En l’espace de quinze ans, ce grand archipel d’Asie a réussi son pari démocratique. Reste à compléter ou à transformer ce succès politique en réussite économique. Disposant du quatrième marché mondial, avec une population de 240 millions d’habitants, il doit maintenant concrétiser son entrée dans le club des économies émergentes.
L’Indonésie vivra cette année un tournant politique. Après dix ans au sommet de l’État, le quatrième président de la République depuis la chute du régime Suharto en 1998, Susilo Bambang Yudhoyono, ne pourra, conformément à la Constitution, briguer un troisième mandat de cinq ans. également issu des rangs du Parti démocrate, c’est un homme très populaire, Joko Widodo, gouverneur de la capitale Djakarta, qui pourrait l’emporter, lors du scrutin du 9 juillet prochain.
« Le Parti démocrate est nationaliste, mais Joko Widodo n’est pas un nationaliste borné », affirmait François Raillon, directeur de recherche au CNRS et fondateur du Centre Asie du Sud-est (Case), lors d’un petit déjeuner, organisé à Paris le 10 janvier, par le Club du Cepii (Centre français d’étude et de recherche en économie internationale). Des propos que ne doivent pas prendre à la légère les investisseurs étrangers, car l’Indonésie moderne, archipel de 1 500 îles, a construit son unité en partie sur le nationalisme.
Pour la première fois, le vote sera électronique. Un défi dans un archipel de 240 millions d’habitants, le quatrième par la population dans le monde et le troisième en nombre de téléphones mobiles, soit plus de 250 millions, derrière les États-Unis et l’Inde. L’Indonésie, bénéficiant de son vaste marché domestique, est une économie émergente.
D’après le cabinet Boston Consulting, la classe moyenne devrait passer de 78 millions de personnes à 141 millions à l’horizon 2020. Autre symbole de l’émergence de l’archipel, l’accélération du marché automobile, qui a dépassé celui de la Thaïlande, devenant ainsi le premier de l’Asean (Association des nations du Sud-est asiatique), avec plus de 1,1 million de véhicules en 2012 et 582 000 au premier semestre 2013. Gros exportateur de matières premières, l’Indonésie tente de se diversifier en passant de l’assemblage à la production automobile. Renault-Nissan va ainsi quadrupler de 100 à 400 millions de dollars son investissement dans son usine indonésienne d’ici à 2014.
François Pargny