Après s’être effondré sous l’effet de la crise sanitaire au second trimestre 2020, le commerce de marchandises s’est montré plus dynamique qu’anticipé au second semestre et a finalement baissé de 5,3 % sur l’ensemble de l’année 2020. En 2021, il devrait augmenter de 8 % selon les statistiques annuelles de l’OMC.
Alors que les analystes de l’OMC tablaient en octobre dernier sur une chute de -9,2 % des échanges mondiaux de marchandises en 2020, celle-ci a finalement été contenue à « seulement » – 5,3 %.
Plusieurs facteurs expliquent ce retournement de situation. D’abord, la croissance plus rapide des échanges et de la production au second semestre (quasi jusqu’à leur niveau de 2019 au quatrième trimestre) a été favorisée par des interventions gouvernementales de grande ampleur, y compris d’importantes mesures de relance budgétaire aux Etats‑Unis. Ces mesures ont dopé les revenus des ménages et soutenu le maintien des dépenses consacrées à l’achat de tous les biens, y compris les importations.
Autre facteur positif, les confinements ont été allégés dans la seconde moitié de l’année permettant un retour de la consommation. Enfin, l’annonce faite en novembre de nouveaux vaccins contre la Covid-19 a contribué à améliorer la confiance des entreprises et des consommateurs. Et c’est de l’efficacité des campagnes de vaccination dont va dépendre la reprise du commerce mondial selon l’OMC.
La reprise des échanges commerciaux suspendue aux campagnes de vaccination
« La vigoureuse reprise du commerce mondial depuis le milieu de l’an dernier a contribué à amortir le choc de la pandémie pour les individus, les entreprises et les économies, a déclaré la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo‑Iweala. Il sera essentiel de maintenir ouverts les marchés internationaux pour permettre aux économies de se redresser après cette crise, et la mise en œuvre rapide, mondiale et équitable d’un vaccin est un préalable à la relance forte et soutenue dans nous avons tous besoin. »
Dans le scénario optimiste conçu par l’OMC, la production et la diffusion de vaccins s’accélèrent, ce qui permet d’alléger plus rapidement les mesures de restriction. Cela pourrait ajouter environ 1 point de pourcentage à la croissance du PIB mondial et environ 2,5 points à la croissance du commerce mondial des marchandises en volume en 2021. Le commerce retrouverait la tendance antérieure à la pandémie d’ici au quatrième trimestre de 2021.
Dans le scénario pessimiste, la production de vaccins ne permettrait pas de faire face à la demande, et/ou de nouveaux variants du virus apparaissent contre lesquels les vaccins sont moins efficaces. La croissance du PIB mondial pourrait alors perdre 1 point de pourcentage en 2021 et la croissance du commerce près de 2 points.
En 2020, l’impact de la pandémie sur le commerce des marchandises en volume a varié selon les régions, la plupart d’entre elles enregistrant un fort ralentissement de leurs exportations et de leurs importations. La seule exception a été l’Asie, avec des volumes d’exportation en hausse de +0,3 % et des volumes d’importation en baisse de seulement -1,3 %.
Les plus fortes diminutions des importations ont été enregistrées dans les régions riches en ressources naturelles, parmi lesquelles l’Afrique (- 8,8 %), l’Amérique du Sud (- 9,3%) et le Moyen‑Orient (- 11,3%), en raison sans doute de la baisse des recettes d’exportation liée à la chute des prix du pétrole, qui a avoisiné -35 %. Par rapport aux autres régions, la baisse des importations nord‑américaines a été relativement modeste (- 6,1 %).
Les exportations asiatiques devraient augmenter de 8,4 % en 2021
En 2021, la demande de biens échangés sera dominée par l’Amérique du Nord (+11,4 %) grâce aux fortes mesures de relance budgétaire aux États‑Unis, qui devraient aussi stimuler d’autres économies par le biais du commerce. L’Europe et l’Amérique du Sud connaîtront toutes deux une croissance des importations d’environ 8 %, tandis que la hausse sera plus faible dans les autres régions.
Une grande partie de la demande mondiale d’importations sera satisfaite par l’Asie, dont les exportations devraient progresser de 8,4 % en 2021. Les exportations européennes augmenteront presque autant (8,3 %), tandis que les expéditions de l’Amérique du Nord enregistreront une hausse plus faible (7,7 %).
Les solides prévisions de croissance des exportations en Afrique (8,1 %) et au Moyen‑Orient (12,4 %) dépendent de la reprise des dépenses de voyages au cours de l’année, qui renforcerait la demande de pétrole. Entre‑temps, l’Amérique du Sud connaîtra une croissance plus faible de ses exportations (3,2 %), de même que la Communauté des États indépendants (4,4 %).
Après une année à nulle autre pareille, 2021 devrait donc être placée sous le signe de la repise à condition que des campagnes de vaccinations efficaces se mettent rapidement en place partout dans le monde. Campagnes auxquelles le commerce international apporte sa part, comme l’a rappelé Ngozi Okonjo-Eawala.
« L’un des principaux vaccins contre la Covid-19 comprend 280 composants provenant de 19 pays, rappelle la nouvelle directrice générale de l’OMC.Il a été plus difficile d’accélérer la production en raison des restrictions commerciales. L’OMC a contribué au maintien des flux commerciaux durant la crise. À présent, la communauté internationale doit exploiter la puissance du commerce pour élargir l’accès aux vaccins qui sauvent des vies. »
SC