« Une véritable confiance en l’avenir de l’économie teintée de regrets qui ne semblent pas s’inverser », tel est le message délivré d’entrée par CCI France Côte d’Ivoire dans son dernier baromètre conjoncturel, réalisé à partir d’un sondage du 6 janvier au 11 février auprès d’un échantillon de 145 de ses membres, dont 70 % de PME-PMI.
D’après ce panorama, dont la Lettre confidentielle s’est procurée une copie, « 75 % des répondants estiment que l’année économique 2015 a été une meilleure année que 2014 » et « 78 % s’accordent sur le fait d’une confiance économique retrouvée ».
D’ailleurs, « comme en 2014, 82 % confirment un chiffre d’affaires en progression » et « pour 92 %, 2016 est une année pleine d’espoir, avec une consolidation de l’économie, de nouveaux investissements publics, un mieux être social et une paix installée grâce à l’effectivité d’une réconciliation nationale, de même qu’à un renforcement dans la confiance des mesures sécuritaires face aux menaces diverses ». L’an dernier, 18 % avaient observé une amélioration des relations avec l’Administration et les sondés ont, par exemple, constaté une meilleure alimentation en eau potable.
Les producteurs de boissons alcoolisés noyés par l’informel
Toutefois, les sondés restent préoccupés par les défauts de paiement dans les marchés publics et dans les BTP, la frilosité des banques à consentir des crédits à moyen et long terme, le temps d’attente des voyageurs au départ et à l’arrivée des avions et le rallongement des délais de livraison des marchandises. Par ailleurs, ils n’ont pas remarqué de baisse de la pression fiscale et 38 % estiment, enfin, que la concurrence du secteur informel s’est accrue.
Le secteur informel est considéré comme une concurrence déloyale qui a poussé tout récemment, en février-mars, l’Union nationale des industriels et fabricants de boissons alcoolisées en Côte d’Ivoire (Unifbaci) à remettre un mémorandum aux quatre ministères concernés : Plan et développement industriel, Commerce, Économie et finances, Santé publique.
D’après ce document de sept pages, dont la LC s’est procurée une copie, « les alcools frelatés, qui pénètrent la Côte d’Ivoire frauduleusement importés et produits clandestinement par le secteur informel, représentent 85% du marché ivoirien, alors que les alcools de qualité [NDLR, alcool surfin d’origine agricole, de grains surfin, vin, arôme alimentaire], produits en Côte d’Ivoire aux normes internationales de santé ne représentent que 15 % ».
L’Unifbaci dénonce « l’indifférente et l’incapacité des pouvoirs publics » et s’inquiète « du manque de compétitivité » de la filière, confrontée à l’informel et la fraude transfrontalière et qui, de surcroît, doit acquitter une taxe sur les boissons (TSB) de 45 %, ce qui assure, l’organisation professionnelle, « est disproportionné par rapport à la même taxe dans les pays de la sous-région ». S’y ajoutent, notamment, les frais portuaires « trois fois supérieurs à ceux du Ghana, du Togo et du Bénin ».
L’Unifbaci demande ainsi au ministère du Commerce et à la direction générale des Douanes « pour contrer la fraude et la contrefaçon » d’interdire aux producteurs de boissons alcoolisées non agréés d’importer des capsules, des bouteilles, des arômes, de l’alcool éthylique dénaturé et de leur refuser toute déclaration de mise à consommation. Une mesure de salubrité publique, qui permettrait ainsi à ses membres de sortir la tête de l’eau.
De notre envoyé spécial en Côte d’Ivoire
François Pargny
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