En six mois, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a divisé par deux son estimation de croissance du commerce international pour 2023, en raison d’un net ralentissement des échanges mondiaux au quatrième trimestre 2022. Si l’Asie et l’Amérique du Nord sont particulièrement touchées, le commerce transfrontalier devrait néanmoins reprendre de la vigueur en 2024.
L’annonce de la fin des restrictions annoncée par Pékin, le resserrement monétaire aux États-Unis et en Europe, ainsi que la chute des prix de l’énergie avaient laissé entrevoir un rapide rebond des échanges mondiaux de marchandises. Il n’en sera rien. La crise de l’immobilier en Chine et une inflation toujours persistante sur le nouveau et l’ancien continents en ont en effet décidé autrement. Une situation qui a conduit l’OMC à se montrer beaucoup moins optimiste qu’en avril quant au devenir du commerce international dans les prochains mois.
Alors qu’il y a six mois les économistes de l’organisation tablaient encore sur une progression en 2023 de 1,7 % des flux commerciaux de marchandises, ils ne prévoient plus désormais que 0,8 % de hausse. Cette révision s’explique notamment par un baissement de 1,1 % des prévisions pour l’Amérique du Nord et de 3 % pour l’Asie, tandis que la contraction a été moins importante en Europe (- 0,1%).
Tous les secteurs sont touchés sauf l’automobile
Cette hausse des échanges sera par ailleurs accompagnée d’une croissance du PIB réel de 2,6 %. La croissance du commerce devrait donc être supérieure à celle du PIB l’an prochain. « Le commerce devrait croître plus lentement que le PIB cette année, mais plus rapidement l’année prochaine, explique l’OMC. De telles fluctuations ne sont pas inhabituelles étant donné la part relativement importante des investissements et des biens durables sensibles au cycle économique dans le commerce par rapport au PIB. »
En attendant, tous les secteurs sont touchés par ce ralentissement des échanges, en particulier certaines catégories de produits manufacturés comme le fer et l’acier, les équipements de bureau et de télécommunication, le textiles et l’habillement.
Une exception notable est constituée par les véhicules de tourisme, dont les ventes ont bondi en 2023. « Les causes exactes du ralentissement ne sont pas claires, mais l’inflation, les taux d’intérêt élevés, l’appréciation du dollar américain et les tensions géopolitiques sont autant d’éléments qui y contribuent », analysent les économistes de l’OMC.
La croissance des échanges sera plus rapide en Asie
Si les projections de l’OMC se réalisent, l’Amérique du Nord enregistrera la plus forte croissance des exportations de toutes les régions en 2023 (3,6 %), suivie par la CEI (3 %). La plupart des autres régions afficheront une croissance modeste de leurs exportations, à l’exception de l’Afrique, où les exportations devraient se contracter de 1,5 %.
En revanche, la CEI devrait enregistrer la plus forte croissance des importations de toutes les régions (25 %), suivie par le Moyen-Orient (12,5 %) et l’Afrique (5,1 %). D’autres régions connaîtront des baisses modestes, notamment l’Amérique du Nord (-1,2 %), l’Amérique du Sud (-1 %), l’Europe (-0,7%) et l’Asie (-0,4%).
La croissance positive des exportations et des importations en volume devrait reprendre en 2024 dans toutes les régions, à l’exception de la CEI, où les importations devraient diminuer après un fort rebond en 2023. Si les prévisions pour 2024 se réalisent, l’Asie sera la région qui connaîtra la croissance la plus rapide, tant du côté des exportations que des importations.
Sophie Creusillet