Quelque 457 responsables de PME et ETI rencontrent aujourd’hui 169 ambassadeurs de France en poste à l’étranger ou auprès d’organisations multilatérales au cours de la toute première séance de « speed-dating » entreprises ambassadeurs jamais organisée par le Quai d’Orsay. Un « succès au-delà de nos espérances » pour un premier exercice de cette nature, se félicitait-on au Quai d’Orsay à quelques jours de l’événement voulu comme l’un des temps fort de la semaine des ambassadeurs. Il doit en effet rappeler la volonté de Laurent Fabius de mettre concrètement la diplomatie économique et ses ambassadeurs au services des PME et non pas seulement des grands groupes « du CAC 40 ».
Quelque 1 700 entretiens de 10 à 15 minutes devaient ainsi se dérouler non-stop toute l’après-midi du 25 août au Centre de conférence du ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), à Paris, soit une moyenne de 5 à 7 rendez-vous par entreprise et de 10 par ambassadeurs (notre photo, en tout début d’après-midi).
« C’est vraiment une initiative personnelle du ministre », insistait-on au Maedi, alors que l’an dernier, les ambassadeurs avaient été invités à visiter les installations du groupe Dassault System, pas précisément une PME. Or, malgré les discours avenants à leur encontre, les PME « ne viennent pas les voir », constate-t-on, sans doute faute de temps et de moyens financiers pour les missions de prospection locales. Résultat : les grandes entreprises et les grands contrats auraient encore la part belle dans les agendas des ambassadeurs. Et après le succès du premier Forum PME organisé par le secrétaire d’État au Commerce extérieur Matthias Fekl, qui avait attiré plus de 400 PME en mars dernier, confirmant leur intérêt*, la semaine des ambassadeurs 2015 (24-28 août) ne pouvait pas faire moins.
Les hauts diplomates auraient d’ailleurs adhéré avec « enthousiasme » au projet, tandis que les dirigeants de PME et ETI ont massivement répondu à l’appel : 700 d’entre eux ont soumis des demandes, 4783 au total lors de la clôture des inscriptions. A tel point qu’il a fallu faire une sélection et un gros travail de panachage, les ambassadeurs ne pouvant honorer plus de 13 rendez-vous lors de l’événement, et certains étant beaucoup plus demandés que d’autres. De fait, si ceux en poste à Pékin et à Washington auraient battu les records -plus de 150 demandes-, bien d’autres ont enregistré un nombre de demandes impossible à honoré à l’instar des Emirats arabes unis (124 demandes), de l’Afrique du Sud (81), de la Côte d’Ivoire (94) ou encore de la Russie (73) ou de l’Iran (51), pour fournir quelques exemples. Au final, et avec l’aide d’un logiciel de mise en relation adapté pour l’occasion, près de 100 ambassadeurs ont bien vite atteint leur quota de 13 rendez-vous.
Peu de stars des grands quotidiens financiers parmi les 457 PME et ETI élues, à l’instar d’Oledcomm dans l’éclairage intelligent, basé dans les Yvelines, du boulanger-pâtissier-traiteur aveyronnais Galzin Gourmet, de la Compagnie des Bâteaux-Mouches parisienne ou du spécialiste bordelais de l’éclairage urbain solaire Sunna design.
Au total, environ 33 % n’emploient qu’entre 1 et 9 salariés, 45 % entre 10 et 45 tandis que les plus de 250 salariés représentent 18 % (dont 8 % pour les plus de 1000). Et 45 % viennent « de province » (40 % pour Paris et l’Île-de-France), insistait-on au Quai d’Orsay. Pas de secteur dominant, mais un éventail assez diversifié d’activités entre les technologies de pointe et les activités plus traditionnelles : les trois premiers secteurs représentés sont ainsi le numérique (10 %), l’environnement (9 %), l’énergie (7 %), le conseil et l’agroalimentaire pesant 5 % chacun et l’aéronautique/spatial et les télécommunications 4 % respectivement… Autant d’éléments qui contribuent au succès pour les organisateurs.
Mais que vont donc se dire les dirigeants de PME et les ambassadeurs pendant ce petit quart d’heure ? Pas de grand exposé géopolitique ni d’échanges généraux, ils iront droit au but, assurait-on au ministère, « et plus si affinités ». Car les entreprises, assure-t-on, ont du renseigner des fiches précises sur leur projets et leurs motivations lors de leur demande, que les ambassades ont reçues il y a trois ou quatre semaines, le temps pour les Services économiques et bureaux de Business France de défricher le terrain et préparer des réponses. Il y aura en outre un suivi de la démarche concrète qui pourra être engagée par l’entreprise à la suite de chaque entretien, assuré gratuitement par Business France. Et le Quai d’Orsay n’ayant voulu laisser personne au bord du chemin, même les demandes des entreprises non sélectionnées feront l’objet d’un suivi. D’ores et déjà, vu l’engouement réel des PME, il est question de réitérer chaque année cet exercice voire, pour les ambassadeurs des pays les plus sollicités, tous les deux ou trois mois, éventuellement via des visioconférences.
Christine Gilguy