Avec son nouveau partenaire commercial croate, 28ème membre de l’Union européenne (UE) depuis le 1er
juillet 2013, la France affiche une balance commerciale excédentaire bien que les échanges avec la Croatie soient modestes, selon les chiffres publiés le 22 juillet par la douane. Alors que la Croatie vient d’entrer dans l’UE, l’étude de la douane montre que la France dégage un excédent commercial avec des exportations dominées notamment par l’automobile, les produits pharmaceutiques et les produits chimiques.
Dans le détail, les positions françaises connaissent toutefois des évolutions contrastées. Ainsi, si les véhicules automobiles sont au premier rang des produits exportés par la France vers la Croatie, leur poids s’est réduit de moitié en douze ans selon la douane pour atteindre 12,2 % du total des exportations en 2012. Ils reculent devant la concurrence de l’Allemagne mais aussi de la Hongrie et la République tchèque, deux pays qui constituent des plates-formes régionales d’exportation.
Sur d’autres segments comme les équipements informatiques, les téléphones et les produits textiles, la France subit la concurrence de la Chine et de l’Italie et voit ses parts de marché également reculer.
Pharmacie et bateaux de plaisance, des secteurs qui profitent à l’Hexagone
En revanche, la France améliore ses positions dans la pharmacie (4,1 % de part de marché en 2011), mais demeure loin derrière la Slovénie (16,8 %), la Hongrie (16,8 %), la Suisse (11,9 %) et l’Allemagne (11,5 %). La France gagne aussi des parts de marché sur les bateaux de plaisance (12,8 %, contre 7,3 % en 2000) et se hisse au troisième rang des fournisseurs, derrière Malte et la Pologne et devance ainsi l’Italie et l’Allemagne.
Sur la période 2002-2008, la France a enregistré un excédent avec la Croatie, d’environ 300 millions d’euros par an. Ce surplus s’est réduit pour revenir à 222 millions en 2012. En effet, les exportations françaises vers la Croatie, très dynamiques entre 2000 et 2003, se sont orientées ensuite à la baisse. Après un net repli en 2009, elles se sont redressées, tirées par les ventes de produits pétroliers raffinés et l’automobile, avant de repartir à la baisse en 2012, avec un recul de 5,5 %, après + 24 % l’année précédente.
Un déficit de 12 milliards d’euros pour la Croatie
Côté importations, depuis 2000, les achats français en provenance de Croatie demeurent atones, hormis un pic en 2011correspondant à l’acquisition d’un navire. La Croatie est spécialisée dans la production de biens à faible valeur ajoutée et son commerce est principalement tourné vers ses proches voisins : Allemagne, Italie, pays des Balkans. Son commerce avec la France est donc modeste, elle y exporte des produits intermédiaires, des machines diverses et de l’habillement.
Depuis 2009, dans un contexte de crise liée aux dettes souveraines en Europe, l’économie croate est en récession et son endettement public croît rapidement. Le solde commercial de la Croatie est structurellement déficitaire, du fait de la faiblesse persistante des exportations (12,9 milliards de dollars en 2011, contre 24,6 milliards pour les importations). Ce déficit est compensé en partie par les revenus générés par les activités touristiques (13 % du PIB). En 2008, le déficit a atteint un niveau record, à – 19 milliards. Toutefois depuis trois ans, la Croatie importe moins du fait de la baisse de l’activité économique, d’où une forte réduction de son déficit commercial, qui revient sous la barre de – 12 milliards.
De leur côté, les exportations croates relèvent notamment du commerce de proximité, avec une part importante destinée à l’Italie (15,5 % des ventes en 2011), suivie par la Bosnie-Herzégovine (12,4 %) et la Slovénie (9,5 %). Quatrième client de la Croatie, l’Allemagne (8,7 %) devance largement la France (2,9 %, 9ème client). Les poids respectifs des quatre premiers clients se réduisent, notamment ceux de l’Allemagne et de l’Italie, tandis que celui de la France est plutôt stable.
D’une manière générale, les avantages comparatifs de la Croatie restent très limités et ses exportations reposent sur une base étroite, composée essentiellement de navires et bateaux, de matériel électrique et des produits énergétiques (gaz naturel, pétroles raffinés).
S’agissant du détail des importations françaises, en 2012, l’Hexagone a importé depuis la Croatie des produits à faible valeur ajoutée relative, principalement des biens intermédiaires destinés à l’industrie, des machines industrielles et agricoles, des articles en cuir et en bois. Le poids de ces produits dans les achats français s’inscrit en hausse. La France achète également à la Croatie des articles d’habillement, des meubles, du matériel électrique, des produits chimiques de base et des équipements automobiles, mais ces produits pèsent de moins en moins dans les importations françaises.
V. A.