Yves-Louis Darricarrère, coprésident du Conseil des affaires franco-kazakhstanais
Quelle est la genèse du Conseil des affaires franco-kazakhstanais ? Combien de membres le composent aujourd’hui, quelles sont ses activités ?
Le Conseil des affaires franco-kazakhstanais (CAFK), que je copréside avec Aydan Karibjanov, a été créé en 2008 à l’initiative des Présidents MM. Sarkozy et Nazarbayev, dans le cadre de l’élévation au niveau de partenariat stratégique des relations entre les deux pays. Le CAFK a reçu pour mission de promouvoir les relations d’affaires entre la France et le Kazakhstan. Rassemblant des entreprises françaises et kazakhstanaises, il a prolongé et pris le relais du Conseil France-Kazakhstan de MEDEF International, actif depuis 1992.
Toute entreprise française, de toute taille et secteur, peut prendre part aux actions. Le CAFK est une enceinte privilégiée et reconnue de mise en relation des milieux d’affaires et de dialogue avec les autorités des deux pays. Il appuie la réalisation des projets et coopérations entre entreprises françaises et kazakhstanaises, réfléchit aux pistes d’améliorations nécessaires pour la mise en œuvre des priorités décidées par les deux Gouvernements.
Le Conseil remet à chaque Commission intergouvernementale mixte un Rapport sur l’environnement des affaires, un document qui aborde de façon très concrète les obstacles et difficultés rencontrés par les entreprises, assorti de recommandations et complété d’un document de suivi de Test Cases remis aux administrations des deux pays.
Comment définiriez-vous le climat des affaires au Kazakhstan ? Y a-t-il de grandes réformes économiques attendues par les investisseurs étrangers ?
Si l’on se place dans une perspective de 25 ans, l’environnement des affaires au Kazakhstan s’est indubitablement amélioré. Outre plusieurs réformes institutionnelles, les Gouvernements successifs ont promu une politique d’ouverture aux IDE et d’écoute des entreprises, comme en témoigne la création d’un Conseil des Investisseurs Étrangers auprès du Président.
L’établissement en 2017 de l’agence d’État Kazakh Invest, partenaire de MEDEF International, approuvée comme one-stop shop va également dans le sens d’une simplification des démarches. Toutefois, sur certains points (pluri-annualité des contrats et des subventions, régime des PPP, harmonisation des normes dans le cadre de l’Union eurasiatique…), les entreprises demeurent en attente d’améliorations. En outre, cette politique d’ouverture aux investissements étrangers se heurte trop souvent au bureaucratisme et aux freins des administrations chargées de sa mise en œuvre. En la matière le Conseil, aux côtés d’autres institutions, est particulièrement actif pour suggérer des pistes d’amélioration aux autorités kazakhstanaises.
Quelles sont les spécificités du marché kazakhstanais ? Dans quels secteurs se trouvent les opportunités d’affaires pour les entreprises françaises ?
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise désireuse d’aborder le marché kazakh ?
Première économie d’Asie centrale, grâce à la manne des matières premières, le Kazakhstan est un pays riche ; cela permet au Gouvernement de mener à bien de vastes plans d’investissements pour développer les infrastructures et moderniser les moyens de l’État. Les autorités ont bien conscience des défis du pays, notamment en matière de diversification économique, de lutte contre le bureaucratisme, de développement des énergies vertes, de digitalisation et affichent, dans ce domaine, de grandes ambitions qui sont autant d’opportunités pour les entreprises. Encore dominée par les groupes étatiques, l’économie peine toutefois à se diversifier hors du secteur extractif.
La perspective des privatisations et l’assainissement du secteur bancaire pourraient élargir les opportunités pour les entreprises étrangères, appuyées par les institutions financières internationales très engagées dans le pays. Le Kazakhstan porte une grande attention à développer sa connectivité régionale et internationale, qui renforce sa compétitivité et fait naître pour le secteur privé de nouvelles opportunités. Comme ailleurs, les spécificités de chaque secteur sont telles que la prudence est de mise avant toute recommandation. Il est important de se rapprocher de ses pairs, d’entreprises œuvrant dans le même secteur afin de bénéficier de l’expérience accumulée – un type de mise en relation qu’offre le CAFK. C’est un marché de forte concurrence entre entreprises asiatiques, russes et européennes.
Enfin, la persévérance est de mise pour faire connaître son offre et choisir le bon partenaire local qui aura la connaissance du marché et des circuits de décision ; si elle ne faiblit pas, cette persévérance est généralement récompensée !