Les chiffres présentés le 5 février par le secrétaire d’État au Commerce extérieur Matthias Fekl l’ont montré* : le commerce extérieur se porte mieux, mais essentiellement grâce à un contexte international –baisse des coûts de l’énergie, notamment- plus favorable. Le dernier rapport sur l’évolution de la compétitivité française en 2015 de l’institut d’étude économique Coe-Rexecode, proche des entreprises, confirme la tendance, estimant qu’il n’y a pas de regain de compétitivité structurelle de l’offre française en matière de biens, malgré une progression des échanges commerciaux de la France de 5,9 %.
Ainsi, si l’année 2015 est bien marquée par « une stabilisation des parts de marché à l’exportation par rapport à 2014 » après une « longue dégradation depuis 1999 », aucun « début de rattrapage des parts de marché perdues » n’est constaté.
Selon les estimations de Coe-Rexecode, en effet, « si la part des exportations françaises de marchandises dans les exportations de la zone euro avait été en 2015 à son niveau de 1999, le chiffre d’affaires à l’exportation depuis la France aurait été supérieur de 149 milliards d’euros à celui observé ». Le déficit de la balance commerciale (FAB-FAB) s’est ainsi réduit en 2015, mais le solde des seules échanges industriels (hors énergie) s’est dégradé : – 31 milliards d’euros (Mds EUR) en 2015 soit près de cinq fois plus qu’il y a dix ans (- 6,7 Mds EUR en 2005).
Le principal facteur de réduction du déficit du solde de la balance commerciale provient de la baisse de la facture des importations de produits énergétiques, notamment le pétrole, rappelle encore Coe-Rexecode, qui ajoute que l’évolution de l’euro à la baisse « a contribué à cette évolution positive ».
Les mesures d’allègement des charges commenceraient à porter leurs fruits
Un facteur d’optimisme toutefois, les mesures d’allègement des charges pesant sur les entreprises –CICE, Pacte de responsabilité- commenceraient à porter leurs fruits : dans l’industrie, relève Coe-Rexecode, « la progression du coût salarial en France est devenue moins importante qu’en Allemagne ». Selon ses estimations, avec 37,3 euros en France contre 39,1 euros en Allemagne, le coût horaire de la main d’œuvre française dans l’industrie manufacturière se situerait désormais en-dessous du niveau allemand, alors qu’ils « étaient comparables en 2012 ». L’impact du CICE sur cette baisse est estimé par Coe Rexecode à 1,3 % en 2014 et 0,9 % en 2015, soit un impact cumulé de -2,3 %.
Un bémol : cet impact n’est positif que dans l’industrie. Dans tous les autres secteurs marchands, « la France conserve en revanche un coût horaire du travail nettement supérieur (6 % environ) à l’Allemagne ».
Les principaux résultats de l’enquête Coe-Rexecode auprès d’importateurs européens sur leur perception du positionnement des produits industriels français (cette année, biens d’équipement et biens intermédiaires) par rapport à leurs principaux concurrents** confirment, pour l’institut, un problème de positionnement en terme de compétitivité-prix : « les produits français sont dans la moyenne haute pour la qualité, mais figurent parmi les plus chers du marché (derrière les produits allemands mais devant les produits italiens et espagnols notamment) ». Le diagnostic est sévère : « les biens d’équipement français continuent globalement à pâtir de prix trop élevés », et, « les quelques améliorations sur les critères hors-prix n’ont pas été assez significatives pour rétablir l’équilibre au niveau qualité-prix ».
La conclusion ? Les efforts pour réduire les facteurs qui pèsent sur les coûts doivent être poursuivis « sur la durée »…
C. G.
*Lire notre article : Commerce extérieur : l’euro et le pétrole boostent la balance commerciale
** Les 500 importateurs sont issus de 6 pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni. Les concurrents sont eux issus d’Allemagne, Asie (hors Chine et Japon), Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, pays d’Europe centrale et orientale, Royaume-Uni.
Pour en savoir plus :
Le rapport de Coe-Rexecode est téléchargeable au lien suivant : Bilan en demi-teinte pour la compétitivité française en 2015 (Coe-Rexecode)