Partie prenante de l’Equipe de France à l’export, les CCEF sont unanimement appréciés. A commencer par les ambassadeurs qu’ils informent de la situation économique, mais aussi en Région, où on les associe à l’élaboration des politiques d’internationalisation. Mais aussi des opérateurs, comme Business France, dont ils sont complémentaires. Enfin des entrepreneurs, heureux que des pairs les conseillent ou ouvrent des portes.
Dans leurs pays d’affectation, les ambassadeurs de France à l’étranger, sans exception, utilisent le réseau des conseillers du Commerce extérieur de la France (CCEF). Preuve en est les témoignages recueillis le 29 août lors du speed dating avec des entrepreneurs français qui se sont tenus à Paris dans le cadre de la Semaine des ambassadeurs (29 août-2 septembre).
« Vous voyez, explique ainsi au Moci Philippe Etienne, en poste à Berlin, je viens de rencontrer un dirigeant dont je sais déjà que je peux l’orienter vers un CCEF en Allemagne susceptible de l’aider dans son secteur ».
Tous les ambassadeurs rencontrés sont unanimes : « les CCEF sont indispensables et incontournables ». Et, du coup, ils se félicitent, sans exception, des échanges d’informations réciproques. « Dans une nation comme le Mozambique, décrit ainsi Bruno Clerc, ambassadeur à Maputo, ce sont des conseillers de l’ambassade. La situation économique y est difficile et leur aide est donc importante.
Pour des sujets plus spécialisés, il est bon pour le responsable que je suis de pouvoir m’appuyer sur des spécialistes, comme ceux de la Société Générale, par exemple, pour les questions financières. De mon côté, à chacune de leurs réunions mensuelles, aux CCEF je fais un point sur la situation politique, ce qu’ils apprécient ».
En Hongrie, rapporte, pour sa part, Eric Fournier, en poste à Budapest, « les conseillers du Commerce extérieur se réunissent au moins une fois par mois dans les locaux du Service économique pour des échanges sur la situation économique et politique qui durent en général deux heures ». Pour ce diplomate, ces bénévoles en entreprise sont d’autant plus « incontournables » que l’image de la Hongrie, à son grand regret, n’est pas bonne dans l’Hexagone ou tout au moins ne correspond pas au poids commercial du pays pour la France. « La France y exporte plus qu’au Mexique et en Inde et même en Pologne rapporté à la population totale ».
« Incontestablement, les remontées d’informations, les analyses sur l’état de l’économie, sa compétitivité par les CCEF nourrissent ma propre analyse », confie pour sa part Charles Fries, ambassadeur de France en Turquie. « Dans un Etat aussi vaste que le Brésil, renchérit Laurent Bili, son collègue en poste à Brasilia, leurs informations, leurs analyses sont d’autant pertinentes que le réseau couvre bien l’ensemble du territoire ». Les CCEF du Brésil et de l’Argentine se sont mêmes rassemblés à Buenos Aires pour échanger sur ces deux nations d’Amérique du Sud très liées économiquement. Une conférence qui ne sera pas renouvelée chaque année parce que le thème ne le justifie pas, mais aussi parce qu’il « ne faut pas demander aux CCEF plus qu’ils ne peuvent donner ».
« Les CCEF sont des bénévoles, qui acceptent d’aider, de partager, mais aussi des hommes d’affaires très pris », pointe Laurent Bili. En revanche, tous les ans en septembre à Brasilia, le comité Brésil se réunit et c’est l’occasion d’un grand rassemblement avec les opérateurs et acteurs du dispositif de soutien aux entreprises françaises, l’équipe de France locale à l’export : Business France, Chambre de commerce France-Brésil (CCFB), etc. Des têtes d’affiches sont invitées, comme le ministre des Finances brésilien. Au sein de cette équipe de France, selon l’ambassadeur, les membres s’entendent bien. Ils se retrouvent aussi à Sao Paulo, pour le forum de l’Innovation France-Brésil.
Selon Charles Fries, « les CCEF constituent une véritable force de proposition, utile à renforcer la position de la France sur le marché turc ». D’ailleurs, confie-t-il, « avec le conseiller économique, nous les faisons travailler sur des sujets différents qui nous paraissent pertinents en fonction de l’actualité, comme l’immobilier ou encore les grands projets d’infrastructures du président Erdogan sur lesquels l’expertise française doit absolument se positionner. Et, en coopération avec le réseau des CCEF en Iran, nous travaillons sur l’idée d’utiliser la Turquie comme plateforme de projection sur le marché iranien ».
Dans le cadre de la diplomatie économique, et à l’instar de ses collègues ailleurs dans le monde, Charles Fries a constitué un Conseil économique auxquels participent plusieurs CCEF. Dans un pays comme la Turquie, où existe selon lui une certaine « étanchéité entre le politique et l’économique », les CCEF l’aide à rester « vigilant ». A cet égard, le diplomate « veille » à ce que leur réseau représente l’ensemble des secteurs d’activité et « pas seulement à Istanbul ».
Sophie Clavelier, directrice Côte d’Ivoire de Business France
« Il sait ce que veut dire le partenariat »
Quand on lui parle des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), Sophie Clavelier, directrice depuis un an du bureau de Business France à Abidjan, est tout de suite enthousiaste. « En avril dernier, nous avons préparé ensemble avec le comité Côte d’Ivoire des CCEF le premier Forum d’affaires France-Afrique de l’Ouest et centrale, sur le thème de la Ville du Futur. On se réunissait toutes les semaines et nous nous sommes parfaitement entendus ».
« L’ambiance de travail était véritablement cordiale », renchérit la responsable de l’agence publique, qui rappelle que, dans le cadre de la convention de partenariat conclue par la maison mère à Paris, le Comité national des CCEF (CCEF) et la direction générale du Trésor, la Côte d’Ivoire a été un des premiers pays où cet accord a été décliné. Du coup, elle participe, au même titre que le chef des Services économiques, à toutes les réunions des CCEF et entretient une relation directe avec le référent PME du comité Côte d’Ivoire, Thierry Court, un auto-entrepreneur, dont la société d’installation électrique et de plomberie, Tieri SA, est sous-traitant de nombreux groupes français. « Non seulement il connaît ce pays d’Afrique depuis plusieurs années, mais il sait ce que veut dire le partenariat », se félicite Sophie Clavelier, qui explique que si Business France réalise des études de marché, aide les entrepreneurs à prospecter, à trouver des partenaires potentiels qu’ils qualifient ensuite, le référent PME est très utile ensuite pour leur éviter des écueils, l’informer des bonnes pratiques sur place, voire lui conseiller de ne pas se lancer.
Business France et les CCEF de Côte d’Ivoire coopèrent encore étroitement dans l’animation du groupe des Volontaires internationaux en entreprise (V.I.E). Le comité Côte d’Ivoire des CCE pilote ainsi le Club des V.I.E, avec l’appui du bureau de l’agence publique, qui est chargée par l’État français de la gestion générale de la procédure du V.I.E. Le Club a d’autant plus d’importance « qu’il y a toujours des V.I.E qui partent et, pour nous, les ex-V.I.E doivent devenir les CCEF de demain dans le monde », soutient la directrice de Business France à Abidjan.
À partir de la capitale économique de Côte d’Ivoire, Sophie Clavelier est chargée également du suivi du Mali, du Burkina Faso, du Sénégal et du Ghana. Elle se déplace, mais pas forcément tous les mois, au Sénégal et au Ghana et une antenne a aussi été ouverte à Dakar, « mais, forcément, les relations sont moins formalisées, les comités pays des CCEF sont plus petits ». Au Ghana, nation anglophone, les synergies au sein de l’Équipe de France à l’export sont favorisées par les relations étroites qu’entretiennent le comité des CCEF et la Chambre de commerce France-Ghana, Patrick Prado, directeur général d’Allianz présidant les deux organismes.
François Pargny