Alors que la campagne électorale pour les présidentielles de novembre bat son plein outre-Atlantique, la victoire du candidat républicain Donald Trump signifierait l’avènement d’une politique commerciale hautement protectionniste. Selon les projections d’Oxford Economics, au-delà de leur impact sur les flux sino-américains, ces hausses tarifaires réorienteraient « des centaines de milliards de dollars d’échanges commerciaux ».
Chantre du protectionnisme à l’ancienne s’appuyant sur l’arme des tarifs douaniers lors de son mandat (janvier 2017- janvier 2021), Donald Trump ne dérogerait pas à ce credo en cas de victoire en novembre : taxer lourdement les importations chinoises, un peu moins celles des pays non liés par des accords commerciaux, le tout afin de protéger la production et l’emploi aux États-Unis.
Pour mesurer les conséquences de ces nouvelles hausses de droits de douanes, le cabinet de recherche économique Oxford Economics a bâti plusieurs scénarios pour mesurer leur impact sur le commerce mondial et publié le 12 septembre une note présentant les principaux résultats.
Premier scénario : une augmentation de 60 % des droits de douane sur les produits Made in China et les mesures de rétorsions chinoises qui ne manqueraient pas de suivre.
Résultat : d’après les calculs d’Oxford Economics, la part de la Chine dans les importations américaines serait réduite à 4 %, alors qu’elle a atteint 14 % en 2023. Au total, le commerce bilatéral entre les deux premières puissances mondiales dévisserait de 70 %.
Pour se fournir, les États-Unis se tourneraient vers d’autres économies asiatiques, l’Europe et les deux autres membres de l’USMCA*, soit le Canada et le Mexique voisins. De son côté, la Chine réorienterait ses exportations initialement destinées aux Etats-Unis en Asie et vers d’autres économies émergentes.
Réaffectation des échanges
L’un des secteurs les plus spectaculairement impacté serait l’électronique, secteur qui cristallise les tensions entre les deux pays. La part de la Chine dans les importations américaine s’effondrerait de 27 % à 7 % et la production américaine augmenterait de 6 %, anticipe Oxford Economics.
Deuxième scénario : l’administration Trump instaurerait une augmentation généralisée de 10 % les droits de douane sur les importations, à l’exclusion de celles provenant de pays ayant un accord de libre-échange avec les États-Unis.
Cette mesure, ajoutée aux droits de douanes déjà imposés à la Chine, réduirait de 10 % le volume total des échanges des États-Unis et donnerait lieu à d’importantes réaffectations des flux commerciaux. Le commerce extérieur américain se concentrerait sur ses partenaires de l’USMCA et d’autres pays avec lesquels un accord de libre-échange existe.
Quel que soit le scénario suivi, la modélisation d’Oxford Economics prévoit à court terme une baisse de plus de 1 % des PIB américain et chinois par rapport à leur base de référence. L’impact sur le PIB pourrait néanmoins se révéler plus important, en raison d’effets dynamiques sur la concurrence et la productivité, de nouvelles formes de représailles entraînant des goulets d’étranglement dans la production, un isolement technologique ou des réponses protectionnistes supplémentaires de la part des pays tiers.
Sophie Creusillet
*USMCA (en français ACEUM) est l’acronyme de l’accord de libre-échange qui a succédé NAFTA (en français ALENA) : United States-Mexico-Canada Agreement (Accord Canada-États-Unis-Mexique).