A quelques jours de la première journée des entreprises, qu’il prépare pour le 9 avril en partenariat avec la CCI Paris Île de France et l’Uccife*, Jacques Maire est prêt a livrer les grandes lignes de sa méthodologie pour mettre en oeuvre la nouvelle diplomatie économique voulue par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. A côté du soutien aux grands contrats, assuré de longue dates par les ambassadeurs, celle-ci doit mettre le réseau diplomatique au service des PME et ETI.
Appelé
en juillet 2012 par Laurent Fabius pour prendre la
Direction des entreprises et de l’économie internationale du
ministère des Affaires étrangères, ce diplomate passé par le secteur privé (Axa), à la tête d’un service de 75 personnes, affiche une feuille de route ambitieuse : la mise en
œuvre concrète d’une stratégie de diplomatie économique permettant au réseau
diplomatique de prendre efficacement sa part dans l’effort de redressement de
la balance commerciale. Il confirme au Moci : « Le contexte, c’est la
mobilisation » (1). L’enjeu pour ce réseau : « Dans les postes disposant de tous les services, ce sera de bien assurer la coordination interministérielles et de piloter le poste de façon plus ciblée, résume-t-il. Dans les postes « orphelin », ne disposant ni d’Ubifrance ni d’un service économique, il s’agira d’organiser un soutien ».
30 pays pilotes en 2013
A l’heure actuelle, quelque 60 postes du réseau diplomatique français disposent de pratiquement tout les services, du consulat au service économique en passant par Ubifrance. La nouveauté sera, pour eux, la mise en place de Conseil et de Plans d’action
annuels par les ambassadeurs pour soutenir à la fois l’internationalisation des
PME et ETI et l’attraction des investisseurs étrangers en France.
Un processus que Jacques Maire souhaite mener avec méthode. «Notre idée a
été de partir des couples pays/secteurs définis par le ministère du Commerce
extérieur et d’aller dans le détail, pays par pays, explique -t-il. Dans ces
plans d’action, il y aura toujours le Rafale, mais il y aura aussi les filières
identifiées en amont sur lesquelles les savoir faire français doivent être mieux
mis en valeur ». « Nos cibles, insiste-t-il, ce seront des entreprises qui ont déjà des tracks records à l’export mais qui souhaitent se développer sur de nouveaux marchés et veulent être plus visibles. »
La mise en oeuvre sera « progressive », sans
précipitation, avec une période de « rodage » : «On va le faire sur 30 pays pilotes en 2013 ». La liste de ces pays pilotes, dont l’élaboration était en cours d’achèvement fin mars, comportera volontairement des pays avec des niveaux de développement différents : l’Allemagne, l’Espagne ou le Luxembourg en feront partie aux côtés de la Roumanie ou de l’ Indonésie.
Une « diplomatic team en région »
Et il y aura aussi un volet en France, avec les sept ambassadeurs qui vont être
nommés en région par Laurent Fabius. «Ce sont des diplomates expérimentés, leur rôle sera de
détecter les ETI qui ont de l’appétit et de favoriser les connexions avec le
réseau ». Donc les fameuses entreprises ayant déjà des « tracks records » à l’export et ayant cet appétit pour se développer sur de nouveaux marchés.
Mais pas question, selon lui, de faire double emploi avec les dispositifs mis en place sous la houlette des Régions, qui mêlent Ubifrance, les chambres de commerce, et la future Banque publique d’investissement (BPI) : « Il y a, c’est vrai, cette question du mille feuilles des aides, mais nous, nous ne nous occupons pas des primo-exportateurs » se défend Jacques Maire.
Des « rodages » seront néanmoins à prévoir car en région, les PME et ETI seront aussi les nouvelles cibles prioritaires des plan régionaux et des équipes qui les mettront en oeuvre localement, en particulier les chargés d’affaires internationales (CAI) d’Ubifrance, placés auprès de la BPI. Mais Jacques Maire compte sur le caractère progressif du processus et l’implication des Régions : le nouveau dispositif sera
mis en place, pour commencer, dans quinze Régions volontaires qui serviront de
« pilotes ». La liste des diplomates qui formera cette « diplomatic team » en région pourrait être dévoilée le 9 avril.
CG
* contacts inscriptions : [email protected];
Pour prolonger
Lire dans Le Moci N° 1935-6 du 4 avril p.7 : « Jacques Maire, le diplomate qui vient du privé »