Alors que la Chine se referme et que la guerre en Ukraine malmène les économies européennes, les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) vont constituer dans les prochaines années le nouvel épicentre des exportations mondiales, selon une étude de DHL parue le 15 septembre.
Politique zéro Covid, mise en place de stratégies « Chine + 1 » par les investisseurs étrangers, disgrâce de Hong Kong au profit d’autres hubs régionaux… L’Empire du Milieu est clairement entré dans une phase de repli et cet effacement profite aux pays d’Asie du Sud-Est. Selon l’édition 2022 du Global Trade Atlas de DHL, qui s’appuie sur les données du Fonds monétaire international, les 10 pays membres de l’Asean* enregistreront sur la période 2021-2026 la plus forte progression des exportations (+ 5,6 %), devant l’Asie du Sud et centrale (+ 5 %) et l’Afrique subsaharienne (+ 4 %).
Alors que les exportations chinoises avaient progressé de 6,6 % entre 2016 et 2020, elles ne devraient augmenter que de 3,4 % entre 2021 et 2026. Sur la même période, les économies avancées génèreront 55 % de la croissance du commerce mondial et les économies émergentes 45 %.
L’étude de DHL a également classé les pays en fonction de la rapidité de la croissance de leurs échanges commerciaux et de l’échelle des montants échangés.
Philippines, Vietnam et Inde,
principales alternatives au sourcing chinois
Résultat : si aucun pays ne figure dans les deux top 10, ceux qui s’en approchent le plus se situent en Asie du Sud-Est et du Sud : Philippines, Vietnam et Inde. Autrement dit : ce sont ces trois pays qui bénéficieront le plus des stratégies alternatives au sourcing chinois.
A noter également : parmi les 10 pays qui devraient connaître la croissance la plus rapide de leurs échanges internationaux, cinq sont africains : République démocratique du Congo, Niger, Rwanda, Sénégal et Ouganda.
Paradoxalement, tous pays confondus, la crise sanitaire a certes fait provisoirement plonger les volumes de biens échangés, mais ces derniers ont fortement rebondi et sont aujourd’hui de 10 % supérieurs à leur niveau pré-pandémique. La crise a en effet permis un développement sans précédent de l’e-commerce.
Selon une analyse de la Cnuced, les ventes mondiales de commerce électronique sont passées de 16 % du total des ventes au détail en 2019 à 19 % en 2020 et sont restés stables à ce niveau en 2021. Selon McKinsey, l’e-commerce transfrontalier pourrait atteindre 2000 milliards de dollars et la part transfrontalière du commerce électronique doubler dans les 10 prochaines années.
Sophie Creusillet
*Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam.