Le Moci. 2016, c’est la naissance de la nouvelle Grande région Auvergne Rhône-Alpes. C’est aussi une nouvelle organisation du réseau consulaire avec une fusion des CCI de Lyon, Roanne et Saint-Étienne pour former une CCI métropolitaine… Concrètement, quel impact sur l’organisation des services CCI International à la fois en Rhône-Alpes et en Auvergne ?
Jean-Paul Mauduy. CCI International Rhône-Alpes et CCI International Auvergne ont anticipé la création de la grande région en rapprochant par exemple leur programme de missions collectives à l’étranger. Ainsi en 2015 une trentaine de PME des deux régions ont participé à un Forum de rencontres avec des partenaires italiens à l’occasion de l’Expo Universelle à Milan. Pour 2016 sont prévus notamment un Forum au Portugal et une mission commerciale en Iran. Autre exemple, la Quinzaine de l’International est également organisée sur la grande région en partenariat avec l’Équipe Rhône-Alpes de l’export et Auvergne International. Là aussi, les deux ensembles sont en train de se rapprocher pour offrir à toutes nos entreprises un parcours à l’export simplifié dans lequel la CCI est à la fois porte d’entrée, contact de proximité et ensemblier.
L’impact de la fusion avec l’Auvergne sera à n’en point douter très favorable pour les entreprises que nous accompagnons. Ainsi la palette de services que nous proposons n’en sera qu’enrichie et l’offre à l’international de la région élargie. Quant à la création de la CCI Lyon Métropole, Saint-Étienne, Roanne, elle ne fera que renforcer les synergies et les mutualisations consubstantielles à CCI International.
Le Moci. L’ancienne agence régionale Erai était un acteur puissant de l’écosystème régional du soutien à l’internationalisation des entreprises. Elle a disparu. Comment s’est organisée concrètement la relève ces derniers mois, quelle a été la part du réseau consulaire ?
J-P. M. Le 11 mars marquera le premier anniversaire de la signature du partenariat stratégique pour le développement des PME à l’international entre Business France, CCI International et CCI France International. Avec pour priorité le seul intérêt des entreprises, ces trois grands réseaux ont souhaité ainsi rappeler leur conviction que le soutien à la création d’entreprise, à l’innovation et à l’exportation, est un levier déterminant pour la croissance économique.
Business France, les CCI de France et CCI France International s’engageaient ainsi il y a un an dans une nouvelle alliance stratégique au service du pays, des besoins des entreprises et des territoires, visant à :
• proposer aux entreprises françaises un parcours d’internationalisation simplifié, lisible et efficient ;
• rationaliser l’articulation et la complémentarité de leurs expertises et organisations au bénéfice des entreprises ;
• soutenir la structuration et le positionnement sur les marchés étrangers de l’offre française au travers, notamment, des filières prioritaires définies dans le cadre des « Familles à l’Export » et des Plans régionaux d’internationalisation des entreprises (PRIE), en se fixant un objectif d’accompagnement de 3 000 entreprises à potentiel export dans ce cadre d’ici 2017.
Nous avons souhaité, en Auvergne Rhône-Alpes, prendre notre juste part de cet effort et nous nous sommes donné un objectif de 350 nouvelles entreprises. Nous sommes à près d’une centaine aujourd’hui. Dans un contexte de raréfaction budgétaire nous démontrons ainsi notre volonté de contribuer à une coordination plus efficiente des acteurs en articulation avec les collectivités territoriales, au premier rang desquelles il va de soit la Région. Nous démontrons également en Auvergne/Rhône-Alpes notre capacité à « faire avec » l’ensemble des acteurs, tant publics que privés, comme les conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international).
Le Moci. Où en est-on de « l’offre commune et unifiée de services en matière de sensibilisation et d’accompagnement des entreprises à l’international » qui devait être mise en place dans les différentes chambres territoriales suite à un vote unanime au niveau de la CCIR ? Cette effort d’unification sera-t-il élargi à l’Auvergne ?
J-P. M. L’offre commerciale de CCI International Rhône-Alpes est effective depuis janvier et chaque entreprise, quelle que soit sa provenance, peut bénéficier du même niveau de service, répondant au mieux à son besoin précis. CCI International propose en ce sens un panel large de prestations allant de la réunion d’information ou du rendez-vous experts à des programmes d’accompagnement très structurés tels que « Go Export », qui s’est enrichi dernièrement d’une nouvelle méthode, ou des produits de marchés publics internationaux entre autres, sans oublier bien entendu les formalités internationales que seules les CCI sont habilitées à délivrer (165 000 chaque année).
Le Moci. Le nouvel exécutif régional n’a pas encore clarifié sa stratégie en matière de soutien au développement international des entreprises mais selon les prises de positions publiques relayées par la presse, il semble jusqu’à présent écarter l’hypothèse de la création d’une nouvelle agence. Comment se positionne, à cet égard, le réseau consulaire ? Quelle part souhaite-t-il prendre dans cette politique ?
J-P. M. Si cette question fondamentale relève in fine du choix de l’exécutif régional, elle est conditionnée par différents éléments, dont notamment les moyens disponibles, d’évidence réduits au regard des besoins d’une région qui prend la taille d’un pays ! De plus Auvergne/ Rhône-Alpes constitue une région mosaïque et il est donc nécessaire de veiller à rendre compte des besoins de « pays » de différentes échelles, avec parfois de forts clivages. Pour autant le besoin d’une entreprise est partout le même : disposer d’outils lui permettant de maintenir ou d’accroître sa performance. Les éléments de son environnement, eux seulement, peuvent varier, en termes d’accessibilité générale notamment. Ceci posé, une entreprise, où qu’elle soit et quelle qu’elle soit, doit pouvoir disposer d’un soutien efficace et identique.
De la même manière, la Région devra sans doute décider d’un autre choix fondamental : quelle part de son soutien accordera-t-elle aux entreprises de tout type, vues en tant qu’acteurs locaux créateurs de richesse et d’emploi, et quelle part voudra-t-elle consacrer à celles qui, d’une manière ou d’une autre, sont « remarquables » ? Ce sujet n’est pas neutre : la raréfaction des moyens pourrait conduire l’opérateur régional à ne mettre spécialement en avant que les plus performantes et les plus visibles.
Ce que nous proposons n’est pas une recette miracle. C’est une proposition de méthode, objective et rationnelle, fondée sur l’utilisation d’une ressource objectivement unique : le réseau des CCI. Implantées partout, dirigées par des patrons issus de tous secteurs, employant en proximité des professionnels du développement économique, reformatées par une crise dont elles maîtrisent les effets, la CCIR et les CCI d’Auvergne et de Rhône-Alpes sont des outils de terrain au service des entreprises, sous statut d’Établissements Publics, et soumis à des règles financières et déontologiques strictes. Elles sont disponibles pour participer étroitement à l’action économique de la Région :
• en participant, selon les formes qu’elle souhaitera, à la définition des actions au plan technique, et aux phases de test, d’observation et de rendu,
• en mettant à disposition leur dispositif de proximité au maillage multiple et adapté aux réalités des nombreux territoires d’une grande région,
• en administrant, distribuant, gérant, toute action économique – et préférentiellement celles qui auront fait l’objet d’un vrai travail de co-construction,
• en servant le cas échéant de structures porteuses pour des outils locaux, multi locaux, et régionaux,
• en remplaçant ou complétant des agences là où une gestion plus directe serait à l’évidence opportune.
Avec plus de 600 chefs d’entreprise élus par leurs pairs qui les pilotent, quelque 800 collaborateurs sont chaque jour en contacts directs avec les entreprises de tous secteurs et de tous périmètres, urbains comme ruraux. Et si cette possibilité de faire et cette force de frappe se retrouvent dans différents domaines, elle est particulièrement opérationnelle à l’international. La CCIR est donc bien entendu prête à collaborer avec la Région et tous ses partenaires à toute reconstruction d’une organisation régionale performante d’accompagnement des entreprises à l’export et pour ce faire elle dispose d’une organisation performante et reconnue : CCI International… et pour tout dire la CCIR est naturellement au service !
Propos recueillis par Christine Gilguy