Dans un communiqué du Cian en date du 27 octobre, le Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) et l’Association des entreprises germano-africaines (Afrika-Verein) ont annoncé « leur volonté de collaborer plus fortement ». Et ce, à l’occasion de la visite conjointe au Nigeria des ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Frank-Walter Steinmeier, pour rencontrer le président Goodluck Jonathan et plusieurs ministres nigérians. Une première !
Sollicité par la Lettre confidentielle, Étienne Giros, le président délégué du Cian, révèle que cette « initiative concertée » est le fruit de « relations personnelles » nouées au sein du Conseil européen d’affaires pour l’Afrique et la Méditerranée (Ebcam), dont sont membres les deux associations nationales. « Stefan Liebing, mon homologue d’Afrika-Verein, est aussi à la tête de l’Ebcam depuis un an. Et comme je suis également récent comme président délégué du Cian, nous avons partagé très vite la même volonté de faire un peu bouger les lignes », relate Étienne Giros.
Or, poursuit-il, « nous avons constaté que cette visite ministérielle était un peu exceptionnelle, puisque par le passé les rares déplacements conjoints de ministres des Affaires étrangères associaient la France avec le Royaume-Uni, qu’il s’agissait, en outre, d’un voyage dans un pays anglophone, peut-être la première économie africaine à l’heure actuelle, et, enfin, qu’il était effectué alors que sévit en Guinée, au Sierra Leone et en Guinée l’épidémie d’Ebola ».
« Aujourd’hui, la collaboration franco-allemande en Afrique en est à ses débuts. Il n’y a rien de concret », mais, selon Étienne Giros, « l’impulsion est maintenant donnée » dans les deux pays : la France, qui est familière de l’Afrique mais qui recherche aussi des financements et de nouvelles technologies pour les grands projets d’infrastructure, et l’Allemagne, encore peu présente sur ce continent, mais qui veut trouver de nouveaux relais de croissance. Étienne Giros et Stefan Liebing envisagent ainsi une rencontre prochaine des secteurs privés français et allemand pour étudier les possibilités de partenariat économique en Afrique et de relation tripartie avec les décideurs africains.
S’agissant de la menace que fait peser le virus Ebola, il faut absolument « éviter la panique » et « ne pas tomber dans la psychose de certains », martèle Étienne Giros. L’axe Paris-Berlin semble fonctionner puisque selon le Cian, « aucun retrait n’est envisagé, entreprises françaises et allemandes maintiennent leurs activités, témoignant ainsi de leur solidarité historique avec leurs partenaires africains ». Et selon lui, les autorités nationales, « notamment en France », en sont conscientes et ouvertes à des collaborations avec le secteur privé. L’hôpital de campagne que la France s’est engagée à installer dans l’est de la Guinée sera réalisé par la Croix Rouge française et, « dans une démarche collaborative » dont le président du Cian se réjouit, le secteur privé est sollicité pour assurer la logistique, une ligne budgétaire importante étant prévue à cet effet.
François Pargny