Au moment où plus de 350 PME françaises, une demie douzaine de délégations régionales et une bonne partie du microcosme du commerce extérieur français se retrouvent à Chengdu pour un gros forum PME France-Chine (lire ICI), le projet de lancement de la première « maison de l’international » de la France en Chine dans les locaux de l’Espace Rhône-Alpes à Shanghai donne des sueurs froides à ceux qui sont censés être ses futurs partenaires. Notamment en matière de communication, après les « couacs » qui ont marqué la dernière visite du ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) sur place le 18 octobre, en présence de Jean-Jack Queyranne, le président de la Région Rhône-Alpes…
C’est que certains articles de la presse rhônalpine ont prêté à Laurent Fabius des propos -sans guillemets, précisons-le- qui laissent entendre que l’affaire est bouclée avant même son lancement officiel : « le ministre des Affaires étrangères en personne a annoncé que le pavillon mis en place depuis l’Exposition universelle de 2010 voit sa vocation s’élargir pour permettre aux entreprises françaises de partir à la conquête du marché chinois » annonce ainsi ledauphine.com dans un article titré : A Shanghai, Rhône-Alpes est l’ambassadrice de la France. Ou encore L’Espace Rhône-Alpes de Shanghai tête de pont de la France en Chine, clame metronews.fr dans son édition lyonnaise…
Or, un temps envisagée pour cette visite du ministre à Shanghai comme nous l’avions révélé dans une précédente édition*, l’annonce officielle du projet de création de la première « maison de l’international » de la France à Shanghai a été repoussée pour laisser place à une démarche jugée plus cohérente et intéressant l’ensemble de la Chine. Elle n’était ainsi pas mentionnée dans le communiqué du quai d’Orsay évoquant le contenu de cette visite de Laurent Fabius le 16 octobre, ni du reste dans le communiqué de synthèse de cette visite. Un appel à manifestation d’intérêt doit être ainsi lancé officiellement le 17 novembre par le secrétariat d’État au Commerce extérieur pour la création des « French Tech Hub » de Chine -dont celui de Shanghai- selon un un bon connaisseur du microcosme du commerce extérieur à Paris.
En outre, le projet global que pousse désormais Paris en Chine veut être dans l’esprit « équipe de France de l’export » et contribuer ainsi à simplifier l’offre française d’accompagnement pour les entreprises. Il associe désormais deux autres acteurs et pas seulement la Région de Jean-Jack Queyranne et son agence Erai : l’agence nationale Ubifrance et la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC).
Bourde de Laurent Fabius ? Désir de l’entourage de Jean-Jack Queyranne de montrer rapidement, dans sa région, des perspectives positives pour amortir cet Espace Rhône-Alpes dont le coût pour le conseil régional fait périodiquement l’objet de critiques** ?
Une chose est sûre : ces annonces font désordre alors que le secrétariat d’État au Commerce extérieur s’échine à plancher sur un modèle de « French Tech Hub » qui clarifie l’offre d’accompagnement des entreprises françaises et soit reproductible dans les pays étrangers, quels que soient les partenaires de ces projets. L’équipe de France de l’export en Chine ? » C’est pas gagné « , soupire notre interlocuteur…
Christine Gilguy
*Lire : Laurent Fabius pourrait lancer la “maison de l’international” de Shanghai mi-octobre
**Lire : Rhône-Alpes : la polémique qui enflamme le microcosme du Commerce extérieur