Contrairement aux années précédentes, les PME exportatrices françaises sont moins largement optimistes que les autres quant à leurs perspectives d’activité selon la dernière enquête de conjoncture de Bpifrance Le Lab, menée auprès de 37000 entreprises de moins de 250 salariés. Cette tendance se vérifie tant pour l’année 2019 que pour l’année 2020.
Pour l’année 2019, les PME de l’industrie, notamment, « affectées par un environnement international moins porteur et surtout un cycle industriel mondial en correction depuis plusieurs trimestres, enregistrent un ralentissement à la fois de leur activité et de leurs embauches », souligne un communiqué de Bpifrance. Même tendance chez les PME des Transports.
La tendance est inverse pour les PME orientées sur le marché domestique : dans la construction, leur activité a été portée par « l’accélération de l’investissement public à l’approche des élections municipales » tandis que dans les services, elles « font part d’une accélération de leur activité et de leurs embauches ».
Au total, les dirigeants de PME, toutes catégories confondues, s’attendent à une croissance de leur chiffre d’affaires de +3,8 % en 2019, comme en 2018. Ce qui se ressent positivement sur l’emploi comme l’investissement. Mais le solde d’opinion sur l’activité des PME exportatrices chute de 11 points, à +25, alors que celui relatif aux PME non-exportatrices progresse de 4 points. De sorte que « l’indicateur est désormais au même niveau pour les deux catégories de PME, alors qu’en moyenne historique, les PME exportatrices sont plus performantes » relève le communiqué.
Plus de prudence pour 2020
La divergence de perception est également sensible pour l’année 2020 entre les PME exportatrices et les autres.
Dans l’ensemble, les PME restent « confiantes » sur leurs perspectives d’activité, avec un solde d’opinions favorables global stable et positif de + 24 et une légère décélération de l’embauche (solde de + 19 au lieu de + 22). Mais parmi les sondés, les PME qui exportent sont plus prudentes.
Ces dernières « continuent de corriger leurs anticipations d’activité et d’embauches, dans un contexte international toujours entouré d’incertitudes, notamment vis-à-vis de la politique commerciale américaine, de la croissance des pays européens voisins (Allemagne en particulier) et des négociations autour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne » commente le communiqué.
Ralentissement de la demande externe
Les résultats de cette enquête de conjoncture ne sont pas étonnants au vu des prévisions prudentes chez la plupart des conjoncturistes.
Ainsi, selon le service économique d’Euler Hermes, en 2020, la France affichera, avec +1,2 %, un taux de croissance supérieur à celui de la zone euro (+1 %) et de l’Allemagne (+ 0,6 %), ce qui justifie que les PME soient relativement confiante sur leur perspectives d’activité en France. Mais les perspectives microéconomiques relevées par l’assureur-crédit sont moins positives.
En cause, pour une partie, le ralentissement de la demande venue de l’étranger qui pénalise les exportateurs : la croissance de la demande externe adressée à la France sera divisée par deux en 2020 par rapport à 2019 (+8 Mds EUR seulement), rappelle Euler Hermes, qui a publié ses prévisions sur la demande mondiale adressée aux exportateurs français en novembre dernier.
Deux autres facteurs plombent les perspectives 2020 : la baisse des marges des entreprises, anticipée à -1,3 point, à 31,4 %, loin de leur niveau d’avant crise (33 %) et une hausse de leur endettement, à un niveau historique de 76 %.
D’où une prévision de défaillances d’entreprises pessimiste sur la France : « elles arrêteront de reculer pour la première fois depuis 4 ans, et se maintiendront à un niveau supérieur de 13 % à celui d’avant-crise » pronostique Euler Hermes.
Desk Moci