Le Français, novice au sein du collège des commissaires, est entouré de profils expérimentés et proches de la Présidente, Ursula Von der Leyen. Revue de détails dans cet article proposé par notre nouveau partenaire éditorial La newsletter BLOCS.
La nouvelle Commission européenne a officiellement entamé son mandat le 1er décembre, après la validation par le Parlement européen de l’ensemble du collège des commissaires, mercredi dernier.
Concernant les affaires commerciales, le membre de la Commission le plus puissant de ce nouveau collège des commissaires paraît être Stéphane Séjourné (au premier rang sur notre photo en couverture du nouveau collège, deuxième en partant de la droite). Vice-président exécutif, soit le grade le plus important derrière celui de Président, cet ancien chef du groupe Renew au Parlement européen et ex-ministre des Affaires étrangères hérite d’un portefeuille très important qui couvre à la fois le commerce, l’industrie, les PME et le marché unique.
Puissant sur le papier, le Français, novice à la Commission, aura toutefois fort à faire pour s’imposer, au vu des profils qui l’entourent.
D’autres acteurs influents en matière de commerce
Parmi eux, le nouveau commissaire au Commerce, Maroš Šefčovič, qui n’est autre que le plus ancien membre du collège des commissaires où il est nommé depuis 2010. Si ce dernier est formellement placé sous la supervision de M. Séjourné, sa connaissance de la technostructure et sa proximité avec Ursula Von der Leyen devraient lui donner une capacité d’action propre.
Sous ses ordres, on trouve la puissante direction générale du Commerce (DG Trade), dirigée depuis 2019 par la haute-fonctionnaire allemande Sabine Weyand, à la Commission depuis 1999. Grande partisane du libre-échange, Mme Weyand pourrait donner du fil à retordre à M. Séjourné, lequel défend une ligne plus protectionniste, dans la tradition française.
Dernière personnalité susceptible de peser sur les affaires commerciales, le Letton Valdis Dombrovskis, lui aussi proche de Mme Von der Leyen, nommé à la Commission depuis 2014, et qui vient de quitter son portefeuille commercial pour se retrouver commissaire en charge de l’économie et de la simplification, sous la supervision de M. Séjourné.
Le Français a d’ailleurs assez peu évoqué le commerce dans ses premières interventions publiques, paraissant laisser la main à Maroš Šefčovič.
Capitaliser sur l’expérience acquise au Parlement européen
Dans l’entourage de Stéphane Séjourné, on préfère positiver. « La grande nouveauté de cette Commission est d’en finir avec un travail en silo, ce qui a conduit parfois à une multiplication des réglementations et à des initiatives qui n’étaient pas parfaitement complémentaires, explique ainsi une source de son nouveau cabinet. Désormais la Commission fonctionne en objectif politique ce qui fait que la politique commerciale, industrielle, de compétitivité et environnementale sont conçues comme un tout. C’est dans ce cadre que Stéphane Séjourné est bien le Vice-Président exécutif du cluster auquel appartiennent Messieurs Šefčovič et Dombrovskis. La politique commerciale doit être au service de la prospérité des Européens ».
« Stéphane Séjourné pourra quand même compter sur un certain réseau français parmi les cabinets au sein de la Commission, note aussi Pierre Degonde, consultant en affaires publiques franco-européennes au sein du cabinet Euralia. Le fait que le directeur de cabinet adjoint d’Ursula von der Leyen soit Alexandre Adam, l’ancien conseiller Europe d’Emmanuel Macron, peut constituer une aide pour Stéphane Séjourné. S’il la joue finement politiquement, il sera en mesure de peser sur les décisions et d’avoir une vraie influence », ajoute-t-il.
Pour y parvenir, le Français pourra capitaliser sur l’expérience acquise au Parlement européen (PE). « J’ai pleinement confiance en Stéphane, affirme ainsi Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée MoDem et présidente de la délégation macroniste au PE. Au Parlement, il a démontré sa capacité à rassembler ses collègues, à les écouter et à avancer ensemble. Je suis convaincue qu’il apportera cette même capacité de coopération au sein de la Commission ».