La chute des prix du pétrole, si elle est une aubaine pour les pays qui en sont dépourvus, est décidément un cataclysme aux répercussions très incertaines pour les pays producteurs qui en sont trop dépendants. Pour Aon, leader mondial d’origine américaine du conseil et du courtage d’assurances, son impact dans les pays déjà fragilisés tels que l’Irak, la Libye, la Russie et le Venezuela, est ainsi en tête des risques politiques auxquels sont confrontés les investisseurs sur les marchés émergents en 2016, qu’ils s’agisse de risques de non paiement de dettes souveraines ou de risques de non transfert de devises.
La carte des risques politiques dans les pays émergents d’Aon utilise un dégradé de couleurs allant du rouge au vert en passant par le orange foncé, le orange clair et le jaune, du plus élevé au plus faible risque politique. Sur la carte 2016 (cf. document PDF attaché à cet article), publiée en France le 8 mars, c’est ainsi que si l’Iran, pays producteur d’or noir, est passé du rouge à l’orange foncé grâce à la levée des sanctions occidentales et un potentiel de développement économique jugé élevé, l’Irak, la Libye et le Venezuela restent dans le rouge, soit en « risque très élevé ». Et la Russie demeure, comme l’an dernier, en orange clair soit en « risque moyennement élevé », ce qui n’est pas commun pour un pays industrialisé.
« Risques élevé » pour la plupart des pays producteurs d’Afrique
Les pays producteur du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Oman, Koweït, Qatar) ainsi que la Colombie, la Malaisie et le Kazakhstan sont considérés comme « mieux positionnés » face aux risques de non paiement ou de non transfert car bénéficiant d’institutions plus solides et/ou de réserves en devises plus importantes.
En revanche, la plupart des pays producteurs du continent africain sont en orange foncé, soit en « risque élevé», l’Algérie étant au même niveau que l’Egypte, le Nigeria ou encore l’Angola. Avec des risques de déstabilisation et d’aggravation de risques sécuritaires qui pourraient toucher leurs voisins, comme, en Afrique du nord, le Maroc ou la Tunisie, qui, du coup, ne pourront bénéficier à plein des faibles cours de l’or noir et des autres matières premières.
D’une manière générale, toutefois, dans tous les pays producteurs, les déficits budgétaires augmentent, mettant la pression sur les banques et sur les conditions de crédit. Sans compter les mesures d’austérité qui pourraient provoquer des troubles sociaux ou politiques. «Ces pays se trouvent dans une position peu enviable où ils doivent réaliser des économies, mais également maintenir l’ordre public, souvent via des subventions coûteuses. Dans la mesure où rien n’indique que les prix du pétrole reviendront à leurs niveaux antérieurs, l’agitation dans de nombreux pays producteurs de pétrole devrait se poursuivre et même s’aggraver », analyse Ben Heaney, responsable des Risques politiques chez Aon France, cité par le communiqué.
L’Iran bénéficie d’un tissu économique plus diversifié
L’Iran, qui renoue avec la communauté internationale après des années de repli sur soi, apparaît donc bien comme un pays miraculé dans ce contexte. Grâce, notamment, à un tissu économique bien plus diversifié que nombre d’autres pays producteurs. « Le retour de l’Iran sur les marchés mondiaux augmentera l’offre en pétrole puis en gaz, notamment en Europe », analyse Rachem Ziemba, directrice générale de la recherche chez Roubini Global Economics, citée par le communiqué d’Aon. L’Iran dispose d’une économie plus diversifiée que celle de nombreux pays du Moyen-Orient et de l’Afrique et s’adaptera plus facilement aux prix bas du pétrole. »
A propos des sanctions, Aon estime que le fait qu’elles aient marché sur l’Iran pourraient d’ailleurs en faire un moyen de pression privilégié par rapport aux moyens armés, avec des risques d’incertitudes accrue pour les investisseurs : « Ces mesures ont donc permis d’obtenir des résultats sans nécessiter d’action militaire, posant ainsi la question de la « Sanctions-Led Diplomacy », commente ainsi Ben Heaney. Les sanctions économiques, embargo en tête, sont en passe de devenir le recours préférentiel des gouvernements, avec pour corollaire une forte augmentation de l’imprévisibilité sur le Grand Export »…
C.G
Pour en savoir plus :
Consultez la carte des risques politiques 2016 d’Aon dans le document attaché à cet article
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