Les problèmes du Brésil ne doivent pas masquer l’existence de réelles possibilités d’affaires dans les secteurs les plus variés : agroalimentaire, industrie, services, etc. La clé du succès réside dans la capacité à offrir des produits ou des services innovants et à s’adapter à un environnement des affaires qui reste peu favorable aux PME.
« Dès qu’une entreprise a un produit ou un service innovant, cela vaut la peine de venir au Brésil. Il y a un déficit d’innovation et il y a peu de start-up locales » affirme Benjamin Quick, responsable du bureau de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France (CCIP-IdF) au Brésil. Les possibilités concernent une large variété de secteurs.
L’agriculture offre un gros potentiel. Le Brésil est le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires après les États-Unis et le seul pays de la planète qui soit en mesure d’augmenter massivement sa production pour répondre à la progression attendue de la consommation mondiale. Il a développé de vrais savoir-faire, grâce en particulier à l’Embrapa, l’équivalent de l’INRA.
« Pour nos PME françaises, il y a des marchés potentiels pour les innovations technologiques, en particulier celles qui économisent les intrants (les machines agricoles de dernière génération), l´aide à l´élevage semi-intensif (un des défis futurs du Brésil pour les bovins), l´informatisation et dérivés » souligne Jean Paul Illy, Délégué Amérique latine du Groupe Crédit Agricole.
Autre gisement : la transformation des produits, « Tout ce qui touche à la vigne et aux fruits, aux produits haut de gamme, la filière laitière au sens large restent porteurs. Ce marché est aujourd’hui dominé par de très grands groupes notamment dans le domaine du sucre et des viandes bovines et volailles. Le développement de PME ne peut donc reposer, comme pour le domaine agricole, que sur une stratégie de niche ou sur l’innovation » souligne Jean-Paul Illy.
Lactalis, qui a pris le contrôle du fabricant de fromages Balkis en 2013, est en processus de reprise de plusieurs actifs de LBR-Lacteos, dans le cadre d’une stratégie agressive de développement de sa présence au Brésil. Nutrition & Santé, le leader européen de l’alimentation diététique et biologique, vient de racheter Jasmine, leader du marché brésilien de la diététique.
Ce besoin de savoir-faire est également perceptible dans le secteur des infrastructures. L’administration de Dilma Rousseff a donné une impulsion décisive à la participation du secteur privé dans les infrastructures, notamment les aéroports et les autoroutes. Plusieurs aéroports importants sous gestion désormais privée (Brasilia, Guarulhos, Campinas) ont fait l’objet d’investissements importants de modernisation et d’extension de capacité, qui ont permis une augmentation substantielle du trafic pendant le premier semestre de 2014. Quel que soit le futur locataire du Planalto à compter du 1er janvier 2015, cette stratégie sera maintenue et amplifiée.
C’est le cas en particulier des ports ou les possibilités offertes par la nouvelle loi portuaire de juin 2013 ne se sont pas encore concrétisées. Dans le secteur ferroviaire, les projets ambitieux prévus par le Programme d’investissements en logistique (PIL), lancé le 15 août 2012, n’ont pas abouti, le gouvernement n’ayant pas réussi à mettre en place un « business model » suffisamment attractif pour les investisseurs privés. Cependant, le développement du fret ferroviaire est incontournable, notamment pour améliorer la compétitivité du secteur agricole.
« Dans les prochaines années, le Brésil sera la source de nombreuses opportunités dans le secteur ferroviaire. Les entreprises françaises devraient commencer leurs prospections déjà en 2014. Les Russes et les Chinois sont très actifs et veulent remporter les meilleurs projets » indique Paulo Antonio Pieroni Jabur, directeur de BrasFran Commerce International & Conseil, un cabinet de conseil spécialisé notamment dans le secteur ferroviaire.
Si le futur projet de TGV Campinas-São Paulo-Rio de Janeiro est incertain, le développement des transports urbains a reçu une impulsion décisive grâce aux financements fédéraux mis en place à l’occasion des grandes manifestations sportives (Coupe du monde de football de 2014 et Jeux olympiques de Rio de Janeiro). En dépit des retards, les projets commencent à aboutir, comme le monorail de São Paulo, qui vient d’être mis partiellement en service en août, et les investissements devraient se poursuivre. Les gouverneurs et les maires sont désormais soumis aux demandes des populations, à 85 % urbanisées, qui souhaitent de meilleurs systèmes de transports et, plus généralement, des villes plus « habitables ». L’offre française est parfaitement en phase avec ces évolutions.
Les exigences en matière d’environnement sont désormais prises en compte. Pendant longtemps, les administrations ont négligé l’assainissement des eaux usées et le traitement des déchets. Ce n’est plus le cas et le retard à rattraper est gigantesque. Le cas du groupe
Vauché, qui a obtenu un premier contrat pour l’installation d’un centre de tri mécanisé à São Paulo, grâce à un savoir-faire qui n’existe pas au Brésil, est de ce point de vue un bon exemple des possibilités existantes pour les entreprises françaises (voir ci-dessous).
Daniel Solano
Un premier contrat prometteur pour Vauché
Le Brésil accuse un gros retard en matière de traitement des déchets, qui constitue une opportunité pour les sociétés en mesure d’apporter les savoir-faire adaptés. Le groupe Vauché, spécialisé dans la conception, la construction et l’installation d’équipements dédiés à l’environnement, a obtenu en 2013 un contrat pour la fourniture à la société EcoUrbis d’un centre de tri mécanisé des déchets à São Paulo, une première au Brésil. Cette société assure la collecte et le traitement des déchets dans 19 des 32 arrondissements de la grande métropole brésilienne, soit plus de 6 millions d’habitants. L’inauguration a eu lieu le 16 juillet 2014 en présence du maire de São Paulo, Fernando Haddad, et de l’ancien président Lula. « 250 tonnes de déchets sont traitées chaque jour » affirme Kevin Bretzner, chargé de projets de Vauché Latina, la filiale brésilienne. C’est un beau succès pour cette PME de Sedan qui a remporté ce marché suite à un appel d’offres très concurrentiel et qui a su surmonter les obstacles inhérents au Brésil. Faute de technologie locale, une partie des équipements a été importée d’Europe, ce qui n’est jamais facile au Brésil. Il a fallu aussi identifier des fournisseurs brésiliens offrant les standards de qualité et de professionnalisme requis pour ce type de projet. Ce premier contrat est une référence de premier ordre sur un marché à fort potentiel. « Nous avons beaucoup de projets » note Kevin Bretzner qui rappelle cependant que les négociations sont difficiles. Ce contrat montre que le Brésil offre des opportunités pour les PME disposant de solutions innovantes.