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Cameroun : Yaoundé mise sur un nouveau partenariat économique avec l’Europe

Yaoundé va accueillir la 5e édition de son salon de l’entreprise et du partenariat Promote. Pour le Cameroun, seul pays d’Afrique centrale à ratifier cet été l’Accord de partenariat économique avec l’UE, c’est l’occasion de renforcer sa coopération avec la France et les entreprises du Vieux Continent.

Alors que l’Accord de partenariat économique (APE) intérimaire entre l’Union européenne (UE) et le Cameroun est appliqué depuis le 4 août dernier, 1 500 exposants d’Afrique centrale et d’autres régions du monde, surtout d’Europe, sont attendus à la 5e édition du Salon international de l’entreprise, la PME et du partenariat (Promote), qui se tiendra du 6 au 14 décembre, à Yaoundé. Ce sera l’occasion pour la délégation de l’UE d’y organiser, le 13 décembre, un atelier technique sur les réformes à engager, les enjeux, les mesures d’accompagnement et les bénéfices de cet APE pour les sociétés locales comme étrangères (lire encadré page suivante).

Un grand salon à dimension régionale à Yaoundé, une meilleure connaissance de l’APE Cameroun-UE, autant de raisons pour les exposants de Promote et les entreprises françaises de se mobiliser et de renouer avec un pays où leurs exportations tendent à diminuer depuis des années. « Il faut davantage diversifier nos ventes, sinon notre fléchissement va se poursuivre », craint Pascal Maccioni, chef du Service économique régional (SER) pour l’Afrique centrale, selon lequel les secteurs phare des exportations tricolores sont touchés, à savoir la pharmacie et l’agroalimentaire. Dans la farine par exemple, des livraisons transitant souvent par le Nigeria, le Maroc ou la Tunisie viennent renforcer l’offre sur le marché domestique et, dans les médicaments, la concurrence indienne, voire turque, s’accentue.

« Promote va permettre de remettre un coup de projecteur sur le Cameroun », se félicite le chef du SER à Yaoundé. Le Pavillon France devrait s’étendre sur 1 200 m2. « Une centaine d’entités seront présentes, des organismes comme l’Agence française de développement (AFD), le Cirad ou la banque publique Bpifrance qui confirme ainsi son intérêt pour l’Afrique, mais aussi des filiales d’entreprises françaises et surtout des PME venant de l’Hexagone », détaille Gérald Petit, le directeur du bureau régional d’Ubifrance à Douala.

À l’heure où nous écrivons, l’agence publique de développement des entreprises à l’international table sur 70 petites et moyennes entreprises en provenance de France, dont 90 % de nouveaux arrivants, grâce au partenariat noué par Ubifrance avec le réseau consulaire de cinq régions : Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France, Rhône-Alpes, Centre, Pays de la Loire. Au printemps dernier, le Word Trade Center (WTC) Nantes Atlantique a créé un club Afrique. « C’est à cette occasion, lors d’une vidéoconférence organisée avec Gérald Petit, que j’ai appris l’existence de Promote », relate éric Touret, gérant de Containers Solutions, une très petite entreprise (TPE) de trois salariés, spécialisée dans le négoce et la conception de solutions modulaires, notamment des bases vie, des bungalows et des bureaux de chantier en kit.

Comme la TPE de Saint-Brévin-les-Pins (1,2 million d’euros de chiffre d’affaires en 2013, dont 35 % à l’export) connaît déjà l’Afrique, notamment le Cameroun, elle s’est informée sur place, puis a décidé d’accepter l’offre de packaging d’Ubifrance (présence sur le Pavillon France et rendez-vous B to B à Douala). « Promote est une opportunité de rencontrer des clients dans un endroit unique. Nous allons aussi pouvoir réactiver des contacts avec Bolloré, Sodexo, Razel ou Sogea Satom. Et cela pour un coût tout à fait raisonnable, d’autant que la Région Pays de la Loire nous a accordé un crédit d’impôt de 50 % sur deux ans dans le cadre de notre développement international », raconte Éric Touret.

Pour autant, la TPE de Loire Atlantique n’attend pas de retour immédiat de Promote. « Nous serons deux à la manifestation. Le premier restera sur le stand et le second se déplacera dans le salon. Mais a priori nous ne nous attendons pas à faire du business tout de suite. Nos produits coûtant entre 3 500 et 4 000 euros départ usine, nous tablons plutôt sur le moyen et le long terme et donc comptons plutôt sur le suivi des contacts noués pendant le salon pour gagner des affaires », précise le gérant de Containers Solutions.
Au total, la délégation des Pays de la Loire devrait compter douze sociétés. Bpifrance devrait aussi participer avec quinze entreprises, à l’instar de JP Energie Environnement (JPEE), une PME de 25 salariés ayant obtenu du ministère camerounais de l’Énergie l’accord de principe pour développer une centrale photovoltaïque au sol de 30 mégawatts (MW) à Soa, à 20 kilomètres au nord de Yaoundé. Comme pour Containers Solutions, il s’agit de sa première participation à un salon et, en ce qui la concerne, également sa première expérience à l’international.

« Le principe de la location d’une durée de 30 ans pendant l’exploitation de la centrale est retenu et un terrain de 50 hectares a été également trouvé. Maintenant, nous attendons le permis de construire, dimensionnons le projet, étudions son coût et la meilleure solution pour injecter l’électricité sur le réseau existant », décrit Xavier Nass, le directeur général de JPEE, à Paris. Le prix de vente d’un kilowatt (kw) devrait être inférieur au kw produit avec du pétrole ou du gaz (20 cens/kw au lieu de 25 à 30 c/kw). Pour autant, il faut trouver les fonds permettant de compléter un investissement de l’ordre de 50 millions d’euros. L’AFD, la Banque européenne d’investissement (BEI) peuvent être sollicités. Mais Xavier Nass espère aussi toucher à Promote, outre les instances gouvernementales et des constructeurs, des banques locales.

Tout comme Containers Solutions et JPEE, MGC International exposera pour la première fois à Promote. À l’origine un grossiste en cosmétiques pour les salons de coiffure qui s’est ensuite diversifié dans la distribution de produits ethniques, ce groupe international est présent depuis 30 ans en Afrique – notamment dans les pays francophones, comme le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Gabon – où il réalise ainsi 30 % de ses exportations. Comme fabricant, il commercialise des produits du mass market, sous marque propre, tous Made in France.

« Ce que nous cherchons à Promote, c’est de la visibilité pour le lancement de notre nouvelle gamme sélective White 225, avant le lancement officiel qui aura lieu début 2015 à Douala. Nous allons donc créer des animations, inviter les pharmaciens, para pharmaciens et parfumeurs. En outre, comme notre réseau est surtout développé à Douala, ce sera l’occasion de renforcer notre couverture camerounaise sur Yaoundé », souligne Viriginie Debry, responsable Export de MGC International (40 % à l’export).

Le spécialiste des cosmétiques ethniques présentera sa nouvelle gamme sélective sur un stand de 9 m², avec un fond aux couleurs de l’entreprise, notamment le rouge qui sera omniprésent sur le mobilier, les posters, kakémonos et roll up (enrouleurs ou kakémonos dépliants). « Pour créer le buzz et promouvoir notre nouvelle gamme, nous allons également jouer sur le code vestimentaire de notre équipe sur place, et, bien sûr, préparer de nombreuses animations », complète Mélissa Samey, chef de projets chez MGC International.
Organisé par la fondation Inter-Progress sur un vaste espace de 5,6 hectares (ha), dominé par le Palais des congrès de la capitale politique, Promote 2014 devrait attirer quelque 135 000 visiteurs, au lieu de 127 500 lors de la précédente édition en 2011. Parmi les exposants, on s’attend aussi à la venue de 400 PME d’Afrique centrale.

Quelque 80 conférences-débats devraient encore être proposés par les exposants et les institutions présentes. Des ateliers sur l’action de la France au Cameroun, son attractivité, le climat et les énergies renouvelables devraient ainsi être montés par différents organismes (AFD, Institut français au Cameroun/IFC, Cirad, Institut de recherche pour le développement/ IRD, Bpifrance…). Preuve de l’intérêt de la banque publique pour l’Afrique, elle serait fortement représentée. À défaut de son directeur général, Nicolas Dufourcq, un temps espéré, ce ne sont pas moins de quatre de ses cadres qui devraient faire le déplacement : Joël Darnaud, le directeur exécutif en charge du financement et du pilotage du réseau, Alain Renck, directeur de l’International, Éric Tainsh, responsable Bpifrance Export, et Pedro Novo, directeur Paris de Bpifrance.

Par ailleurs, Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur, devrait inaugurer la journée française, le 10 décembre, en présence de l’ambassadeur de France au Cameroun, Christine Robichon, et du président d’Ubifrance, Jean-Paul Bacquet. Enfin, Gérald Petit prévoit que pendant le salon des entreprises africaines souhaiteront rencontrer des homologues françaises. Elles pourront ainsi se rendre sur le stand d’Ubifrance (E 4). Mais elles peuvent aussi consulter le site Internet du salon à la rubrique des rendez-vous B to B pour solliciter des rendez-vous.

François Pargny

Négociations de l’APE : le Cameroun veut protéger la banane et le bois

Seul pays d’Afrique centrale à conclure un accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), le Cameroun a entamé avec la Commission européenne les négociations visant à libéraliser son marché. « En fait, le démantèlement va s’étaler sur 15 ans, le gouvernement souhaitant préserver certains produits sensibles comme la banane ou encore le bois, pour lequel il peut engager une transformation à l’instar du Gabon », explique Pascal Maccioni, chef du Service économique régional (SER) pour l’Afrique centrale, basé à Yaoundé.
« À ce stade, insiste-t-il encore, ce qui importe, c’est que les règles du jeu sont sur la table et que les deux parties savent où elles vont ». L’accord, appliqué depuis le 4 août, prévoyait aussi le libre accès au marché européen à compter du 1er octobre. Pourtant, l’État camerounais a parfois peiné à convaincre le secteur privé local qui craint de perdre des parts de marché, malgré la durée assez longue pour s’adapter. Malgré également les promesses du gouvernement d’aider les entreprises à se muscler. Une préparation et une mise à niveau à laquelle l’UE a promis aussi de participer, en s’engageant notamment à favoriser le renforcement des capacités de production au Cameroun. Les montants et les instruments financiers sont au cœur des négociations entamées.

Chiffres clés
Superficie : 475 442 km2
Population : 21,9 millions d’habitants en 2013
Produit intérieur brut (PIB) nominal : 27,88 milliards de dollars en 2013, 30,41 milliards en 2014*
PIB par habitant : 1 268 dollars en 2013, 1 349 dollars en 2014*
Croissance économique : 5,5 % en 2013, 5,1 % attendus en 2014*
Inflation : 2,5 % en 2013, 2,5 % en 2014*
Importations de biens : 7 milliards de dollars en 2013
Exportations de biens : 4,2 milliards de dollars en 2013
Sources : FMI – World Economic Outlook Database ; CIA – The world factbook ; OMC.
*Donnée estimée

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