Le tropisme africain de l’Agence française de développement (AFD) est bien connu. De fait, sur 9,4 milliards d’euros engagés l’an dernier, 50 % des montants pour les Etats étrangers (donc exclus les territoires ultramarins de la France) ont concerné l’Afrique. Pour autant, l’Asie représentait aussi une part de 20 %, pointait son directeur général, Rémy Rioux, lors de la présentation du bilan 2016 de l’institution financière*, le 11 mai à Paris.
Une zone qui tient à cœur à l’ancien secrétaire général adjoint du Quai d’Orsay, qui séjournait encore récemment – du 4 au 7 mai – à Yokohama, au Japon, pour participer à la 50ème réunion annuelle de la Banque asiatique de développement (Bad). Interrogé par le Moci sur l’importance d’un tel évènement, l’intéressé à mis en avant non seulement l’importance dans l’essor des États régionaux de la Bad, mais aussi le rôle de plus en plus moteur et « responsable » de la Chine.
La BAII se positionne comme « le meilleur élève de la classe »
Rémy Rioux a, d’abord, rappelé qu’il y a quinze ans, quand l’institution française s’était tournée vers ce continent qu’elle ne connaissait pas « pour trouver des projets, la Bad avait été l’institution lui ayant ouvert les portes ». Aujourd’hui, a-t-il ajouté dans la foulée, « elle reste l’institution du développement régional, même si elle n’est plus seule », citant ainsi la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) créée à l’initiative de la Chine et dont le siège est à Pékin, ou le Fonds de la Route de la soie pour financer l’initiative Obor (One Belt, One Road).
« Il faut comprendre ce qui se passe », a justifié Rémy Rioux, et ce, même si « la banque multilatérale est petite ». Certes, le capital de la BAII est important, « l’équivalent de celui de la Banque mondiale », mais, a précisé le dirigeant français, « sa puissance feu demeure limitée, car elle n’a que 100 collaborateurs, quand la Bad en possède 3 000 ». D’ailleurs, faisait-il encore remarquer, « elle n’a de financements que pour neuf projets à l’heure actuelle, le plus souvent en cofinancement, comme l’AFD au départ dans la zone ».
Parmi les caractéristiques de cette banque, figurerait sa volonté de « se positionner comme le meilleur élève de la classe », avec l’adoption des normes sociales et environnementales, de la finance verte et l’ouverture de son capital à des pays non régionaux, comme la France (3 % du capital, un vice-président…).
La Chine de plus en plus présente dans le « multilatéral »
Ce serait pour la Chine une manière de montrer qu’elle « rentre de façon responsable dans la gouvernance mondiale, y compris financière ». Preuve encore de cette évolution positive du géant asiatique, il est aussi devenu observateur au Club de Paris, le groupe des créanciers publics qui peut alléger la dette des États, même s’il n’a franchi le pas pour devenir membre à part entière, à l’instar d’autres nations émergentes : Corée du Sud, Brésil, etc.
Ainsi, assurait Rémy Rioux, « à l’ambition bilatérale, la Chine a ajouté le multilatéral », ce qu’elle aurait très clairement démontré, notamment en septembre 2016, par sa contribution « très positive » à l’Accord de Paris sur le climat, dans le cadre de la Cop 21.
François Pargny
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