Investir dans le développement des infrastructures, notamment dans le port de Pointe-Noire, tel est l’objectif du Congo. Et ce, en dépit de la situation économique morose marquée par la chute des cours du pétrole, son premier produit d’exportation.
À quarante minutes à vol d’oiseau de Brazzaville, la capitale congolaise, sur la côte atlantique se trouve Pointe-Noire, ville portuaire d’environ un million d’habitants, plaque tournante de l’activité pétrolière et point de départ de l’unique ligne ferroviaire héritée de la colonisation française, ce qui lui permet de jouer un rôle de transit et de transbordement en Afrique centrale.
Pointe-Noire, deuxième ville et capitale économique du Congo, doit sa renommée à son port administré par le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN), établissement public jouissant d’une autonomie financière, un ouvrage qui fait l’objet depuis 2009 d’une concession de 25 ans, suite à un accord conclu entre les autorités congolaises et françaises. Depuis lors, le groupe français Bolloré, à travers sa filiale Congo Terminal, renforce les moyens logistiques de ce port qui, jusqu’au début des années 90, était un passage (d’exportation) incontournable pour le manganèse venant du Gabon voisin.
Depuis le début du projet d’extension et de modernisation, Congo Terminal a ainsi investi 235 milliards de FCFA. Pour la seule année 2016, le montant des investissements s’élève à 34 milliards de FCFA, dont 11 milliards de FCFA pour acquérir deux nouveaux portiques portant leur nombre à six. La capacité de traitement dépasse dorénavant un million de conteneurs par an contre 150 000 en 2009 et Congo Terminal a quasiment doublé ses surfaces de stockage, qui atteignent aujourd’hui plus de 32 hectares exploitables (dont 10 gagnés sur la mer). Cette surface devrait dépasser les 40 hectares dans un proche avenir, selon les prévisions.
Au nombre des performances enregistrées au port de Pointe-Noire, figure notamment la réduction du temps moyen à quai des plus gros navires de 3 jours à moins de 24 heures. À cela, il faut ajouter la suppression des attentes sur rade des navires porte-conteneurs, puis une grande capacité de manutention portuaire avec plus de 75 mouvements en chargement et déchargement par heure.
Malgré la conjoncture difficile de l’économie mondiale, due en grande partie à la chute des cours du pétrole, Bolloré tient à poursuivre ses investissements parce que convaincu que le port de Pointe-Noire est un des plus importants du Bassin du Congo ou encore du Golfe de Guinée. D’après sa direction générale, ses investissements devraient atteindre 545 millions d’euros.
Par ailleurs, dans l’ambition d’ouvrir davantage Pointe-Noire au reste du monde et de renforcer son statut de capitale économique, une aérogare moderne y a été construite et ouverte au public fin 2015. Sur cette nouvelle installation, où ne se traitent que des vols internationaux, on trouve quatre entrées publiques et une entrée VIP à ouverture automatique.
Selon le ministère en charge des grands travaux qui a supervisé la réalisation de cette aérogare (qui a coûté 41 milliards de FCFA), et conformément aux normes internationales en matière d’information, de sécurité et de connectivité aéroportuaire, ce terminal est équipé de 155 caméras de surveillance, 77 écrans de télé affichage, 15 scanners, 50 postes de défense incendie, 372 détecteurs automatiques d’incendies.
En vue de conforter sa vocation d’aéroport de classe internationale, il est envisagé, côté piste, une extension et la mise aux normes Boeing B747-800 pour atteindre une superficie de 140 000 mètres carrés contre 49 000 actuellement.
Dans le domaine terrestre, les autorités congolaises se proposent de mettre en concession la route « lourde » construite entre Pointe-Noire et Brazzaville entre 2007 et 2015. Longue de plus de 500 kilomètres, ce tronçon a mobilisé plus de 1 000 milliards de FCFA apportés par la Chine dans le cadre de l’accord de partenariat économique conclu en 2006.
Connectée à la nationale 2, qui relie Brazzaville à toutes les régions (ou presque) du centre et du nord du pays, la route lourde a détourné le trafic du bois produit au nord du Congo. Celui-ci emprunte cette voie jusqu’au port de Pointe-Noire où il exporte vers les pays de l’Union européenne (UE), et même la Chine qui est de loin le premier consommateur du bois congolais.
Avant la mise en exploitation de la route lourde, les grumes produites par les exploitants du Nord-Congo suivaient une longue voie carrossable de plus de 1 250 kilomètres jusqu’au port de Douala au Cameroun. Ce qui constituait un manque à gagner pour les impôts et les douanes congolais.
Comme la ligne du chemin de fer, la route lourde a la particularité de connecter l’océan atlantique au fleuve Congo et partant de faciliter l’écoulement des marchandises vers Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), vers la partie septentrionale du Congo, la République centrafricaine et même le Tchad qui n’ont pas de débouchés sur la mer.
Le port de Pointe-Noire et la route lourde qui la relie au port fluvial de Brazzaville devront être prolongés pour jouer un important rôle au-delà des frontières congolaises. Le projet pont-route-rail sur le fleuve Congo demeure d’actualité. Il y a cinq ans, la Banque africaine de développement (BAD) a affirmé avoir bouclé pour 3,7 milliards de FCFA (plus de 5,7 millions d’euros) les études de réalisation de ce projet dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
Le pont-route-rail en est justement la première composante, la deuxième étant le prolongement du chemin de fer Kinshasa-Ilebo (sud-est de la RDC) de 800 à 1 000 kilomètres. Des experts sont d’avis que, une fois réalisé, le pont-route-rail faciliterait les procédures (elles sont estimées à 16 selon les études de la Banque mondiale, ndlr) d’exportation et d’importation entre les deux cités qui (avec environ 14 millions de consommateurs) connaissent un important flux commercial. Plus loin, ce projet va rapprocher l’océan atlantique des grands lacs, du port de Mombassa au Kenya, bref de l’océan indien.
Autre acteur majeur de la logistique, le français Necotrans, depuis 2014, dispose d’une concession d’une durée de 15 ans pour la gestion du port autonome de Brazzaville et ports secondaires (PABPS). Les travaux, dont le coup de financement est estimé 24 milliards de FCFA (environ 37 millions d’euros), devraient être logiquement achevés en 2016.
Pour des raisons d’ordre technique, les équipements modernisés ne seront définitivement prêts qu’en 2017. Tout visiteur au port de Brazzaville constate qu’un mur de protection y a été érigé selon les règles de l’art. De nouvelles grues y ont été montées. De nouveaux quais, des terre-pleins ont été agrandis, et les équipements de levage et de pesage sont modernisés.
Par le port de Brazzaville transite le bois (débité et des grumes) produit par les sociétés forestières du nord-Congo. Necotrans a la mission également de changer l’image des ports secondaires du septentrion où les activités de chargement et déchargement des bateaux de grand tonnage ne sont exercées que par des dockers.
Le Congo se propose encore de cons-truire un port minéralier à Pointe-Noire. Objectif visé : accroître la capacité d’importation et d’exportation des marchandises du pays. Cette infrastructure sera construite sur une superficie de 9 km2 et comportera 31 postes à quai. Une centrale électrique, des unités de stockage, une usine de potasse, une fonderie, une raffinerie, un espace commercial.
Selon les études (officiellement bouclées), ce port recevra des navires ayant une capacité allant jusqu’à 300 000 tonnes. La capacité totale du trafic envisagée s’élève à 46 millions de tonnes, soit 40 millions de tonnes de fer, 3 millions de tonnes de potasse et 3 millions en poste multifonctions. S’agissant de la potasse, le Congo envisage d’en devenir un des premiers producteurs et exportateurs africains grâce à son projet de Mengo, près de Pointe-Noire, qui s’étend sur une superficie de 300 hectares.
Laudes Martial Mbon à Brazzaville
Les chiffres clés
Superficie : 342 00 km2
Population (millions, 2015) (1) : 4,4
Taux de croissance du PIB réel(1) : 2016 : 7,5 % (estim.) ; 2015 : 5,2 %
Revenu national/hab. en parité de pouvoir d’achat (dollar, 2014)(2) : 5 200
Produit intérieur brut (million de dollars, 2015)(3) : 8 533
Commerce extérieur :
Exportations (million de dollars, 2015)(3) : 4 650
Importations (million de dollars, 2015)(3) : 7 747
(exportations françaises (millions d’euros, 2015)(3) : 654,8 millions)
Classement « Doing Business 2016 »(2) : 176/189 (France : 27e)
Indice de perception de la corruption(4) : 146/168
Sources : (1) FMI. (2) Banque mondiale. (3) OMC et Global Trade Atlas (Groupe IHS) pour les exportations françaises. (4) Transparency international.