La diplomatie économique, le commerce extérieur et les investissements étrangers ont été un des sujets phares de la 22ème conférence des ambassadeurs, les 28 et 29 août, dans le contexte d’une semaine marquée par un remaniement ministériel et l’arrivée d’un proche de Laurent Fabius au secrétariat d’Etat au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger au Commerce extérieur *.
Clarification au Sommet sur l’organisation
Après une conférence ouverte pour la première fois au public, le 25 août au quai d’Orsay en présence du ministre, un des temps forts s’est déroulé le 28 août, à l’Elysée (notre photo) : pour la première fois dans l’histoire de cette conférence, sorte d’assises internes du réseau diplomatique, après l’allocution de François Hollande, deux séances de travail plénières se sont en effet enchaînées en présence des ministres concernés sous les ors du palais de l’Elysée. La première avait pour thème « Développement international, commerce extérieur, attractivité » et la seconde les enjeux de la « COP 21 », la grande conférence internationale sur le climat que doit accueillir la France en décembre 2015.
L’occasion, aussi, d’une clarification au Sommet. Le président de la République a ainsi consacré un long passage de son discours d’une heure aux priorités économiques et commerciales de sa politique étrangère, reprenant à son compte les initiatives et grandes orientations déjà exposées à maintes reprises par Laurent Fabius depuis qu’il a repris sous sa tutelle le commerce extérieur.
« Je considère que le redressement de notre commerce extérieur fait donc partie de la politique extérieure. C’est pour cela que j’ai regroupé autour du ministère des Affaires étrangères les moyens du commerce extérieur » a-t-il notamment déclaré, ajoutant que « pour accompagner nos entreprises à l’exportation, notre dispositif a été revu en profondeur pour être plus efficace avec une unité de pilotage confiée au ministère des Affaires étrangères ». Et les ambassadeurs sont les pilotes dans les pays étrangers.
Le président a ainsi fixé une bonne fois pour toute la nouvelle organisation des pouvoirs publics dans ce domaine, en présence de plusieurs poids-lourds du gouvernement dont bien sûr le ministre des Affaires étrangères et du développement international, mais aussi d’Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’Economie.
L’annonce dans la même journée par Laurent Fabius de la nomination de l’ancien directeur de cabinet à Bercy de Pierre Moscovici, l’énarque et normalien, Rémy Rioux, comme secrétaire général adjoint du quai d’Orsay chargé des affaires économiques et de la diplomatie économique, a conforté ce sentiment d’une volonté de mettre un terme à toute source de frictions entre le Quai d’Orsay et Bercy.
Priorités aux PME, à l’Asie-Pacifique et à l’Amérique latine
Pour ce qui concerne les grandes priorités des ambassadeurs, pour lesquels François Hollande considère que c’est une mission « nouvelle » mais « essentielle », le chef de l’Etat a mis l’accent sur le jeu collectif et les PME. Il leur a ainsi demandé d’exercer leur mission « en bonne intelligence avec tous les ministères et les opérateurs, en lien étroit avec la BPI et avec les régions ». Il leur a également enjoint « de veiller à accompagner en priorité nos PME ».
Quant aux priorités géographiques de la diplomatie économique, le chef de l’Etat en a cité deux, en partie liées à son agenda : l’Asie-Pacifique, « un choix stratégique », qui sera selon lui « au cœur du XXIème siècle » et l’Amérique latine, « l’un des principaux pôles d’avenir » où « nos entreprises doivent investir davantage ». L’Afrique, « le continent de la croissance », avait, elle, était longuement abordée à la fois au chapitre de l’aide au développement et à celui de la paix et de la sécurité.
Pour l’Asie-Pacifique, après s’être félicité de la « grande année franco-chinoise » marquée par les événements du cinquantième anniversaire de la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine, il a cité l’Inde et le Japon, où il s’est rendu ces deux dernières années, annonçant qu’il avait invité le premier ministre indien à venir en France avant la fin de l’année.
Mais le chef de l’Etat, qui doit se rendre en Australie prochainement pour le G20 a donné une ambition plus large : « nous devons aller plus loin et nous devons travailler avec tous les pays » a-t-il lancé, citant neuf autres pays comme autant de destinations à mettre dans les plannings du ministre des Affaires étrangères et du développement international et de son nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Thomas Thévenoud, mais aussi des autres ministres du gouvernement : Corée du sud, Vietnam, Indonésie, Singapour, Malaisie, Mongolie, Philippines, Australie, Nouvelle-Zélande…
Quant à l’Amérique latine, François Hollande, qui s’est rendu au Brésil fin 2013 et au Mexique début 2014, fait du Conseil stratégique franco-mexicain « un exemple à suivre de ce que nous devons faire dans les grands pays ». Cette instance réunit tout autant les décideurs publics que privés des deux pays. Le chef de l’Etat a annoncé une véritable tournée sur ce continent pour mars 2015, avec trois pays où il se rendra : l’Argentine, le Chili et le Pérou.
Thomas Thévenoud dans un « état d’esprit de conquête et de reconquête »
La table ronde qui a suivi, ouverte et clôturée par Laurent Fabius, visait à faire le point sur un certain nombre d’orientations et d’initiatives engagés ces derniers mois en faveur du développement international des entreprises.
S’y sont succédés Murielle Pénicaud, directrice générale d’Ubifrance et de l’Afii, deux organismes qu’elle doit fusionner ; David Sourdive, le « fédérateur » des stratégies d’entreprises pour le secteur « Mieux se soigner », un des secteurs prioritaires du commerce extérieur** ; Georges Plassat, le P-dg de carrefour, Denis Pietton ambassadeur de France au Brésil, François Delattre, ex. ambassadeur aux Etats-Unis (et nouvel ambassadeur de France aux Nations Unies).
Elle a été l’occasion du baptême du feu pour le nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, visiblement impressionné par le décorum, et novice sur l’international. En toute modestie, il a fait part « de sa disponibilité » et de « sa volonté » pour accomplir les tâches qui l’attendent, notamment « la feuille de route fixée par le président de la République » et ses priorités géographiques, « avec une sorte d’esprit de conquête et de reconquête».
Christine Gilguy
*Relire : Thomas Thévenoud : changement de style au Commerce extérieur
**Les priorités sectorielles du commerce extérieur ont été regroupées autour de six grandes familles de produits et de services : « Mieux se soigner », « Mieux se nourrir », « Mieux communiquer », « Mieux vivre en ville », industrie culturelles et créatives et savoir-faire du tourisme.