On
l’ignore souvent mais, dans le secteur des technologies pour sécuriser des
documents d’identité, les champions mondiaux sont très souvent français. Ils
s’appellent Gemalto (qui affirme être le leader mondial de la sécurité
numérique), Oberthur Technologies (leader mondial des technologies de sécurité,
racheté l’année dernière par le fonds américain
Advent International), Morpho (filiale de Safran, numéro un mondial de
la biométrie), ou Hologram Industries (spécialisée dans la sécurisation des
documents d’identité grâce à un film optique). Or ce marché en est plein boum.
Selon
le syndicat de la profession, le Groupement des industries
de composants et de systèmes électroniques (Gixel), le marché européen des
équipements de sécurité est évalué à 25 milliards d’euros, avec une prévision
de croissance de 8% en moyenne entre 2009 et 2014. A l’échelle mondiale,
les estimations varient un peu plus. Le cabinet Global Industry Analysis estime
que le marché de la biométrie atteindra 14 milliards de dollars en 2015, dont
les Etats-Unis et l’Europe en représenteront 60%. De son côté, le cabinet
Market & Markets est plus prudent, prévoyant un marché de 11,2 milliards de
dollars en 2015, dont presque 30% seront de la reconnaissance des empreintes
digitales. Comme son confrère, il pense que 57,7% proviendra de l’ensemble
Amérique du Nord-Europe.
Pour autant, les pays émergents sont des marchés à ne surtout pas
négliger par les entreprises du secteur. C’est le cas de la
PME Hologram Industries (43,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont la moitié en documents d’identité) qui a décroché des marchés en Chine et au Mexique, voir notre photo du jour. La
technologie utilisée est un film plastique très fin avec des hologrammes
insérés dans le matériau. Il est difficilement reproductible et toute tentative
pour l’enlever arrache le support.
Hugues Souparis,
président-fondateur a déclaré le 23 mai à notre confrère BFM Business TV :
«En fait, les Chinois ont commencé par vouloir essayer de créer une technologie
similaire. Ils n’y sont pas parvenus, d’autant que les services de sécurité de
nombreux pays sont très stricts quant à la qualité du passeport et à
l’hologramme qui est inséré». Aussi, ils ont lancé un appel d’offres
international remporté par l’entreprise française. Elle n’était pas une
inconnue pour les Chinois car «on travaille là-bas depuis douze ans mais sur de
très petits projets ponctuels».
Le contrat du passeport électronique chinois
est un contrat habituel pour l’entreprise francilienne : «la Chine émet 10 millions de
passeports par an et, avec les renouvellements, on peut arriver à 35 millions. Evidemment, nous visons aussi les multiples cartes pass que les Chinois doivent
utiliser pour se rendre dans certaines régions particulières du pays comme
Shenzhen, Hong Kong et Macao». Hugues Souparis tient cependant à
préciser : «c’est bien sûr un contrat sans aucun transfert de
technologie».
Morpho s’est quant à lui attelé à une tâche gigantesque :
enregistrer les données biométriques (empreintes digitales et iris) pour
attribuer un numéro d’identification à 600 millions d’Indiens, entre 2010 et
2014, grâce auquel ils auront un accès sécurisé à des prestations sociales et à
des services, tandis que le gouvernement pourra lutter contre la fraude. En
effet, il a été un des trois fournisseurs sélectionnés pour lancer le programme
pendant deux ans. Tandis que Morpho a fourni la technologie biométrique, son
partenaire indien (Mahindra Satyam)
s’est occupé du reste et notamment de l’intégration des données. Mi-avril 2012, 120 millions de
numéros avaient été émis, même si depuis décembre dernier le programme
fonctionne au ralenti.
Jean-François Tournoud
Pour en savoir plus:
Le syndicat de la profession : le Gixel (Groupement des industries de composants et de systèmes électroniques) qui regroupe 50
entreprises :
http://www.gixel.fr/upload//0/0/0/306_Brochure%20Gixel%20FR-2012%20BAT.pdf