Le French Tech hub de Shanghai regroupe des start-up du secteur des nouvelles technologies. Conférences, salons, groupes de travail sectoriels… le réseau a déjà des réalisations concrètes à son actif.
Les IoT, la blockchain et le pitch ne vous disent rien(1) ? Au French Tech hub de Shanghai, on vous explique tout sans vous prendre de haut. « Les Français ont souvent une image de râleurs qui avancent en terrain conquis. À la French Tech, nous sommes prêts à aider pour faire rayonner les technologies françaises, pas seulement le camembert, le saucisson et les râleurs », résume malicieusement Orianne Garcia. Installée en Chine depuis 2010, cette figure emblématique de l’Internet français (Caramail, Lycos, lentillesmoinscheres.com…) participe au pilotage du French Tech hub de Shanghai, dont elle est aussi ambassadrice. Initié au cours de l’année 2015, ce réseau d’entrepreneurs des nouvelles technologies fédère une quarantaine de bénévoles actifs, quelque 170 membres inscrits et près de 700 abonnés sur WeChat, l’indispensable réseau social chinois.
Pour élargir encore l’audience, la conférence mensuelle du mois de novembre sur la sécurité informatique a été organisée en anglais. « Nous voulons nous ouvrir aux acteurs chinois des « techs », car nous sommes persuadés que les startups qui réussiront associeront un étranger et un Chinois », confie Benoît Raoult, membre du comité de pilotage et président de Jumo group, une société de conseil en développement international spécialisée sur l’Asie (35 personnes). La remise du 3e prix de l’entrepreneuriat du Club France, qui regroupe des Chinois diplômés de l’enseignement supérieur français, a ainsi eu lieu lors de la soirée de lancement officiel du French Tech hub de Shanghai, le 26 octobre dernier, après la labellisation en tant que hub, officialisée le 13 octobre par le Premier ministre, Manuel Valls, et la secrétaire d’État chargée du Numérique et de l’innovation, Axelle Lemaire. Une délégation du Medef, emmenée par Pierre Gattaz, était également présente, afin de donner plus de cachet à l’événement, organisé dans l’élégante résidence du consul, au cœur de la concession française.
Ce soir-là, les initiateurs du French Tech hub de Shanghai, Benoît Raoult en tête, étaient presque étonnés de l’ampleur prise par leur initiative. Soutenus avec bienveillance par le consul de France à Shanghai, Axel Cruau, et Business France (propriétaire de la marque French Tech), ils sont en effet totalement bénévoles, et par ailleurs bien occupés par la gestion de leur entreprise. Outre des conférences mensuelles, le French Tech hub de Shanghai coordonne plusieurs groupes de travail (e-commerce, e-santé, RH, accélérer, communication).
« Le groupe de travail « e-santé » a dressé un catalogue de besoins grâce à des entretiens avec des agents du ministère de la Santé chinois. Il en est, par exemple, ressorti un grand intérêt pour le dossier unique du patient, car ici, chaque hôpital a son système. Il y a aussi de forts besoins en formation pour accompagner le vieillissement de la population », explique Benoît Raoult. Également membre du club santé Chine (piloté par Business France). Ce groupe de travail cherche désormais un hôpital partenaire pour en faire une vitrine du savoir-faire tricolore. Il coopère enfin avec Business France pour mettre l’emphase sur l’e-santé sur le pavillon France lors du CMEF 2017 (China International Medical Equipment Fair). D’autres salons retiennent l’attention du French Tech hub de Shanghai. « En 2016, 17 entreprises membres ont participé au CES Shanghai (Consumer Electronics Show). Pour 2017, nous visons 40 entreprises, issues de la French Tech dans le monde entier », annonce Benoît Raoult.
Cet agenda ne saurait tout à fait résumer le French Tech hub de Shanghai. « Le fonctionnement de la French Tech est typique de la génération Y (ndlr : née approximativement entre 1980 et le milieu des années 90). D’ailleurs, elle sert d’outil à certains grands groupes pour communiquer avec cette population », estime Pascal Duriez, membre du comité de pilotage à Shanghai, par ailleurs Conseiller du commerce extérieur (CCE).
Son agence de marketing digital, NetBooster Asia, fondée il y six ans après une première vie dans la pub, emploie déjà 60 personnes. « Les sujets abordés par le French Tech hub de Shanghai peuvent être les mêmes qu’à la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine. Mais la façon de faire est différente, moins formelle. Au final, nous sommes complémentaires », poursuit-il. La collaboration avec les autres French Tech hub de Chine (Hong Kong, Shenzhen et Pékin) est, elle aussi, informelle. « Les gens voyagent beaucoup, et ils sont souvent à cheval sur plusieurs de ces villes », souligne Benoît Raoult.
Les principes de fonctionnement du French Tech hub de Shanghai sont très pragmatiques. « Tout le monde peut créer un groupe de travail, à condition qu’il rassemble des compétiteurs. C’est un principe simple pour assurer qu’il servira bien l’ensemble de la communauté », explique Pascal Duriez. « Si le comité de pilotage ne décèle aucun progrès chez un groupe de travail pendant trois mois consécutifs, on le ferme. Et on l’a déjà fait », tranche Benoît Raoult. Dernier principe, le renouvellement par tiers du comité de pilotage chaque année. « Notre première tâche à la French Tech, c’est de trouver notre remplaçant, car la priorité de chacun d’entre nous, c’est son entreprise, résume Augustin Missoffe, directeur général pour l’Asie de Phocéis, une agence de marketing digital (40 personnes dont 8 en Asie). »
La labellisation en tant que hub ouvre droit à des financements pour des projets de promotion, mais ne change rien à ces principes. L’organisation évolue, toutefois, un peu pour accueillir des grands groupes et des investisseurs. Avec les ressources liées aux contrats de sponsoring récemment engrangés émerge aussi l’idée d’embaucher un permanent afin d’assurer la gestion quotidienne du réseau, pour mieux le pérenniser.
Marine Digabel
(1) IoT : objets connectés (internet of things) ; blockchain : technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle ; pitch : courte présentation de l’entreprise, notamment destinée à séduire les investisseurs.
Le French Tech hub en bref
Mission : fédérer, rayonner, accélérer
40 bénévoles actifs
170 membres inscrits
688 « followers » sur WeChat (réseau social chinois)
Sponsors : Essca, Pernod Ricard, Aden Services, Biomérieux, Saint Gobain
Ambassadeurs : Fred Raillard (co-fondateur Agence Fred & Farid), Orianne Garcia (Sensee, Lycos, Caramail) et Thibault Villet (Mei.com)