Dix millions d’euros dus à Bouygues dans le cadre de la réalisation de l’échangeur Valéry Giscard d’Estaing à Abidjan, 15 millions à Colas… L’Etat ivoirien serait très mauvais payeur, la coupe serait pleine. Chez Colas, on s’étranglerait au point de ne plus vouloir toucher aux marchés publics en Côte d’Ivoire. « A voir. Colas s’emporte et c’est normal, mais l’entreprise s’y fera. Elle n’a pas d’autre choix que de travailler avec l’État et çà fait partie du jeu », tempère un homme d’affaires présent au séminaire de Business France sur la Côte d’Ivoire, le 19 janvier, lors d’un échange avec à la Lettre confidentielle . ..
« Nous aussi, on a une ardoise, mais on fonctionne quand même », nuançait un autre industriel. D’ailleurs, faisait-il encore remarquer, Bouygues a, quant à lui, « préféré laisser couler un peu d’eau sous les ponts » pour se tourner vers la réhabilitation du pont Félix Houphouët-Boigny (Fhb), dans le cadre du deuxième Contrat de désendettement et de développement (C2D) opéré par l’Agence française de développement (AFD).
Les grandes manœuvres entre partis sont commencées
De l’avis général, le plus inquiétant ne serait pas là, mais dans la reconduction de Patrick Achi comme ministre des Infrastructures économiques dans le dernier gouvernement de Daniel Kablan Duncan, annoncée le 12 janvier. « Franchement, on ne s’y attendait pas », confie-t-on à Abidjan. « Voilà un homme brillant qui a sombré dans les avantages indus et on ne s’attendait pas à ce qu’il soit repris », confirme de son côté un observateur bon connaisseur du terrain ivoirien.
La décision de maintenir ce ministre aurait été purement politique : Patrick Achi est membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), parti de l’ancien président Henri Konan Bédié, allié du Rassemblement des Républicains (RDR), celui de l’actuel chef de l’État Alassane Ouattara. Réélu le 25 octobre dernier, ce dernier préparerait déjà le prochain scrutin en 2020, au demeurant le terme que le président a fixé pour que son pays parvienne à l’émergence économique. Comme le locataire du palais présidentiel ne se représentera pas, les couteaux sont déjà tirés entre le PDCI et le RDR pour le choix du futur candidat de l’alliance. Si comme on lui prête, Alassane Ouattara optait pour la création d’un poste de vice-président, alors peut-être aurait-on à cette question un début de réponse ?
En attendant, mieux vaut, pour les entreprises, désormais averties, se couvrir…
François Pargny
Pour prolonger :
Lire dans la LC aujourd’hui :
Afrique / Numérique : 50 startups militent pour un French Tech Hub à Abidjan
Et aussi sur notre site et dans de précédentes éditions de la LC
–Afrique / France : la Côte d’Ivoire attire les entreprises françaises et leurs nouvelles rivales…
–Etats-Unis / Numérique : San Francisco, quatrième communauté labellisée “French Tech”
–Afrique/Numérique : Axelle Lemaire en Côte d’Ivoire pour booster la “French African Tech”
–Côte d’Ivoire : la Chine offre un stade “olympique” pour la CAN-2021
–Dossier Côte d’Ivoire 2015
–Rapport Afrique CIAN 2016 – Les entreprises françaises & l’Afrique