Le Moci. Vous avez racheté Total Alimentos. Pour quelles raisons ?
Hubert de Roquefeuil. La société a une présence ancienne au Brésil où elle est le leader du marché des aliments pour animaux de rente (porc, volaille, aquaculture, etc.). En rachetant Total Alimentos, nous sommes devenus le nº 3 du marché des aliments pour animaux de compagnie (« petfood »), devant Nestlé. Le Brésil compte aujourd’hui 60 millions d’animaux de compagnie (chiens et chats), soit trois plus qu’en France. L’élargissement de la classe moyenne s’accompagne d’une augmentation du nombre de ces animaux (4 % par an) et du budget des ménages consacré aux dépenses d’alimentation. Le marché brésilien est très développé, avec un secteur super premium (produits bio pour animaux, boutiques spécialisées ouvertes 24 heures sur 24, etc.) et snacks en forte croissance. Total Alimentos propose une offre complète dans le « petfood », y compris dans le super premium, et permet de renforcer notre présence dans la nutrition animale (vache laitière, cheval, aquaculture). C’est un acteur majeur du marché qui dispose de vrais savoir-faire et de partenariats avec des universités de renom mondial.
Le Moci. Comment évolue votre chiffre d’affaires ?
H. de R. Notre exercice budgétaire s’est terminé le 30 juin 2015 et l’acquisition de Total Alimentos s’est traduite par une hausse de 70 % de notre chiffre d’affaires. Au-delà, à périmètre constant, la progression a été de 11 % en valeur, soit davantage que l’inflation. Le Brésil est ainsi devenu notre premier marché.
Le Moci. La crise ne vous effraie-t-elle pas ?
H. de R. L’économie est en récession cette année et le pays est confronté à de lourds défis : fiscalité complexe ; scandales liés à la corruption ; coût élevé de la main-d’œuvre, plus chère qu’au Portugal, et de l’électricité ; déficit d’infrastructures, etc. Nous pensons, cependant, que le pays dispose de très gros atouts – population jeune, taille du marché intérieur, potentiel agroalimentaire, etc. – et le gouvernement brésilien a engagé une politique de redressement. Nous sommes donc confiants dans la capacité du Brésil à régler ses problèmes à moyen terme et notre stratégie s’inscrit résolument dans une perspective de long terme.
Propos recueillis par Daniel Solano