L’Iran n’est pas seulement un grand pays agricole, avec un peuple aimant les plaisirs de la table et avide de nouveautés. C’est aussi un pays industriel qui ne cache pas son appétit pour le savoir-faire et les technologies modernes dans l’automobile, le pétrole ou le transport ferroviaire. Revue de détail.
Agroalimentaire Cultiver, équiper, transformer pour satisfaire l’appétit des ménages
L’Iran est un grand pays agricole, producteur de pistaches, de safran, de dattes, de lait ou encore de miel. En l’espace de trente ans, c’est-à-dire pendant la Révolution islamique et les embargos, l’industrie a continué à se développer dans divers secteurs comme les boissons et la viande. Pour autant, les besoins d’une population en constante augmentation vont pousser le pays à se doter de nouveaux savoir-faire, de nouveaux équipements pour améliorer les rendements, accroître les productions. À cet égard, la demande est considérable « pour des produits à très forte valeur ajoutée et des procédés et des savoir-faire modernes : ingrédients, colorants, automatisation des usines, électrification ou encore matériel de très haute cadence pour le conditionnement et l’emballage de produits élaborés », observe Florian de Saint Vincent, coordinateur pour l’Afrique, le Proche et Moyen-Orient à l’Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires (Adepta).
L’Iran est aussi confronté aux risques propres aux zones arides : incendies, inondations, érosion des sols. Dans le budget 2014, l’État a dû réserver deux millions de dollars pour réduire la crise générée par plusieurs années de sécheresse. La lutte contre la pénurie en ressource en eau est un axe fort et le vice-ministre de l’Agriculture, Eshaq Jahangiri, a annoncé que le gouvernement entendait appuyer un projet de mise sous serre d’une superficie globale de 3 000 hectares (ha).
D’après le dernier rapport de Business Monitor International (BMI), la fin des sanctions internationales devrait se traduire par un très gros développement de la production, mais aussi de la consommation. Par exemple, la consommation de lait s’envolerait de 15,1 % à 3,1 millions de tonnes en 2019, celle de poulet et de viande bondirait respectivement de 17,9 % et 28,1 % à un million et 550 500 tonnes à la même date. Évidemment, la concurrence sera très forte : la Thaïlande et le Pakistan pour le riz, le Brésil pour le sucre, etc.
D’après BMI, la consommation de blé, de maïs et d’orge gagnerait d’ici 2018/2019 respectivement 10,5 %, 19,5 % et 18,5 %. Malgré la concurrence très vive de la Russie et du Kazakhstan, la France a, parfois, réussi à emporter des appels d’offres publics dans les céréales. Des affaires peuvent être aussi réalisées dans les fruits et légumes. Le nord de l’Iran est couvert de vergers et les besoins sont réels pour le renouvellement de matériels et de nouveaux équipements : serres, produits de calibrage, de froid, etc.
Ce qui est très favorable pour la France, « ce sont le plaisir de la table, une réalité qui est bien inscrite dans la culture en Iran, et la sophistication de la consommation, avec l’explosion de grands centres urbains, comme Téhéran, Machhad, Ispahan. L’Iran compte 10 villes de plus de 1 million d’habitants », explique Florian de Saint Vincent. Ainsi, les plats préparés, les surgelés et les conserves font une percée, car les Iraniens consomment moins à la maison. L’offre de boulangerie, confiserie, pâtes alimentaires se diversifie dans le moyen et le haut de gamme. La classe moyenne se développe. En font partie « un jeune cadre en entreprise, un cadre supérieur propriétaire d’une voiture ou encore une femme qui travaille, ce qui ne l’empêchera pas, au demeurant, de s’occuper des enfants et de la maison », commente le responsable de l’Adepta, selon lequel, « il y aussi une élite très riche, certes minoritaire avec moins de 1 % de la population ». Il n’en reste pas moins, ajoute-t-il, que ce pays est « le premier marché au Moyen-Orient pour des marques de luxe comme Rolex ou pour des voitures Porsche ».
L’Adepta n’a jamais « décroché » de l’Iran. Et durant les quinze dernières années, elle affirme y avoir accompagné 30 entreprises, qui ont trouvé soit un agent, soit un distributeur, soit y ont créé un bureau de vente. Certains noms peuvent être avancés : Florimond Desprez (semences de betteraves), Sidel (conditionnement des liquides), Serac (remplissage et conditionnement), Steriflow (autoclaves de pasteurisation, stérilisation) ou encore Clextral (extrusion), qui aurait réalisé quelque trois millions d’euros de vente annuelle en moyenne pendant l’embargo. Bien sûr, nombre de sociétés ont dû baisser la voilure, d’autant qu’il a fallu contourner le blocage des circuits financiers traditionnels en s’adressant à des banques de pays voisins. Reste que les marchés de renouvellement, de l’ingénierie ou du conditionnement ont continué à fonctionner.
Il est certain que les sociétés qui ont déjà investi depuis quelques années dans une présence à Iran Agrofood, le salon international de l’agroalimentaire à Téhéran, détiennent aujourd’hui un avantage sur leurs concurrents. « Mais attention, prévient Florian de Saint Vincent, les Allemands sont très présents, les Américains sont dans les allées, et préparent le terrain, tout comme les Turcs. Toutefois, le marché est suffisamment grand et je suis convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde, de plus le niveau de qualité des équipements français est largement reconnu par les clients iraniens qui recherchent rentabilité, innovation, performance ». Certains des compétiteurs internationaux, ajoute-t-il, bénéficient « de solutions de financement avantageuses, grâce à des accords politiques d’État à État avec la Corée du Sud ou la Chine ». Avec plus de 30 000 visiteurs et 951 exposants de 23 pays, Iran Agrofood est pour lui « un rendez-vous incontournable ». Il y a quatre ans, l’Adepta y pilotait juste six entreprises. Ce chiffre sur le Pavillon France était passé à 16 cette année. L’objectif est de passer à 25 lors de l’édition 2016 (26-29 mai).
En mai 2014, Paris et Téhéran ont renoué à l’occasion de la première mission d’entreprises organisée par Medef. C’est pendant cette visite que les portes du ministère de l’Agriculture se sont à nouveau ouvertes, alors que sous le prédécesseur du président Hassan Rohani, Mahmoud Ahmadinejad, elles s’étaient refermées. Une deuxième réunion de travail s’est déroulée un an plus tard dans l’Hexagone. À son issue, des lettres d’intention ont été signées, d’une part, dans les semences végétales entre le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) et le ministère iranien de l’Agriculture pour réaliser des adaptations et mettre à niveau le système de contrôle du matériel végétal, et, d’autre part, avec une offre de races mixtes, et la création d’une formation intense dans le domaine caprin. En l’occurrence, l’accord a été signé par l’Adepta et Kalleh, numéro un de la viande de volaille et numéro deux du lait, agrégateur d’une ferme de 5 000 ha avec un projet de 500 chèvres.
Avant, toutefois, d’en arriver à la production de fromages, les différents acteurs français impliqués vont travailler sur la génétique. Il s’agit de Capgen, spécialiste de la génétique basé à Poitiers, Géode, organisme de sélection, et l’Institut de l’élevage, pour le conseil et la formation. Un troisième domaine de coopération a alors été établi dans l’aquaculture, plus exactement la génétique des œufs de truite.
Enfin, lors de la récente mission de Medef, les 21 et 22 septembre, la participation du ministre français de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a pu ainsi accompagner une vingtaine d’entreprises de la filière agricole, a certainement facilité les discussions autour des semences, de la génétique, la viande, les céréales et l’équipement. Deux accords ont, d’ailleurs, été signés dans les semences de grande culture, entre Florimond Desprez et le ministère iranien de l’Agriculture, et un mémorandum of undestanding dans la fourniture d’animaux et l’accompagnement en matière de transfert de technologie entre Union régionale des coopératives d’élevage d’amélioration génétique et d’insémination animale du Sud Ouest (Midatest) et la banque de développement Kowsar.
Automobile Accélérer pour faire la course en tête
Constructeurs et équipementiers, tous les concurrents sont dans les starting-blocks. Personne n’occupe la pole position et la piste est largement dégagée, tant l’Iran a pris de retard : faute de technologies modernes et de coopérations extérieures, les fabricants locaux offrent des véhicules de mauvaise qualité et, de surcroît, très polluants. Le meilleur exemple est celui d’Iran Khodro, l’ancien partenaire de PSA, qui produit encore des 206 et 405 Peugeot. « La qualité de ses produits s’est effondrée et il a besoin du groupe français pour redémarrer », assure une source autorisée, pas vraiment inquiète d’éventuelles répercussions négatives du départ précipité de PSA hors d’Iran en 2012 pendant la période des sanctions.
Quoi qu’il en soit, du côté de la marque au lion, on a repris les routes de l’ancienne Perse. On négocie avec Iran Khodro pour y produire à nouveau et on a même accéléré en concluant un accord de distribution avec le groupe Arian. Avec le premier, une coentreprise sortirait des véhicules avec 70 % de contenu local, avec le second, on va commercialiser la marque haut de gamme DS. L’autre grand constructeur français, Renault, à laquelle est attachée une image de qualité et de voiture de plaisir, est resté sur place. Handicapé pendant les sanctions par le gel des circuits financiers, le numéro un français bénéficierait ainsi sur place de réserves qui lui permettrait plus facilement que PSA de nouer un accord de coopération, comme on lui prête, avec Iran Khodro. Pour leur part, les équipementiers tricolores, comme leurs homologues du monde entier, font depuis longtemps la course avec tous les constructeurs internationaux. À cet égard, les déboires récents de Volkswagen ne sont pas une bonne nouvelle pour les Français, qui figurent parmi ses grands fournisseurs, alors qu’on s’attendait à des annonces d’implantation de la part de l’allemand en Iran.
Reste le marché… extraordinaire, avec 80 millions d’habitants, dont les deux tiers ont moins de 35 ans. Très vite, en 2025 exactement, l’État veut une production de trois millions de véhicules (la France en a réalisé 1,8 million sur son marché intérieur l’an dernier). En outre, l’urbanisation a atteint son rythme de croisière. « Des mégalopoles naissent, sans que les transports publics suivent, rendant la voiture indispensable, notamment pour les hommes et les femmes actives », note Didier Hedin, fondateur de Daj Consulting, président du Club Iran de la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules), correspondant Iran de la Fim (Fédération des industries mécaniques) et consultant également pour l’UIC (Union des industries chimiques).
Depuis novembre 2013, date du premier accord intérimaire sur le dossier nucléaire entre Téhéran et les capitales occidentales, la Fiev a mené six missions d’hommes d’affaires, représentant un nombre total de 100 à 120 entreprises. « À la suite de ces opérations, il y a vraisemblablement des partenariats qui sont en train d’être noués. L’investissement propre ou le partenariat, c’est la bonne solution, car elle correspond à la volonté des autorités iraniennes. Et dans un pays difficile à déchiffrer, le partenariat apparaît comme un modèle bien adapté », estime Didier Hedin. Selon lui, tous les équipementiers ont leur carte à jouer, les plus grands (rang 1) comme les plus petits (rang 3).
Distribution Tous les grands noms à l’affût
L’univers de la distribution va connaître une mutation rapide. Alors que domine (96 %) le commerce de détail (des indépendants, parfois fédérés, avec des boutiques de 200 m2 offrant aussi des services : crédit, livraison à domicile, etc.), Téhéran veut que le commerce moderne de 4 % aujourd’hui monte à 10 % dans les deux à venir. Les raisons sont multiples. « Le gouvernement est soucieux d’améliorer les recettes fiscales, car les indépendants ne paient pas forcément de taxes. Il veut aussi avoir un meilleur contrôle des prix et plus de facilité pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages.
Enfin, il est favorable à une offre plus variée pour la population », détaille Thierry Joulin, directeur résident d’Hyperstar, l’enseigne de grande distribution du holding émirati Majid Al Futtaim (Maf), qui possède ainsi cinq magasins en Iran, trois hypermarchés et deux supermarchés, à Téhéran, Ispahan et Chiraz.
Hyperstar est, à l’heure actuelle, la seule enseigne étrangère, avec le turc Everest qui dispose d’une centaine de magasins soft discount. La distribution moderne compte trois autres acteurs, tous locaux : Etka, appartenant à l’Armée, avec 200 magasins, souvent de petite taille, Refah, propriété d’un consortium bancaire, avec 200 magasins, et Sharvand, avec une trentaine de magasins, essentiellement à Téhéran. « Tous les grands noms de la distribution américaine et européenne vont venir », assure Thierry Joulin, qui s’attend à une percée de la grande de distribution, qui « pourrait ainsi représenter entre 20 et 25 % du total dans les dix ans à venir ». Mais le marché est très compliqué. Les grandes villes sont très denses, l’immobilier est prohibitif et les terrains disponibles sont souvent déjà proposés à la vente, ce qui nécessite d’être accompagné.
Alors certes, des malls sont ouverts, mais ce sont souvent de simples passages ou des formats réduits (entre 2 000 et 10 000 m2), quoi qu’il en soit, trop petits pour accueillir un supermarché. Financer le foncier et la construction revient cher. Les banques ne prêtent pas facilement à long terme et les taux d’intérêt sont particulièrement élevés, au minimum 28 %. En fait, les projets sont plus souvent développés par des opérateurs immobiliers que par de véritables spécialistes de la gestion des malls, ayant planifié et organiser l’installation des enseignes. Pour parvenir à les financer, les initiateurs offrent très rapidement des emplacements aux premiers venus. Parfois, les malls ont un petit air de bazar ou, si les locaux qui font face ne sont pas encore attribués, certaines enseignes qui s’installent se retrouvent non seulement face à des espaces vides, mais aussi elles ignorent le type et le nom de l’entreprise qui s’y installera.
Il est donc essentiel de bien choisir son mall. Certains sont plus côtés, comme le Palladium (100 000 m2) au nord de Téhéran qui abrite plutôt des marques de luxe. À Chiraz, il y a le Kalija Fars et à Ispahan le Isfahan City Center, le plus grand centre commercial du Moyen-Orient, après le Dubai Mall aux Émirats Arabes Unis. D’un coût d’un milliard de dollars, financé par des fonds suisses et émirati, ce projet doit être achevé en 2016 à la périphérie d’Ispahan, cité historique et ancienne capitale. Il doit couvrir une superficie globale de 600 000 m2, comprenant un hôtel 5 étoiles, un centre financier et un complexe de loisirs avec des salles de cinéma. Autre projet, le centre commercial Iran Mall est le premier de cette envergure en Iran et dans la région. Situé entre les deux agglomérations de Téhéran et de Karaj, Iran Mall occupera 250 000 m², dont 20 000 m² dédiés à un hypermarché, 3 000 m² à la mode et 10 000 m² à la restauration. « Ce projet doit aboutir en 2018-2019. Il faudra y être », conseille Thierry Joulin. Tous ces espaces seront accessibles à chaque étage par un parking de 20 000 places. Le projet doit comprendre également un espace de 20 000 m² pour accueillir des expositions, un théâtre et trois tours de bureaux.
Pétrole Des fonds injectés pour que l’or noir coule à flots
Pour Téhéran, le temps presse. Alors que les hydrocarbures constituent le premier réservoir financier de l’État, les recettes ont été divisées par trois depuis 2010 avec la baisse réelle de la production (passée de 2 millions de barils par jour à 1,2 million cette année) et donc des exportations et la chute des cours du pétrole brut.
Si les sanctions internationales sont levées au premier trimestre 2016, l’Iran disposera alors très vite de moyens financiers nouveaux pour relancer l’économie, puis remettre à niveau l’outil de production et moderniser les installations. Dans les jours qui viennent, le gouvernement doit aussi présenter l’Iran Petroleum Contract (IPC), un contrat global pour les licences d’huiles et de gaz, la rénovation, l’exploitation des nouvelles phases et les concessions pétrolières. Intermédiaire entre le Production Agreement Sharing (accord de partage de la production) et le Service Contract, l’IPC est plus qu’un contrat de service, dans la mesure où, pour définir les obligations des opérateurs, il sera tenu compte des champs et de la difficulté à les exploiter.
« La stratégie du ministère du Pétrole consistera à lancer des projets d’investissements en priorité pour les champs pétroliers et gaziers frontaliers de l’Iran. C’est le cas pour le gisement de South Pars, pour lequel l’Iran partage le même “réservoir” avec le Qatar, mais aussi pour des champs pétroliers frontaliers de l’Iraq, du Koweït et des Émirats Arabes Unis. La deuxième priorité consistera à réhabiliter des champs existants (brownfield recovery) et à améliorer la productivité et la longévité des champs en exploitation », détaille Arnaud Chevalier, vice-président de la section Iran des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et représentant en Iran de Noor Group (spécialisé dans l’énergie et les projets d’infrastructures critiques).
Un projet de deuxième gazoduc avec la Turquie devrait aussi voir le jour – Téhéran voulant aussi exploiter le gaz. D’autant plus aujourd’hui, peut-on penser, que le tuyau existant a été endommagé par une explosion d’origine criminelle dans la nuit 27 au 28 juillet dans la province frontalière d’Agri, à l’est de la Turquie.
Enfin, la rénovation et la hausse des capacités de production seront lancées, avec un souci de valoriser la ressource en développant la chimie, la pétrochimie, le raffinage, ce qui permettrait de valoriser l’or noir. En l’occurrence, si un baril de brut se vend aujourd’hui 40 dollars, il serait possible de livrer l’équivalent en kérosène par exemple à 60 dollars.
« En ce qui concerne les projets d’exploration et de production pétroliers et gaziers au sens large, leur montant pourrait osciller entre 150 et 200 milliards de dollars dans les dix années à venir. Rappelons que l’Iran possède les deuxièmes réserves de gaz au monde et troisièmes de pétrole. Ces investissements colossaux dépendront bien entendu de l’appétit des “majors” européennes, et américaines, si ces dernières sont autorisées à se positionner sur le marché iranien. Tout le monde attend de voir l’Iranian Petroleum Contract avant de se positionner. S’agissant de la rénovation des complexes pétrochimiques, la construction d’unités de transformation de condensat et de “downstream” pétrolier et de liquéfaction de gaz, il faut encore compter une vingtaine de milliards de dollars d’investissement. Ces derniers devraient être consentis plus rapidement par le gouvernement, car ils permettront a l’Iran d’augmenter ses revenus pétroliers et pétrochimiques a court terme », affirme Arnaud Chevalier. Les entreprises françaises doivent donc se préparer.
Transport ferroviaire Développer à grande vitesse un réseau pour les passagers
Ce secteur a été qualifié de prioritaire par le président Hassan Rohani. Dans un pays où l’on dénombre plus de 50 000 morts sur les routes, les ambitions sont fortes de transformer un réseau ferré de 10 000 kilomètres (km) dévolu exclusivement au fret en un réseau partagé avec le transport pour les passagers. L’électrification de la liaison Téhéran-Machhad est en cours de réalisation, ce qui permettra d’accroître la vitesse des trains de 120 à 200 km par heure.
Deuxième étape, une ligne à grande vitesse entre Téhéran et Ispahan, via Qom, centre théologique, soit un parcours de 420 km, pour laquelle le chinois CREC a été retenu. « Du moins dans un premier temps, car Téhéran pourrait décider de reprendre le processus à zéro pour donner aux Européens la chance de prendre part à un nouvel appel d’offres », délivre Arnaud Chevalier, vice-président de la section locale des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et représentant en Iran de Noor Group, cabinet de conseil en stratégie et lobbying local.
L’appel d’offres serait lancé pendant l’été 2016. « Soit il s’agira alors d’une consultation globale, soit CREC ne gardera que le génie civil et le ministère des Transports lancera alors des appels d’offres internationaux ouverts aux Européens pour le matériel roulant et la signalisation », précise Arnaud Chevalier. Ce qui est en revanche définitif, c’est le beau contrat – le premier en Iran – de 7 millions d’euros, remporté par la société d’architecture et d’aménagement Arep, filiale de la SNCF, le 1er juillet, le réaménagement des gares de Téhéran, Qom et Machhad.
Troisième axe, le lancement de services de trains régionaux. Les principales grandes villes devront servir de hubs dans un rayon de 10 à 60 km alentour pour favoriser la mobilité. Elles seront aussi dotées d’une première, d’une deuxième, voire d’une troisième ligne de métro. Et dans la capitale, Téhéran, ce sont quatre nouvelles lignes qui sont envisagées.
François Pargny