innovation (FRI) élargi au transfert de technologie.
L’innovation est un axe majeur du Parex. Et parmi les grands dossiers traités par la Région en 2013, ont figuré en bonne place la nouvelle stratégie régionale de développement économique et d’innovation (SRDEI) et la nouvelle stratégie de spécialisation intelligente (RIS 3), visant à transformer l’économie des territoires dans le cadre de la politique européenne de cohésion pour la période 2014-2020.
Pour développer la stratégie RIS 3, le choix a été, finalement, de concentrer les efforts dans cinq domaines, associant groupements économiques et capacités de recherche : agro écologie-nutrition-bien être (avec Vitagora, Gérontopôle, Technopole Agro, etc.), Technologies-biotechnologies appliquées à la santé (avec Gérontopôle, Mécatronique, Image et son, etc.), mobilité-transport (avec Pôle auto Bourgogne, Pôle de la performance Nevers Magny-Cours, Mécateam Cluster, etc.), matériaux-procédés avancés (avec Pôle nucléaire Bourgogne, Wind for Future, etc.), éco conception-éco construction-matériaux bio sourcés (avec Bâtiment, W4F, Gestion active du Bâtiment en Bourgogne, etc.).
De façon concrète, l’axe 3 du Parex prévoit un appui individuel et des actions collectives de soutien aux entreprises innovantes. La prise en charge de 50 % des frais de déplacement d’une entreprise innovante qui prospecte fait l’objet d’une procédure, appelée Innov’Export, qui vient en complément de l’instrument d’Ubifrance Innov’Ex d’Ubifrance, qui est réservé aux entreprises adhérentes à un pôle de compétitivité. « Innov’Export est un franc succès et nous espérons encore l’amplifier », confie Anne Faucher. Une dizaine d’aides représentant un montant global de 100 000 euros auraient ainsi été a accordée. « Ce sont de petites aides, mais l’effet de levier est très élevé, de l’ordre de sept pour un », affirme encore la coordinatrice Export au Conseil régional. En revanche, le soutien collectif « n’aurait pas bien fonctionné, car, a-t-elle pu observer, il est difficile de faire travailler des sociétés ensemble sur l’innovation ». Du coup, l’innovation est soutenue au travers des pôles de compétitivité et grappes d’entreprises et des missions collectives organisées avec Ubifrance.
François Pargny
Lorraine et Champagne-Ardenne : un accompagnement dans la durée
Accompagner dans la durée les PME françaises est un objectif commun à tous les plans régionaux à l’internationalisation des entreprises. En Lorraine, le PRIE précise qu’il faut « sensibiliser 100 nouvelles entreprises par an à l’export » et « offrir un accompagnement et un suivi à 200 primo-exportateurs par an ». « Depuis plusieurs années, nous avions, après l’étape du diagnostic, un programme de coaching individualisé pour les primo-exportateurs, appelé Be Ready for Export. Il a été reconduit dans le PRIE, avec pour objectif d’assurer un accompagnement dans la durée », explique un opérateur local.
La durée est de l’ordre de 10 à 14 mois, après la première phase de démarrage de l’action export. De façon concrète, un cabinet extérieur assure, sous forme de séances de travail, l’accompagnement personnalisé. Pour ce programme soutenu par le Conseil régional, l’opérateur de terrain est CCI International, à travers les conseillers en développement international des CCI départementales de Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle et Vosges. En Champagne-Ardenne, la Région a initié avec Ubifrance et CCI International la formule Export +, comprenant trois phases : le diagnostic, avec par exemple la réalisation d’une étude de marché, la prospection et le suivi. « Nous avons observé que les entreprises ont un besoin croissant d’accompagnement lourd », commente pour Le Moci Claude Humbert, directeur de CCI International. Ce dispositif, créé pour favoriser « les démarches à long terme des entreprises », fonctionne sur une centaine de marchés couverts par Ubifrance, en dehors des cinq zones (Amérique du Nord, Maroc, Allemagne, Europe de l’Est et Russie, Chine) où Champagne-Ardenne opère avec ses propres relais à l’étranger. Ces prestataires y sont ainsi la Chambre de Commerce française en Allemagne (CCFA), la Chambre française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) et la société de conseil Altios International dans les autres pays.
La Lorraine veut communiquer
En Lorraine, dans le plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE), il est prévu « d’engager un plan de communication partagé entre les partenaires de l’export ». Les objectifs sont les suivants : création d’une plaquette annuelle de présentation du programme lorrain d’actions à l’export ; mise en place, en cohérence avec le portail national France International, d’un site Web portail régional dédié à l’export ; mise en œuvre d’un événement régional d’envergure ; établissement d’un plan presse annuel dédié ; ouverture d’une plateforme de partage d’information sur les visites et les projets en cours et à venir ; utilisation des réseaux sociaux (@lorraine.export, twitter) ; création d’une bannière commune, d’un logo commun ; et tenue de journées d’information sur tout le territoire lorrain.