Les dirigeants des principales compagnies maritimes ont signé le 1er décembre à la 28ème Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 28) une déclaration commune visant à décarboner leur secteur à l’horizon 2050. Et à accélérer l’évolution de la réglementation mondiale en la matière.
L’initiative est sans précédent. Les dirigeants de cinq compagnies maritimes européennes (le norvégien Wallenius Wilhelmsen, le français CMA CGM, l’italo-suisse MSC, l’allemand Hapag-Lloyd et le danois Maersk) réclament la fixation d’une date butoir au-delà de laquelle il ne sera plus permis de construire des navires propulsés aux énergies fossiles.
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la flotte de la marine marchande mondiale est constituée de bateaux alimentés en fuel lourd, un carburant particulièrement polluant. Indispensable au commerce international, le transport maritime est à l’origine d’entre 2 % et 3 % des émissions de gaz à effet de serre. Certains armateurs ont déjà testé ou mis en place des alternatives, à l’instar de CMA CGM qui entend mettre en service en 2025 le premier cargo vélique au monde.
Une date de fin pour la construction de navires à hydrocarbures
En réclamant cette date butoir, les signataires exhortent l’Organisation maritime international (OMI) à passer à la vitesse supérieure sur le plan réglementaire si elle souhaite atteindre les résultats qu’elle s’est fixés en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Le régulateur mondial a en effet publié un juillet dernier une stratégie révisée ambitieuse prévoyant zéro émission en 2050 et une réduction de 30 % en 2030. Pour impulser la transition, l’OMI évalue à entre 5 % et 10 % la part des énergies propres.
Par ailleurs, la déclaration commune signée à la COP28 requiert la mise en place de quatre autres « pierres angulaires » à commencer la mise en place d’un mécanisme de tarification des GES qui rendrait le carburant vert plus compétitif que les hydrocarbures. Deuxième demande : la phase de transition doit permettre, selon les dirigeants, de ne pas compter les émissions par navire mais par flotte.
Les armateurs appellent à renforcer la réglementation
Cette mise en commun des navires pourrait garantir que les investissements sont réalisés là où ils permettraient une plus grande réduction des GES et une accélération de l’ensemble de la flotte mondiale. En outre, au-delà de la « redevance pour solde vert », les recettes générées par le mécanisme devraient être affectées à un fonds de R&D et à des investissements dans les pays en développement afin d’assurer une transition juste qui ne laisse personne de côté.
Enfin, les armateurs européens appellent à la création d’une base réglementaire sur les GES pour affiner les analyses de cycles de vie des navires et d’aligner les décisions d’investissements sur les nécessités du climat.
Sophie Creusillet