Ils étaient présents ou leurs nominations étaient commentées dans les couloirs lors de la conférence des ambassadeurs, les 28 et 29 août à Paris : Rémy Rioux, Agnès Romatet-Espagne et Caroline Leboucher, tous trois issus des administrations de Bercy, ont été recrutés par le maître du Quai d’Orsay, Laurent Fabius, pour occuper des postes stratégiques dans le cadre de la diplomatie économique prônée depuis sa prise de fonction par le ministre des Affaires étrangères et du développement international.
Énarque et normalien, Rémy Rioux, comme secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) chargé des affaires économiques et de la diplomatie économique, aura un rôle d’impulsion dans ses domaines de compétence. Il dirigeait précédemment le cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici.
Cheffe de la mission économique à Canberra en Australie depuis novembre 2011, auparavant conseillère du président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) (janvier 2009-novembre 2011), la diplômée de l’IEP Paris Agnès Romatet-Espagne va, pour sa part, remplacer Jacques Maire, tout premier patron de la Direction des entreprises et de l’économie internationale (DEEI), fondée par Laurent Fabius aux lendemains de sa nomination au Quai d’Orsay dans le gouvernement Ayrault. L’épouse de Stéphane Romatet, actuel conseiller diplomatique du Premier ministre, a également exercé au sein des ministères des Affaires étrangères et des Affaires européennes.
Autre poste stratégique, celui de directeur général adjoint à l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii), confié à Caroline Leboucher, polytechnicienne, directrice du cabinet (juin 2012-octobre 2013) de Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, avant d’occuper à Bercy le poste d’ingénieure générale des mines au Conseil général de l’économie. Celle qui fut un temps pressentie pour la direction générale d’Ubifrance – poste finalement confié Muriel Pénicaud par Laurent Fabius – va ainsi occuper un nouveau poste à la direction générale de l’Afii, au moment où l’Afii et Ubifrance travaillent à leur fusion au sein d’une agence unique.
Si au fil des derniers mois Laurent Fabius « a su faire preuve d’un grand savoir-faire pour imposer ses vues, ses femmes et ses hommes », confiait à la Lettre confidentielle un de ses collaborateurs, lors de la conférence des ambassadeurs, le patron du Quai d’Orsay n’a pas hésité à faire aujourd’hui appel à l’expertise de Bercy. Pour asseoir sa diplomatie économique, devenue diplomatie globale*, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand s’est efforcé avec succès de prendre les rênes du commerce extérieur.
Si ses relations avec Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur du gouvernement Ayrault, étaient fraîches, celles avec Fleur Pellerin, secrétaire d’Etat en charge de ce portefeuille dans l’équipe Valls 1, étaient « difficiles ». Le départ de cette dernière à la Culture et la communication, remplacée par Thomas Thévenoud, devrait améliorer l’ambiance : député socialiste de Saône-et-Loire de 40 ans, sans expérience gouvernementale et de l’international, mais anglophone et conseiller technique de 2000 à 2002 de Laurent Fabius alors ministre de l’Économie et des finances, permet aujourd’hui au patron du Quai d’Orsay de disposer de tous les rouages de sa diplomatie**.
Lors de la conférence des ambassadeurs, l’ancien Premier ministre pouvait donc afficher sa décontraction. Et sa fermeté tout à la fois. « Le secrétaire d’État, Thomas Thévenoud aura pour mission, avec vous tous, a-t-il ainsi souligné, de se concentrer sur le redressement du commerce extérieur ». Les ambassadeurs seront aussi évalués, désormais, sur les résultats dans ce domaine…
François Pargny
*Lire : Diplomatie globale : les cinq commandements de Laurent Fabius aux ambassadeurs et Conférence des ambassadeurs : diplomatie économique et commerce extérieur priorités de Hollande