Destinations d’affaires 2019 : Vinexpo se renforce à Bordeaux et s’installe à Paris

L’organisateur français, en plus de son navire amiral à Bordeaux les années impaires, proposera un nouveau rendez-vous à Paris les années paires à partir de 2020. Cette stratégie a un double objectif : assurer une présence sur le marché tous les ans et présenter une offre complémentaire en termes de produits. En effet, si Paris doit attirer une majorité d’exposants dans les spiritueux, Bordeaux reste une biennale avec une très forte proportion d’exposants dans le vin.

Du 13 au 16 mai 2019, Vinexpo Bordeaux fêtera son 20e anniversaire. Les dates ont été choisies pour que la manifestation coïncide avec l’inauguration du nouveau hall 2 du Centre des expositions de Bordeaux (CEB). D’un coût proche de 35 millions d’euros, cet équipement est très attendu des professionnels, ces dernières années très agacés par les déficiences du système de climatisation et la vétusté des toilettes. Preuve que les Bordelais prennent le taureau par les cornes, la rénovation du hall 1 leur a même été promise pour les années à venir. Bordeaux reste « le navire amiral » de Vinexpo. Il n’a « jamais été question de quitter le bateau », assurait, le 18 septembre à Paris, Patrick Seguin, président du directoire de Vinexpo et de la CCI Bordeaux Gironde, faisant allusion à la volonté de l’organisateur bordelais de créer les années paires un salon à Paris (la première fois en 2020 du 13 au 15 janvier). « C’est le contraire. Nous renforçons Vinexpo Bordeaux », exposait Patrick Seguin. C’est ainsi que l’organisateur spécialisé a conclu à Bordeaux toute une série d’accords avec des partenaires locaux, d’abord, avec le CEB pour organiser sur place son salon bordelais jusqu’en 2023, ensuite, séparément avec la Métropole tenue par Alain Juppé, la Région Nouvelle Aquitaine présidée par Alain Rousset et le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) piloté par Alan Sichel.

En améliorant son offre à Bordeaux et en s’implantant à Paris, la société Vinexpo, fondée en 1981 à l’initiative de la CCI de Bordeaux, cherche à contrer une concurrence de plus en plus vive. Dans la capitale française, Comexposium étend son offre de salons (lire encadré, ci-dessous). Dans la capitale de Gironde, Vinexpo doit être un salon « premium » et un « centre d’excellence », avec des professionnels sélectionnés, pour se démarquer du « gigantisme » du Salon international des vins et spiritueux Prowein, à Düsseldorf, soutenait le président de son Conseil de surveillance, Christophe Navarre.

Il a été ainsi décidé de mettre les petits plats dans les grands. à Bordeaux, l’offre de services va être relookée, avec la mise à disposition d’un City Pass Vinexpo donnant un accès gratuit au réseau de transport TBM (tramway et bus) et d’avantages divers, tel que des entrées gratuites aux musées à la Cité du vin. Bordeaux sera pavoisé, un système d’accueil et d’information, avec des hôtesses trilingues, sera mis en place dans les trams, à la gare de Bordeaux Saint-Jean et l’aéroport Bordeaux-Mérignac.

L’appui financier de la Région sera également utile à l’organisation d’un symposium international, le 14 mai. Le sujet : l’impact des changements climatiques sur la filière des vins et spiritueux. Les acteurs : des experts internationaux et de l’Institut de la vigne et du vin. Le CIVB et l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB) devraient apporter chacun leur pierre.

Le CIVB et surtout l’UGCB se seraient engagés à inciter les châteaux bordelais à réduire le nombre de soirées d’invitation privées pendant Vinexpo. Cet engagement est d’autant plus important pour les organisateurs qui vont innover de deux façons : d’abord, la veille du salon, avec la Grande Dégustation ouverte au grand public au Palais de la Bourse (propriété de la CCI Bordeaux Gironde) – selon Christophe Navarre, « la rencontre avec le consommateur final a pris de l’importance dans la conquête des marchés et la recherche de nouveaux clients » ; ensuite, avec les Dîners du Palais (de la Bourse), les 13 et 14 mai, opportunités dont les exposants pourront se saisir pour accueillir leurs invités.

« On n’empêchera pas certains châteaux, dont certains n’exposent même pas à Vinexpo, de profiter du salon pour inviter leurs clients. Mais l’enjeu va au-delà du salon et de sa société. Vinexpo est une société française et j’en fais une affaire personnelle. Il faut jouer collectif », a martelé, le 18 septembre devant les journalistes parisiens, Christophe Navarre. Dernière nouveauté, les organisateurs vont manger un peu sur le secteur de la restauration en attirant l’Agence de l’alimentation Nouvelle-Aquitaine (AANA), une organisation régionale qui a promis d’organiser son opération food meeting durant le salon.

Vinexpo ne quitte pas Bordeaux pour Paris, certes. Mais Paris ne risque-t-il pas de cannibaliser Bordeaux ? « Non, Paris ne va pas bouffer Bordeaux », défendait Patrick Seguin. Selon lui, les deux évènements sont « complémentaires » pour au moins deux raisons : « ils sont prévus en alternance, ce qui permettra à Vinexpo d’être présent chaque année sur le marché et de ne pas laisser le champ libre à la concurrence ». Par ailleurs, si la manifestation bordelaise est « très vin », l’objectif à Paris est d’en faire « un rendez-vous mondial très spiritueux ». De façon claire, la majorité des exposants devra disposer d’une offre de spiritueux. Pour y parvenir, la stratégie serait relativement simple : attirer de grandes marques qui ne viennent plus à Bordeaux  et offrir une plateforme aux petites marques, notamment les fabricants de produits locaux dits « crafts ».

L’idée est d’abandonner les stands classiques pour un espace bar, plus propice aux présentations, aux échanges et aux concours de mixologie. Ces compétitions seraient un plus pour découvrir des crafts, des produits de petites sociétés et start-up. Enfin, il s’agit de présenter les tendances de la consommation mondiale.

François Pargny

Les rendez-vous mondiaux à Paris et Bordeaux

« On a discuté, mais on ne s’est pas entendu ». Le 18 septembre, Patrick Seguin, président du directoire de Vinexpo et de la CCI Bordeaux Gironde, confirmait l’échec des discussions avec Comexposium. L’organisateur bordelais et la société parisienne ont tous deux décidé au même moment d’implanter un salon des vins dans la capitale française. Un partenariat pouvait s’envisager pour faire pièce au salon allemand de Düsseldorf, Prowein. Il n’en sera rien, chacun montant sa propre opération.
Du coup, la 20e édition du Vinexpo Bordeaux se tiendra du 13 au 16 mai 2019, et le duo Vinisud (vins méditerranéens) et Vinovision (vins septentrionaux), proposé par Comexposium, trois mois plus tôt à Paris du 10 au 13 février. Le premier est une biennale, le second est annuel. Toutefois, Vinexpo en s’implantant à Paris les années paires à partir de 2020 pourra être présent sur le marché mondial tous les ans en proposant une offre. Le premier Vinexpo Paris est ainsi prévu à la Porte de Versailles du 13 au 15 janvier 2010. 

Comment Vinexpo se déploie dans le monde

Le renforcement de son navire amiral à Bordeaux, l’accostage en 2020 dans la ville Lumière n’empêchent pas Vinexpo de poursuivre son essor à l’international. Avant même Bordeaux, ce sera New York, les 4 et 5 mars 2019, avec un doublement des surfaces attendu. L’année suivante, après Paris, ce sera Hong Kong, où Vinexpo sera monté pour la 20e année, avec, en l’occurrence, des surfaces également en augmentation.
Enfin, du 23 au 25 septembre, la deuxième édition de Vinexpo Explorer après l’Autriche s’est tenue aux États-Unis dans le comté de Sonoma, où quelques acheteurs de 25 nationalités ont rencontré 60 producteurs de ce vignoble moins connu que la Napa Valley. Cet évènement, dédié toujours à une région qui n’est pas la plus réputée, se déroulera en septembre 2019 en France dans le beaujolais. Ce concept premium a été conçu par l’ancien directeur général de Vinexpo, Guillaume Déglise, qui n’a toujours pas été remplacé.
Les candidatures à ce poste ne manqueraient pas, mais, pour l’instant, aucune n’aurait satisfait le Conseil d’administration très international de Vinexpo (composé, outre de Français, d’un Italien, d’un Japonais ou d’un Chinois). Reste le cas de Vinexpo Tokyo, tenté mais pas renouvelé, en raison des coûts astronomiques rendant toute rentabilité d’une manifestation aléatoire.
Le président du directoire, Patrick Seguin, affirme que Vinexpo au Japon n’est pas abandonné et qu’il est « à la recherche d’un partenaire sur place ». D’après nos informations, les organisateurs seraient enclins à délaisser le salon traditionnel pour un autre format, peut-être une grande dégustation.