C’est à nouveau une vraie surprise car c’est une personnalité inconnue du microcosme du commerce extérieur et un profil plutôt atypique à ce poste, qui devrait prendre prochainement les rênes d’Ubifrance et de l’Afii, selon les informations exclusives recueillies par la Lettre confidentielle dès le 13 mai.
Sauf changement de dernière minute, c’est en effet Muriel Pénicaud, depuis le début de l’année présidente du Conseil national éducation-économie (CNEE). Cet organisme a été créé par l’ancien gouvernement, le 18 octobre 2013, pour réfléchir à l’articulation entre le système éducatif et les besoins du monde économique, qui aurait fait consensus au sein des différents ministères de tutelle. Le fameux « mouton à cinq pattes » que nous évoquions dans notre précédente édition*, ni trop Bercy, ni trop Quai d’Orsay, et donc avant tout armé pour gérer les réformes à venir.
Comme son prédécesseur, Véronique Bédague-Hamilius, restée 15 jours aux manettes de l’agence publique avant d’être appelée pour diriger le cabinet du Premier ministre Manuel Valls, cette diplômée d’histoire, de sciences de l’éducation et de psychologie clinique a été proposée par Laurent Fabius. « Bercy n’est pour rien dans ce choix », a-t-on confirmé à la Lettre confidentielle au ministère de l’Économie, puis à Ubifrance. Ce qui a plu au MAEDI chez Véronique Bédague-Hamilius comme chez Muriel Pénicaud, c’est leur profil de gestionnaire, alors qu’Ubifrance et l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii) doivent fusionner.
Autre similitude, les deux femmes sont étiquetées à gauche. La première était encore l’an dernier la secrétaire générale de la Ville de Paris et Muriel Pénicaud a occupé plusieurs fonctions à partir de 1985 auprès du ministre socialiste du Travail, de l’emploi et de la formation Michel Delebarre.
Mais Muriel Pénicaud se distingue toutefois de son prédécesseur par sa longue expérience dans le privé, un aspect qui ne devrait pas déplaire aux partenaires et « clients » des deux agences publiques : elle a en effet fait l’essentiel de sa carrière au sein de grandes entreprises, comme Orange et Dassault, et surtout, le champion français de l’agroalimentaire Danone, dont elle a notamment été, de 2008 à 2013, la directrice générale des Ressources humaines.
« C’est incontestablement une spécialiste des grands noms… alors qu’Ubifrance travaille pour les PME », observe avec une pointe d’ironie un observateur avisé du microcosme du commerce extérieur. Mais sans doute a-t-on estimé que la gestion des ressources humaines pour ses grands groupes internationaux était un atout pour remobiliser les deux agences et reprendre le fil de leur rapprochement.
Une main de fer dans un gant de velour ? Muriel Pénicaud est aussi connue pour avoir remis au gouvernement en février 2010 un rapport rédigé avec Henri Lachmann et Christian Larose sur le « bien être et l’efficacité au travail ». Une « spécialiste de la santé psychologique au travail. C’est peut-être ce qu’il nous faut », s’amuse-t-on, mi-figue, mi-raisin à Ubifrance. Le 16 mai prochain dans l’après-midi, les représentants des syndicats de l’agence publique et de l’Afii doivent être reçus par Fleur Pellerin, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Une rencontre prévue depuis plus d’une semaine, à laquelle pourrait, peut-être, être invitée la nouvelle directrice générale, si elle est officiellement nommée d’ici là.
François Pargny et Christine Gilguy
*Relire dans nos précédentes éditions :
–LC n°100 du 7 mai : Direction d’Ubifrance : de nouveaux prétendants entrent dans le jeu
–LC n° 99 du 30 avril : Ubifrance-Afii : à la recherche du « mouton à cinq pattes » pour un casting délicat