L’Hexagone reste solidement accroché à la première place comme pays fournisseur. Et ce, en dépit de l’offensive des émergents, bien sûr la Chine, mais aussi l’Inde. Et surtout, grand gagnant de l’année 2014, la Turquie.
L’année 2014 aura été bonne pour les exportations de l’Hexagone au pays de la teranga. Alors que sa part de marché (PDM) ne cessait de diminuer depuis 2001, la France a relevé la tête. De façon concrète, alors que sa PDM est passée en dix ans de 28 à 18 % en 2013, elle s’élevait à 18,31 % à la fin de l’année dernière. Mieux encore, ses deux suivants le Nigeria et la Chine ont perdu du terrain en un an, passant respectivement de 12 à 8,74 % et de 8 à 7,76 %, d’après la base de données GTA/GTIS.
En quatrième position, les Pays-Bas ont gagné, comme la France, 0.3 point montant ainsi à 6,32 %. Derrière, l’Inde a reculé de 6 à 5,75 %. Deux pays ont fait au bond au classement, la Turquie, avec une PDM de 4,64 %, et la Belgique, avec 4,28 %, qui devance dorénavant l’Espagne, en baisse de 5 à 3,72 %. Dans toute une série de secteurs, le Sénégal a accru sensiblement ses achats en Turquie : automobile (+ 116 %), chaudières-mécanique (+ 57 %), mobilier (+ 366 %), graisses et huiles végétales et animales (+ 683 %), matériel électrique (+ 159 %) et préparations à base de céréales, farine, etc. (+ 87 %).
Selon les Douanes françaises, les exportations de l’Hexagone ont augmenté de 3,3 % à 729 millions d’euros, ses importations, elles, refluant de 9 % à 82 millions d’euros. Les céréales et la pharmacie engrangent le même montant à l’export, 90 millions d’euros, mais quand le premier est en baisse (- 5,2 %), le second est en forte hausse (+ 32 %). Malgré des concurrents de plus en plus vigoureux, la France reste omniprésente au Sénégal. Environ 40 % des investissements directs étrangers (IDE), soit 727 millions d’euros, proviennent de l’ancienne métropole. La France contribue au quart des recettes fiscales de la nation africaine et y emploie quelque 15 000 personnes. Une domination, qui pouvait laisser craindre un certain endormissement. Mais ce n’est plus le cas. « Non seulement le tissu des entreprises françaises est dense, mais il se renforce encore, comme le montre l’investissement de 650 millions d’Eramet et de l’australien Mineral Deposit (MDL) dans la mine de zircon de Diogo, les 93 millions d’euros de Bolloré et les 72 millions de Necotrans prévus sur 25 ans dans le port de Dakar, le premier pour son terminal roulier, le second son terminal vraquier », pointe Pierre Besson, conseiller économique régional à l’ambassade de France.
A ces bonnes nouvelles côté français, s’ajoutent l’arrivé d’Atos, le développement de la Compagnie fruitière, la reprise par Auchan de sa franchise sous l’enseigne Attac. Dans le secteur primaire, outre la Compagnie Fruitière, « le groupe Castel ou encore la Compagnie Sucrière sénégalaise sont installés depuis longtemps », livrent le Service économique régional (SER). Lesieur/Sofiproteol a également acquis une unité de raffinage d’huile de table. Dans le ciment, Vicat (Sococim) et les Ciments du Sahel assurent la totalité de la production sénégalaise. Dans le BTP, Eiffage est dynamique. « L’entreprise est à l’origine de la première concession autoroutière du pays en cours de réalisation, sur la base d’un partenariat public-privé (PPP) d’un montant de 200 millions d’euros », rappelle le SER. Vinci est également présent via sa filiale Sogea/Satom.
« Présent depuis 1954, Total est le premier distributeur de carburants au Sénégal avec plus de 140 stations (40 % de parts de marché) et dispose également de participations dans Senstock, centre monopolistique de stockage d’hydrocarbures, et dans la Société Africaine de Raffinage », soulignent encore les services économiques à l’ambassade de France à Dakar.
Dans les services aussi, la France est omniprésente : le transport aérien, avec Air France et Corsair, l’hôtellerie avec Accor ou encore les télécommunications, France Télécom ayant acquis en 1997 42 % de Sonatel, qui est devenu le premier opérateur téléphonie et internet du pays, le premier chiffre d’affaires et la première capitalisation à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Le groupe français a pu s’étendre dans la sous-région (Mali, Guinée, Guinée-Bissau) via sa filiale sénégalaise. Sagemcom Sénégal, filiale de Sagemcom, est également présent dans les télécommunications.
Dans les médias, Canal Plus Afrique, implanté au Sénégal depuis 1991, diffuse le bouquet télévisuel par internet. Alcatel Lucent dispose d’un bureau régional à Dakar. Et les grands établissements, SGBS et Bicis, filiales respectives de la Société Générale et de BNP Paribas, constituent les 2e et 3e banques du Sénégal. En matière d’assurance, le courtier Gras Savoye et la compagnie d’assurance Axa sont aussi installés à Dakar.
François Pargny