Entre 2009 et 2011, 4,2 % des sociétés marchandes non financières de 50 salariés ou plus implantées en France ont délocalisé une partie de leurs activités : c’est ce que révèle une étude sur les délocalisations publié au mois de juin par l’Insee. Menée avec l’Université Paris I, l’enquête intitulée « Chaînes d’activité mondiales : des délocalisations d’abord vers l’Union européenne » a été réalisée par l’Insee
entre juin et octobre 2012, et porte sur la période de début
2009 à fin 2011.
Il en résulte que fin 2008, 5,9 % des sociétés de 100 salariés ou plus ont été concernées par des délocalisations, contre 2,7 % pour celles employant 50 à 99
salariés. En ce qui concerne les sociétés de 250
salariés ou plus, elles ont été 6 % à délocaliser et 10 % pour celles de 5 000 salariés ou plus. Plus l’effectif de l’entreprise est élevé plus celle-ci est susceptible de délocaliser. Autre observation soulignée par l’étude, les
sociétés appartenant à un groupe en 2009 ont davantage délocalisé que
les sociétés indépendantes (5,2 % contre 1,6 %).
L’étude constate également que l’industrie manufacturière et les services de
l’information et de la communication sont les secteurs les plus
concernés. À l’inverse, la construction, les transports, l’hébergement, la restauration et l’immobilier ont très peu délocalisé entre 2009 et 2011 avec moins de 1 % de sociétés concernées. L’étude montre par ailleurs que les sociétés exportatrices ou de grande taille ont été plus nombreuses à délocaliser.
Les sociétés exportatrices ont davantage délocalisé
Les sociétés adeptes de la délocalisation ont le plus souvent une activité à l’export ou sont déjà présentes à l’étranger par le biais de filiales, signale l’étude. Les entreprises exportatrices ont délocalisé beaucoup plus souvent (7,7 %) que celles dont le marché est uniquement français (0,7 %).
De plus, il apparaît qu’à secteur, taille et type de société donnés, une société exportatrice a délocalisé en moyenne quatre fois plus souvent qu’une société non exportatrice. L’envergure
internationale des groupes favorise aussi cette stratégie : 12,7 % des
sociétés déjà présentes à l’étranger en 2009 par le biais de filiales
ont délocalisé entre 2009 et 2011. Ce taux atteint 20,8 % lorsque les entreprises
appartiennent aussi à un groupe étranger.
L’Union européenne, destination privilégiée des délocalisations
55 % des sociétés ayant délocalisé entre 2009 et 2011 ont jeté leur dévolu sur l’Union européenne (UE). D’autre part, l’UE est de très loin la première destination des délocalisations
d’activités support des sociétés françaises (65 %), en raison de la
qualité de l’environnement contractuel. Parmi ces mêmes sociétés interrogées 38 % ont délocalisé vers l’Union européenne des quinze (UE/15) et 22 % vers les nouveaux États membres.
L’Afrique, en raison de sa proximité avec la France et de l’usage du français dans certains pays, est prisé par 24 % des sociétés. Les délocalisations d’activités support vers l’Afrique concernent
essentiellement le marketing, les services de commercialisation,
services après-vente et centres d’appels.
Attirant respectivement 18 % des sociétés, la Chine et l’Inde compensent leur éloignement et un environnement des affaires qui se veut moins attrayant par leurs atouts en matière de tissu industriel, de coût de la main-d’œuvre ou de taille du marché intérieur.
Les entreprises choisissent notamment l’Inde pour y délocaliser leurs services administratifs ou de gestion, ainsi que leurs services informatiques ou de télécommunications, mais également les activités de design, recherche et développement (R&D), ingénierie et services techniques.
La recherche de salaires et de coûts de production plus bas
La recherche de coûts plus bas,
salariaux ou autres, est la principale motivation, suivie de la possibilité
d’accéder à de nouveaux marchés. Les délocalisations dans les pays émergents comme l’Inde et la Chine sont souvent motivées à la fois par l’accès à des coûts bas, salariaux ou non, et à des marchés prometteurs. Dans le cas des nouveaux États membres de l’UE, les coûts salariaux peuvent également être attractifs.
Lorsqu’il s’agit des délocalisations vers l’UE des 15, les sociétés ont d’abord recherché la réduction des coûts de production autres que les salaires. À l’opposé, les délocalisations vers l’Afrique sont majoritairement motivées par la recherche de salaires bas pour des activités intensives en main-d’œuvre.
Enfin, l’étude observe que le besoin de proximité avec les clients actuels est également souvent un obstacle très important lors des délocalisations vers l’Afrique et la Chine. Sont également mentionnés comme obstacles, lors des délocalisations en Afrique, les barrières juridiques ou administratives, l’insuffisance de management et de savoir-faire, et l’instabilité politique et économique de la zone. S’agissant des délocalisations dans l’empire du Milieu, le risque de non-respect de la propriété intellectuelle est considéré comme un frein très important.
V. A.
Pour en savoir plus :
Etude « Chaînes d’activité mondiales : des délocalisations d’abord vers l’Union européenne » disponible sur le site de l’Insee. Cliquez ici