Malgré les dégâts économiques, voire pour la santé humaine, que ce commerce illicite de grande ampleur provoque, le dossier de la contrefaçon est à bien des égards bourré de non-dits, voire empreint d’hypocrisie. Ainsi, certains ont parlé de surprise, d’autres d’échec, quand l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (Euipo) ont présenté, le 18 avril à Paris, leur rapport « Trade in Counterfeit and Pirated Goods: Mapping the Economic Impact » *.
Ceux qui ont marqué leur surprise étaient les représentants de ces deux institutions, Doug Frantz et Rolf Alter, secrétaire général adjoint et directeur de la Gouvernance publique et du développement de l’OCDE, et António Campinos, directeur exécutif de l’Euipo, qui n’imaginaient pas que la contrefaçon puisse peser autant : plus de 460 milliards de dollars (chiffre 2013), soit 2,5 % des importations totales mondiales.
Celui qui a parlé d’échec ne se trouvait pas sur scène, mais dans la salle. Il s’agissait d’un dirigeant de la Chambre de commerce internationale, qui remarquait qu’entre 2008 -date de la première étude de l’OCDE sur le sujet-, et aujourd’hui, la contrefaçon et le piratage « ont doublé ». Très attentifs, les participants à la présentation du rapport sont restés de marbre.
En fin diplomate, Doug Frantz a toutefois reconnu indiqué que cette étude n’était qu’un « premier pas » et que l’OCDE n’allait « pas attendre huit ans avant de publier une nouvelle étude sur ce sujet majeur ». Car si les États-Unis, première victime, et l’Europe ont un intérêt évident à combattre la contrefaçon et le piratage, comment convaincre la Chine, premier « émetteur » de biens contrefaits, de renforcer les contrôles dans les pays d’origine -donc chez elle- et la coopération internationale, comme le préconisent l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OCDE, Daniel Yohannes ?
Il faudra, sans doute, plus d’un rapport encore…
François Pargny
*Lire sur notre site : Contrefaçon / International : tous les pays sont coupables, la Chine en tête selon l’OCDE
Pour en savoir plus :
Le rapport est en ligne au lien suivant : http://www.oecd.org/governance/trade-in-counterfeit-and-pirated-goods-9789264252653-en.htm