La Côte d’Ivoire doit mener de pair la valorisation de ses ressources – dans l’agriculture, les mines, les hydrocarbures – les grands chantiers – dans le bâtiment, les travaux publics – et l’adoption de nouvelles technologies indispensables à son émergence. D’où l’urgence d’un meilleur développement des télécommunications.
Après avoir connu dix années difficiles, la Côte d’Ivoire rebondit et s’est fixé pour objectif d’atteindre des niveaux d’économie émergente vers 2020 avec un large recours à l’investissement privé, notamment international. Une opportunité pour les entreprises françaises, dont certaines sont déjà présentes dans presque tous les secteurs d’activités. Traditionnellement, les Français sont leaders dans l’énergie, les télécommunications, les BTP, le transport aérien, maritime et ferroviaire, l’agroalimentaire, les banques et assurances, l’hôtellerie, etc. L’enjeu pour la Côte d’Ivoire est de développer plus largement ses activités manufacturières. Autant d’opportunités pour les entreprises françaises, la concurrence y restant encore très timide. Il existe ainsi d’immenses possibilités dans la transfor- mation des produits de base, avec, par exemple, l’existence d’entreprises puissantes comme la SIR (raffinage de brut nigérian).
Agriculture : de la matière première à la transformation
L’agriculture, premier secteur en Côte d’Ivoire, redécolle. Les cultures du cacao et du café occupent à elles seules plus de 75 % des terres consacrées aux cultures de rente, avec une prédominance du cacao (56 %). Le pays a atteint en 2014 une production de plus de 1,7 million de tonnes. Le coton, le palmier à huile, l’anacardier et l’hévéa occupent 23 % des superficies. Les autres cultures de rente (ananas, banane, etc.) n’occupent que 2 % des superficies, mais sont marquées par une présence de grands groupes agro-industriels français comme la Compagnie fruitière et SCB qui détiennent d’importantes exploitations agricoles.
Globalement, ananas et banane sont confrontés au manque d’investissement, et surtout à la forte concurrence des pays latino-américains. La France apporte également son savoir faire dans l’agriculture urbaine et périurbaine durable. L’ONG française Agrisud International pilote, depuis quelques mois, la formation de maraîchers professionnels dans l’agro écologie. La sécurisation du foncier rural a aussi été confiée à une entreprise française : Memoris, qui a signé avec le ministère de l’Agriculture une convention relative à un projet pilote de sécurisation du foncier rural associant l’État, les populations rurales et les investisseurs privés pour une gestion moderne des terres exploitées. Le groupe Cemoi va faire partager son savoir dans l’agro-industrie. Ce géant français et mondial de la chocolaterie vient de s’offrir une usine de transformation du cacao en chocolat, avec une capacité de 10 000 tonnes, pour un coût de 4 milliards CFA.
De façon générale, l’agriculture contribue aujourd’hui fortement à la croissance économique de la Côte d’Ivoire. Et le pays doit toutefois continuer à améliorer sa logistique et ses infrastructures pour attirer encore plus d’investisseurs.
Mines-hydrocarbures : de l’or et du nickel au pétrole et au raffinage
Le secteur minier est important avec notamment l’or, le manganèse et le diamant, ainsi que des gisements de fer encore inexploités, des hydrocarbures offshore, du cuivre, de la bauxite du nickel… Avec seulement une contribution de 1 % au produit intérieur brut (PIB) du pays, ce secteur connaît, aujourd’hui, un regain d’activité. Le manganèse est de loin la ressource minière la plus exploitée, suivi de l’or, dont deux gisements seulement sur dix sont exploités. Le gouvernement ivoirien, dont l’ambition, notamment, est la production annuelle de 21 tonnes d’or, d’un million de carats de diamant et de 24 millions de tonnes de fer, envoie ainsi un message aux potentiels investisseurs. Dans ce secteur, le savoir français est peu représenté pour l’instant. Ce ne sont pourtant pas les opportunités qui manquent : projet nickel et fer de Biankouma et Touba, exploitation de la mine d’or d’Ity à Zouan Hounien… Les hydrocarbures sont, en revanche, un secteur porteur pour le savoir faire français. Avec ses réserves de pétrole et de gaz, le secteur des hydrocarbures commence à prendre une place importante dans l’économie ivoirienne. Ce secteur est un gisement de croissance et offre des perspectives d’investissements. Présent sur l’ensemble de la chaîne pétrolière en Côte d’Ivoire, Total fédère 141 stations, distribue une large gamme de produits et services (carburants, cartes, lubrifiants, bitumes, gaz, gestion de sites miniers) et est actionnaire de la SIR (25,35 %). En exploration, la compagnie française détient des participations sur quatre blocs en offshore profond.
Par ailleurs, le consortium qui a construit et gère la centrale d’Azito est détenu à un tiers par EDF. Au vu des autres opportunités d’investissements (exploration/ production, raffinage, stockage/ transport-distribution), ce secteur se présente comme l’un des plus lucratifs.
Télécommunications : les fruits de la libéralisation et des besoins de technologies
La Côte d’Ivoire, en pleine reconstruction après plusieurs années de crise politique, l’a bien compris : si son ambition est de devenir « un pays émergent à l’horizon 2020 », elle ne pourra y arriver sans le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC). Depuis une quinzaine d’années, le secteur des télécoms s’est imposé comme un acteur économique de premier plan en Côte d’Ivoire.
Le pays compte plus de 22 millions d’habitants, un produit intérieur brut de plus de 30 milliards de dollars en 2013 et 19,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, soit un taux de pénétration d’environ 84 % et un taux de couverture de plus de 94 %. Le secteur des télécoms a d’ailleurs généré plus de 1 000 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires en 2013 pour des investissements sur la période estimés à plus de 130 milliards FCFA et plus de 5 400 emplois directs et 100 000 indirects.
Grâce aux nombreuses initiatives mises en place, les TIC ont connu au cours de la dernière décennie une expansion remarquable en Côte d’Ivoire. Selon la Banque Mondiale, le marché des TIC (animé par six opérateurs téléphoniques) contribue aujourd’hui à hauteur de 6 % du PIB, avec une croissance de plus de 10 % par an.
Un succès qui est venu de la libéralisation de ce secteur. Ces résultats font donc de la Côte d’Ivoire l’un des marchés les plus attractifs en Afrique occidentale francophone pour les entreprises de télécommunication. C’est à la suite d’un appel d’offres international, que France Télécom a racheté 51 % des parts de l’entreprise nationale pour s’y implanter de façon durable. Aujourd’hui, le groupe français est le premier opérateur du pays avec sa filiale Orange Côte d’Ivoire.
De façon générale, la France est très largement représentée dans le secteur tertiaire.
Aujourd’hui, le retard en termes de maturité numérique (seulement 3 % de la population utilise Internet et à peine 2 % de ces utilisateurs ont un abonnement haut débit) nécessite, outre le besoin d’infrastructures, de développer la formation à l’utilisation des TIC. Cependant, le poids des taxes sur les produits informatiques et surtout la récente augmentation de l’impôt sur les bénéfices, qui est passé de 25 % à 30 % en 2014 pour le secteur des TIC, pourraient se révéler un sérieux handicap.
Conscients que le pays ne pourrait atteindre son ambition de devenir « un pays émergent à l’horizon 2020 » sans le développement des TIC, le gouvernement ivoirien a initié un vaste programme de développement dans ce secteur. Objectif, susciter et attirer les investissements. Il s’agit de mesures allant de la stabilisation de l’environnement légal à la protection des données à caractère personnel et la lutte contre la cybercriminalité, en passant par l’élaboration de nouvelles lois, le développement d’une infrastructure large bande en adéquation avec les enjeux de l’émergence numérique.
Le Plan national de développement (PND) avait ainsi prévu près de 22 milliards FCFA pour les TIC pour la période allant de 2012 à 2015. Parmi les projets pour le développement des TIC, on note la transition vers la Télévision Numérique Terrestre (TNT), l’adoption d’un plan national de migration vers l’IPv6. Mais aussi d’autres projets comme l’e-gouv qui devrait apporter une transformation institutionnelle, la signature électronique… Autant de secteurs connexes qui seront amenés à se développer prochainement en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire.
BTP : l’expertise française toujours bien placée
La Côte d’Ivoire est en chantier. Après une décennie de crise et un abandon des grands chantiers d’infrastructures, un programme de reconstruction du pays a été mis en œuvre, faisant aujourd’hui du BTP un secteur porteur en Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien a ainsi listé une centaine de grands projets structurants dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de la construction ou de l’assainissement… Autant de secteurs ou le savoir faire français peut s’exprimer.
Eugène Kadet et Gilbert Kende
La Fnac cible Abidjan pour distribuer ses produits et ses services
Après le Maroc, ce sera la Côte d’Ivoire. L’enseigne de distribution de biens culturels et technologiques bien connue des Français a, en effet, décidé de planter son drapeau à Abidjan, principale métropole de la première économie francophone d’Afrique de l’Ouest. Redevenue stable après des années de luttes politiques et de combats entre les partisans du président Gbagbo et de son successeur Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire est redevenue fréquentable et la source de tous les espoirs dans un pays à nouveau en pleine expansion (7,9 % de croissance attendue cette année par le FMI, 9,4 % selon le gouvernement).
De façon concrète, la Fnac a conclu un partenariat avec le groupe Prosuma, créé en 1966 et leader de la grande distribution en zone francophone, avec 18 enseignes, 146 magasins employant près de 3 000 collaborateurs et exploitant la franchise de plusieurs marques françaises (Casino, Gifi). Deux magasins seront ainsi ouverts dans les centres commerciaux Cap Sud en décembre et Cap Nord en février 2016. Composée des produits et services du distributeur français, l’offre devrait y être similaire : livres, disques, DVD, gaming, billetterie, téléphonie, objets connectés, photo, TV, jeux et jouets, etc. Ces magasins doivent remplacer ceux de Prosuma, connus sous la marque Mediastore.