A contre-courant de la baisse des échanges mondiaux amorcée au second semestre 2022, ceux des biens écologiques, conçus pour utiliser moins de ressources ou être moins polluants que leurs équivalents traditionnels, continuent de progresser, selon un récent rapport de la Cnuced.
La décarbonation est en route. Malgré un contexte économique et géopolitique particulièrement instable, la valeur cumulée des échanges mondiaux des produits verts a atteint un record en 2022, à 1900 milliards de dollars (Md USD), affichant une augmentation de 100 Md USD par rapport à 2021, selon la dernière mise à jour du Global Trade Update, publiée par la Cnuced le 23 mars.
Si l’ensemble du commerce mondial a également enregistré un record l’année dernière, à 32 000 Md USD, cette dynamique s’est essoufflée au second semestre pour finalement fléchir de 3 % au quatrième trimestre. Sur les six derniers mois de l’années, les produits verts ont vu leurs échanges augmenter de 4 %. Parmi eux, les plus fortes progressions ont été enregistrées par les véhicules électriques et hybrides (+ 25 %), les emballages non plastiques (+ 20 %) et les éoliennes (+ 10 %).
Les échanges de technologies vertes appelées à quadrupler d’ici 2030
La Cnuced s’attend à la poursuite de cet essor des industries vertes dans les années à venir. Dans un récent rapport sur la technologie et l’innovation, l’organisation prévoit que le marché mondial des voitures électriques, de l’énergie solaire et éolienne, de l’hydrogène vert et d’une douzaine d’autres technologies vertes atteindra 2 100 milliards de dollars d’ici à 2030, soit quatre fois plus que leur valeur actuelle.
Selon cette même étude, les pays en voix de développement sont à la traîne de cette dynamique. Leurs exportations de technologies vertes sont passées de 57 Md EUR en 2018 à 75 Md USD en 2021 (+ 32 %) tandis que celles des économies développées ont bondi de 60 Md USD à plus de 156 Md USD sur la même période (+ 160 %).
Reste que la vitalité des industries vertes contraste fortement avec le déclin de l’ensemble des échanges de biens. En valeur, ces derniers ne devraient croître que de 1 % en 2023, selon l’édition 2023 du Global Trade Update. Le commerce des services, tiré par les activités liées aux technologies de l’information et de la communication et par la reprise des secteurs des voyages et du tourisme devrait en revanche augmenter de 3 %.
Un commerce mondial globalement atone…
Les perspectives commerciales restent incertaines dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes et d’inquiétudes concernant l’inflation, les prix élevés des matières premières – en particulier pour l’énergie, l’alimentation et les métaux – et la combinaison risquée des taux d’intérêt élevés et de la dette publique.
Au 30 novembre 2022, plus de la moitié des pays les moins avancés et des autres pays à faible revenu présentaient un risque élevé ou étaient déjà en situation de surendettement, constate la Cnuced, ajoutant que « les niveaux records actuels de la dette mondiale, associés à des taux d’intérêt élevés, continueront d’affecter négativement les conditions macroéconomiques de nombreux pays ».
Le ralentissement du commerce mondial au quatrième trimestre 2022 a touché plus durement les pays en développement, dont les importations et les exportations ont chuté de 6 % par rapport au trimestre précédent. Cette baisse est en grande partie due à la chute de 7 % des exportations des économies d’Asie de l’Est.
… malgré des facteurs positifs
La situation pourrait néanmoins s’améliorer au cours du second semestre de cette année, selon le Global Trade Update. Il souligne des facteurs positifs tels que la perspective d’une récession évitée dans l’Union européenne et aux Etats-Unis, et un dollar américain plus faible, qui a chuté de près de 7 % entre novembre 2022 et février 2023. « La plupart des échanges étant libellés en dollars, un dollar plus faible entraînerait une augmentation de la demande de biens échangés », indique le rapport.
Autre bonne nouvelle, pour les exportateurs : les inquiétudes concernant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et les coûts d’expédition se sont également atténuées. L’Indice des taux de fret conteneurisé de Shanghai est revenu aux niveaux d’avant la pandémie et devrait rester bas tout au long de l’année 2023. L’Indice des directeurs d’achat en Chine a augmenté de plus de 5 points de pourcentage depuis décembre 2022, ce qui indique une forte activité dans la production et les services.
« Dans l’ensemble, bien que les perspectives du commerce mondial restent incertaines, les facteurs positifs devraient compenser les tendances négatives », indique l’organisation.
Sophie Creusillet