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Trois questions à Yves Zlotowski, chef économiste de Coface

Le Moci. Après avoir connu une croissance économique moyenne de 6 % par an entre 2010 et 2012, ce taux est tombé à 5,5 % en 2013. Le potentiel de croissance a donc un peu diminué. N’est-ce pas inquiétant ?

Yves Zlotowski. 
Non, car la croissance de l’économie sera stable en 2014. En effet, Coface prévoit 5,5 %. Nous sommes confiants, car il s’agit d’un pays avec un marché intérieur très dynamique. Or, la consommation augmente en Indonésie, tout comme l’investissement privé. 
Certes, le pays a ses fragilités, notamment un déficit des comptes courants, lequel n’est, cependant, pas gigantesque. Quand il est de – 7 % du produit intérieur brut (PIB) en Turquie, il n’est que de – 3 % en Indonésie. Alors la volatilité du taux de change est indéniable, mais comme il s’agit d’un pays qui se diversifie, il a besoin d’importer dans un contexte de montée en puissance de la classe moyenne. On peut aussi estimer comme positif un déficit courant quand il s’agit de favoriser la montée en gamme. C’est le cas de l’Indonésie qui a besoin d’importer pour son industrie du bois ou sa sidérurgie.
Enfin, si on regarde l’endettement de l’État et des banques, on peut être rassuré. Depuis la crise asiatique de la fin des années 90, les banques se sont rétablies. Quant à la dette publique, elle représente juste 27 % du PIB. Il s’agit donc d’un pays qui présente un bon équilibre financier, malgré son déficit courant, et une stabilité politique, ce qui justifie que Coface attribue à l’Indonésie l’appréciation « risque modéré à moyen terme ». 

Le Moci. Lors du colloque « Coface Risques pays 2014 », le 21 janvier dernier à Paris, un dirigeant du groupe Seb évoquait l’environnement des affaires difficile en Indonésie pour expliquer les difficultés de l’équipementier électroménager à s’y développer. Qu’en pensez-vous ? 

Y. Z. L’environnement des affaires, la gouvernance et la corruption sont assurément des questions majeures pour l’avenir de l’Indonésie. Toutefois, la corruption n’a pas empêché ce pays de se développer. Ce n’est pas aussi important dans un pays au début du cycle de l’émergence que pour des nations en deuxième ou troisième phase de l’émergence, comme les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Au demeurant, le président Yudhoyono a créé une commission anti-corruption, qui a déjà frappé à plusieurs reprises, touchant même des personnalités de premier plan. 

Le Moci. Justement, après deux mandats de cinq ans, Susilo Bambang Yudhoyono, premier président élu au suffrage universel en octobre 2004, ne peut pas se représenter à l’occasion des élections du 9 juillet prochain, qui seront précédées par les législatives le 9 avril. Ne craignez-vous pas pour la stabilité politique de l’archipel ?
 
Y. Z. Non. Les deux dernières élections présidentielles s’étant déroulées dans de bonnes conditions, la transition politique est réussie. La démocratie est installée. Évidemment, les investisseurs vont attendre le résultat des prochains scrutins pour se déterminer. Le successeur du président Yudhonyono devrait continuer la lutte contre la corruption. Mais il est vrai aussi que pour les entreprises, notamment étrangères, le processus de décision dans l’archipel doit être amélioré. 
Parfois également, les réformes ne passent pas ou passent mal, tout simplement parce que la géographie du territoire ne facilite par leur application dans les différentes îles. L’Indonésie est à la fois un pays continent et un archipel. 

Propos recueillis par François Pargny

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