Comme premier fournisseur du Congo, la Chine a rattrapé la France. Mais Pékin s’intéresse aussi aux immenses ressources naturelles du pays africain, potasse et bois notamment. Le pétrole est plutôt l’affaire de Total.
La France demeure le premier partenaire économique et financier du Congo depuis son indépendance. Toutefois, elle est aujourd’hui talonnée par la Chine qui, depuis la fin de la décennie 90, monte en puissance, avec le financement et le préfinancement d’infrastructures de base.
De l’avis des observateurs économiques, la France et la Chine sont attirées par les ressources naturelles dont regorge le sous-sol congolais : la France y extrait le pétrole, première ressource d’exploitation et d’exportation. Le groupe Total est le tout premier opérateur au Congo où il s’est installé depuis 1968.
De source diplomatique, la France est le premier fournisseur du Congo, ex-æquo avec la Chine, avec 580 millions d’euros d’exportations en 2013 contre 590 millions d’euros en 2012, soit une baisse de – 1,3 %. Les exportations françaises vers le Congo se concentrent sur le poste Machines industrielles, machines agricoles et divers, soit 128 millions d’euros représentant 22 % du total. À cela, il faut ajouter les produits des industries agroalimentaires (78,7 millions d’euros), les produits pharmaceutiques (61,1 millions d’euros) et les équipements électriques et ménagers (44,9 millions d’euros). Pour la première fois depuis 2004, les importations françaises en provenance du Congo (essentiellement des hydrocarbures) ont fortement baissé, passant de 868,6 millions d’euros en 2012 à 424,6 millions d’euros en 2013.
Pékin, pour sa part, s’intéresse aux mines (la potasse en l’occurrence), sans oublier le bois, la deuxième ressource du Congo. La Chine est reconnue aujourd’hui comme le premier consommateur du bois congolais. L’ivoire congolais prend également la direction de la Chine, en dépit du fait que des organisations de défense de la nature affirment que la vente de l’ivoire (de nature notamment frauduleuse) renforce le braconnage et l’abattage des éléphants, une espèce intégralement protégée. En mars 2013, Brazzaville a accueilli pour la toute première fois la visite du président chinois Xi Jinping, juste quelque mois après sa désignation à la tête de l’État. À cette occasion, le dirigeant asiatique et son homologue africain Denis Sassou Nguesso ont conclu des accords de plusieurs millions d’euros en matière de coopération, communication, d’infrastructures et de banque.
Ces accords sont venus s’ajouter à ceux déjà en cours ou déjà exécutés, comme la construction de nouveaux quartiers et le financement de plus de 500 kilomètres de route entre Brazzaville et Pointe-Noire, la capitale économique et épicentre de l’activité pétrolière. L’or noir est une manne extraordinaire pour l’État, lui qui rapporte 5 milliards d’euros par an. Pour autant, plus de la moitié des 4 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
La Chine a également préfinancé à 85 % (sur 370 millions de dollars) le projet du barrage d’Imboulou (120 mégawatts), le plus grand du pays, opérationnel depuis mi-2011.
Le Congo va pouvoir compter davantage sur la Chine, car d’après le président Xi Jinping « la Chine va continuer à étendre ses investissements et poursuivre sa coopération avec l’Afrique, conformément à son engagement de fournir 20 milliards de dollars de crédits aux pays africains entre 2013 et 2015 ». Des analystes estiment que les entreprises chinoises sont parmi celles qui génèrent le plus d’emplois. Mais ces mêmes analystes soulignent aussi qu’avec ces sociétés « le rapport qualité-prix » laisse parfois à désirer.
Tout récemment la société chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), sous le contrôle technique de la société française Socotec, a réalisé, sur financement de l’État congolais, le Complexe sportif de Kintélé (banlieue nord), épicentre des derniers jeux africains. La construction de cette infrastructure a mobilisé un financement global annoncé de 510 millions d’euros.
Le complexe sportif dit de la Concorde – qui s’étend sur une superficie de 903,767 m² – comprend notamment un stade de football et d’athlétisme de 60 050 places, un palais des sports de 10 146 places, un complexe nautique de 2 028 places, un terrain de beach-volley, un terrain de beach football, un terrain de handball, des cours de tennis et de basket, des terrains annexes d’entraînement et d’échauffement, un centre média et administratif, un hôtel 4 étoiles, un centre de restauration, ainsi qu’un centre d’exposition.
Placée au 6e rang des partenaires commerciaux de la Chine en Afrique, la République du Congo compte sur l’apport de cette puissance économique pour réaliser son bond vers le développement et son émergence, et surtout pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée : depuis 2011, 100 étudiants congolais ont été envoyés pour apprendre divers métiers de génie-civile en Chine pour une durée de cinq ans. La première promotion finira la formation l’année prochaine.
Laudes Martial Mbon