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Dossier Ile Maurice 2014 : les secteurs porteurs

 

 

 

 

 

Maurice est une petite île qui offre de nombreuses opportunités d’investissements. Les secteurs sont variés allant des Tic aux énergies renouvelables en passant par la biotechnologie. Tour d’horizon.

Tic : penser marché local et développements régionaux

Microsoft utilise l’île Maurice comme base avancée pour ses activités dans l’océan Indien et le Pacifique francophone. Orange a installé l’un de ses centres « Orange Business Services » au cœur de l’île. En France, l’un des services de renseignement téléphonique ainsi que l’un des opérateurs de téléphonie mobile font confiance à des centres d’appel mauriciens. Dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) à Maurice, ce sont notamment les opérations à forte valeur ajoutée et les marchés de niches qui sont porteurs, car les métiers fondamentaux comme l’externalisation y sont déjà bien représentés.

Selon l’agence pour la promotion des investissements (connue comme BoI pour Board of Investment), il y a un fort potentiel dans des secteurs spécifiques comme le développement de logiciels et d’applications en profitant de la tendance vers les smartphones, les tablettes tactiles et les objets connectés. D’autres activités sont porteuses, comme les ordinateurs de bord pour les véhicules, le télédiagnostic, la télémaintenance et l’animation 3D. Pour encourager les développeurs, des entreprises ainsi que le gouvernement organisent de plus en plus de concours.

Pour Charles Cartier, directeur de TNT Business Solutions et président de l’association mauricienne des opérateurs des TIC (connue comme OTAM pour Outsourcing and Telecommunication Association of Mauritius), le premier atout de l’île Maurice est la proximité culturelle avec l’Europe, en particulier la France. En effet, l’organisation des entreprises a été importée d’Europe, ce qui facilite les affaires et la compréhension mutuelle.

Le décalage culturel est moindre qu’avec des pays concurrents en Asie et en Afrique, selon Charles Cartier. Les Mauriciens sont bilingues français-anglais et il est de plus en plus facile de trouver des employés parlant d’autres langues européennes et asiatiques. Grâce aux horaires flexibles que les Mauriciens adoptent de plus en plus facilement et à son fuseau horaire GMT+4,  il est possible de travailler pour des clients en Australie comme aux États-Unis. En ce qui concerne l’immobilier, de nombreux bureaux sont libres, notamment à la Cybercité d’Ebène, village d’affaire récent, consacré au secteur des TIC au cœur de l’île.

Selon Charles Cartier, parmi les handicaps, figure le coût que représente l’utilisation de la bande passante. Toutefois, comme le précisent régulièrement le ministre des TIC, Tassarajen Pillay Chedumbrum, et le premier fournisseur d’accès à internet, Mauritius Telecom, la tendance est à la baisse et des efforts sont faits pour encore diminuer les tarifs. Par exemple, jusqu’à récemment, Mauritius Telecom était le seul opérateur à distribuer de la bande passante en gros. Le gouvernement a ouvert ce marché à la concurrence. Ainsi, à Maurice, les employeurs affirment que les activités liées aux TIC évoluent plus vite que les formations professionnelles disponibles.

 

Education : un besoin de formations tertiaires

À l’instar des technologies de l’information et de la communication (Tic), il y a dans divers secteurs d’activité une demande pour des formations professionnelles. Le groupe mauricien Médine propose depuis peu sur son campus des cours en partenariat avec les écoles françaises Supinfo, Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP) et Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec). Il s’agira de formations tertiaires, notamment dans l’ingénierie et les Tic. Même si depuis quelques années la qualité de l’éducation est montée d’un cran à l’île Maurice, avec notamment la création de centres de formations publics et privés et l’implantation de branches d’universités étrangères, il y a un écart entre l’offre et la demande en termes de qualification. De plus il y a encore de nombreux jeunes Mauriciens qui partent étudier à l’étranger alors que Maurice veut devenir un pôle éducatif pour la région de l’océan Indien et de l’Afrique de l’Est.

 

Services financiers : devenir le Singapour de l’Afrique

Selon l’association regroupant les opérateurs mauriciens des services financiers (connue comme GFM pour Global Finance Mauritius), l’île Maurice est considérée comme une juridiction financière bien établie, réglementée et stable. Dans les services financiers, le pays veut devenir pour l’Afrique l’équivalent de Singapour pour l’Asie. Maurice veut jouer aujourd’hui le rôle de plateforme pour les investissements vers l’Afrique, ce qui a amené le gouvernement à adopter des mesures incitatives et créer au sein du Board of Investment (BoI) une unité spécialisée dans les investissements vers l’Afrique.

Le pays dispose déjà d’un important secteur « offshore » pour les investissements transfrontaliers. Le gouvernement mauricien a toujours eu à cœur de promouvoir les services financiers et de faciliter les investissements internationaux. C’est grâce à ces efforts que le pays est dans la liste blanche de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et est le premier État africain dans le classement de la Banque mondiale des pays où il est facile de faire des affaires (Doing Business Survey).

Aujourd’hui, le secteur des services financiers attend la fin des renégociations entre l’Inde et Maurice sur le traité de non double imposition. Ces discussions sont d’autant plus importantes que 39,6 % des investissements directs étrangers (IDE) en Inde transitent par Maurice. Reste que l’île de l’océan Indien vient de se voir ravir la première place par Singapour.

La gestion de fortune et de patrimoine, ainsi que l’implantation d’entreprises offshore sont également des domaines porteurs à l’île Maurice. De plus en plus de ressortissants français viennent s’y installer pour des raisons professionnelles ou pour leurs retraites. Ils ont besoin de conseils et d’assistance. Certains cabinets se sont ainsi spécialisés, parfois en s’associant sur place avec des partenaires locaux.

 

Industrie : cap au grand large et vers le haut de gamme

Pour éviter la concurrence avec les pays asiatiques dans le bas et le moyen de gamme, les industriels à Maurice s’orientent vers le haut de gamme et les marchés de niche, comme le textile technique, l’horlogerie, les pièces automobiles, les dispositifs médicaux et la joaillerie. L’île Maurice dispose d’un port franc où les opérateurs bénéficient d’avantages fiscaux et des tarifs douaniers préférentiels vers les pays membres, dont Maurice, de la Communauté de développement d’Afrique australe (ou SADC pour Southern African Development Community) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (ou Comesa pour Common Market for Eastern and Southern Africa). Le gouvernement subventionne également les entreprises basées à Maurice qui exportent vers l’Afrique et celles qui participent à des foires internationales en Afrique subsaharienne.

 

Santé : cibler les biotechnologies et les dispositifs médicaux

Un pôle biomédical vient de voir le jour dans le village de Rivière du Rempart. On y trouve pour le moment sept entreprises, lesquelles peuvent partager leurs infrastructures et créer des partenariats. Ainsi, Cephyr pour « Centre for Phytotherapy Research » et CIDP pour « Centre international de développement pharmaceutique » sont deux entreprises sœurs créées à Maurice. Dans le domaine des essais cliniques, le directeur de Cephyr et de CIDP, le Français Jean-Louis Roule, explique que les atouts de Maurice sont multiples. Il cite avant tout la multiethnicité du pays, ce qui est très utile pour tester différents types de peaux. Le positionnement géographique de Maurice, proche de l’Afrique et de l’Asie, est également un avantage comme sa stabilité économique et politique. « Je ne cache pas que ce qui nous a aussi attiré, c’est la fiscalité qui permet aux jeunes entreprises de se développer ». Autres raisons de sa localisation à Maurice, le bilinguisme et le faible décalage horaire avec l’Europe « 60 % de nos clients sont Européens », précise Jean-Louis Roule. Pour sa part, Michel Rosenberg, chef du Service économique (SE) de l’Ambassade de France, estime qu’il faut établir des partenariats avec les professionnels de La Réunion qui ont déjà une forte expertise sur place. D’après le Board of Investment (BoI) et la Chambre de commerce et d’industrie France Maurice (CCIFM), le potentiel est suffisant pour doter Maurice d’un pôle de santé. L’île compte déjà des cliniques privées et des centres spécialisés dans la greffe de cheveux ou la dentisterie, qui offrent leurs services aux étrangers dans le tourisme médical. Le tourisme médical progresse régulièrement. Le nombre de patients est ainsi passé de 10 600 en 2010 à 21 346 en 2012, contre 1 000 et 5 000 seulement en 2006 et 2008.

 

Economie bleue : différents secteurs à explorer

L’île Maurice dispose d’une zone économique exclusive de 2,3 millions de km2. La pêche, l’aquaculture, la culture d’algues, l’ostréiculture et même la climatisation générée avec de l’eau de mer offrent notamment des possibilités d’affaires. Des entrepreneurs ont investi dans l’économie bleue, à l’instar de Sapmer, un partenariat entre opérateurs réunionnais et mauriciens dans la pêche industrielle et la transformation, ou la Ferme Marine de Mahébourg (FMM), spécialiste de l’aquaculture.
Par ailleurs, le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a annoncé le vendredi 27 juin dernier que le gouvernement compte inviter des entreprises étrangères à la recherche de ressources naturelles à venir prospecter dans la zone économique exclusive de Maurice.

 

Energie renouvelable : un potentiel, mais un manque de vision

L’énergie renouvelable est l’un des secteurs qui intéressent les industries sucrières, car son développement permet de revaloriser leurs terres. La culture de cannes à sucre diminue et le distributeur d’électricité CEB (Central Electricity Board) achète à des producteurs externes 60 % de l’électricité qu’il revend. Les résidus de la canne après l’extraction du sucre sont donc utilisés comme combustibles pour le fonctionnement de centrales thermiques. La canne sert également à la production d’éthanol. Une ferme photovoltaïque de 30 hectares produisant 15 Mégawatts a vu le jour en février 2014.
Comme l’ensoleillement est important, le gouvernement souhaite progressivement augmenter la part des énergies renouvelables par rapport à celles issues de combustibles fossiles. Des projets de fermes éoliennes sont à l’étude. « Malgré le concept Maurice île Durable (MID) lancé par le gouvernement, il y a un manque de vision et de volonté politique. La bureaucratie dans ce secteur est lourde. Il y a même un projet de centrale thermique à charbonce qui fait qu’on n’est pas dans la bonne direction », tempère Patrice Falzon, secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie France-Maurice (CCIFM).

Patrice Donzelot

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