Protectionnistes les Français ? Une récente enquête d’opinion prouverait le contraire. Ainsi, dans leur majorité, les Français considèrent positive la prolifération des échanges économiques mondiaux et l’impact des accords de libre-échange entre grandes puissances sur l’économie française selon un sondage Ifop pour l’ESCE Alumni, l’association des anciens d’élèves de l’ESCE (École supérieure du commerce extérieur), intitulé « Le regard des Français sur l’Europe et les échanges internationaux ».
Le sondage* s’intéresse au jugement que portent les Français sur la multiplication des échanges mondiaux à l’heure où les certitudes économiques et géopolitiques de l’Europe semblent aujourd’hui ébranlées avec le ‘Brexit’ mais également à l’extérieur avec la politique commerciale des États-Unis à l’encontre de l’UE, directement visée au printemps dernier par les taxes sur l’acier et l’aluminium, et avec la politique commerciale de la Chine pour lutter contre les mesures unilatérales américaines.
L’enquête a été menée en ligne, entre le 20 et le 21 novembre dernier, auprès d’un échantillon de 996 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Les accords de libre-échange : « une bonne chose »
À la question « diriez-vous que la multiplication des échanges économiques entre les grandes puissances, à travers notamment la signature d’accords commerciaux, constitue une bonne chose ? », 63 % des personnes interrogées dans le cadre du sondage ont répondu que c’était « une bonne chose » pour l’économie française.
Dans le détail, le sondage révèle que 46 % des Français ont en effet estimé que la multiplication des échanges internationaux était « une assez bonne chose » et 17 % « une très bonne chose » pour l’économie de la France. A contrario, 37 % des personnes ayant répondu à l’enquête ont jugé que c’était une « mauvaise chose » : 23 % ont indiqué que c’était « une assez mauvaise chose » et 14 % « une très mauvaise chose ».
De même, 74 % des Français considèrent que la multiplication des échanges économiques entre les grandes puissances constitue « une bonne chose » pour l’économie mondiale. Ainsi, pour 58 % des Français, la multiplication des échanges économiques entre les grandes puissances est « une assez bonne chose » pour l’économie mondiale et que pour 16 % elle est même « une très bonne chose ». À l’inverse, 26 % des personnes interrogées voient le développement des échanges commerciaux comme « une mauvaise chose ». Plus précisément, 19 % d’entre elles ont indiqué que la multiplication des échanges économiques entre les grandes nations est « une assez mauvaise chose » et 7 % jugent même que c’est « une très mauvaise chose » pour l’économie mondiale.
L’ouverture des frontières, une opportunité pour le commerce extérieur
Le sondage s’intéresse aussi à l’avis des Français sur l’opportunité de l’ouverture des frontières et ses effets sur les échanges commerciaux. Ainsi, 63 % des personnes ayant participé à l’enquête estiment que l’ouverture des frontières représente avant tout « une opportunité » pour le développement des entreprises françaises. De même, 61 % des sondés pensent que cette ouverture est une opportunité pour les consommateurs français.
Toutefois, 63 % des personnes qui ont répondu au sondage mené par l’Ifop considèrent que cette ouverture des frontières bénéficierait avant tout aux grands groupes français. Seules 6 % des personnes interrogées considèrent qu’elle profiterait aux TPE ou PME françaises.
Le sondage pousse encore plus loin le scenario d’une ouverture des frontières en posant la question suivante : « Et imaginez qu’un pays de l’Union européenne décide d’ouvrir fortement ses frontières, en matière de commerce. Diriez-vous que cette ouverture aurait des effets plutôt positifs, plutôt négatifs ou qu’elle n’aurait pas d’effet ». Respectivement 57 % des personnes qui ont répondu estiment que l’ouverture des frontières par un pays de l’UE aurait des effets « plutôt positifs » sur son commerce extérieur mais aussi sur la capacité des entreprises de ce pays à se développer à l’international.
L’appartenance à l’Union européenne est une « bonne chose »
Outre l’impact du développement des échanges internationaux sur l’économie française, le sondage s’intéresse au regard que portent les Français sur la place de la France au sein de l’Union européenne. L’appartenance de la France à l’UE est « une bonne chose » pour les échanges commerciaux estime la grande majorité (80 %) des personnes ayant participé au sondage Ifop-ESCE Alumni. Plus précisément, 55 % des sondés estiment que l’appartenance à l’UE est « une assez bonne chose » pour les échanges commerciaux tandis que 25 % jugent que c’est « une très bonne chose ». Néanmoins, 20 % des Français, d’après le sondage, pensent qu’au contraire, c’est « une mauvaise chose ».
En outre, 71 % des personnes sondées par l’Ifop croient que l’appartenance de la France au marché unique est une bonne chose pour la capacité des entreprises françaises à se développer (implantation ou conquête de nouveaux marchés) hors d’Europe à l’international.
« Une large majorité de Français considère que l’appartenance à l’Union européenne est une bonne chose ce qui constitue un résultat notable dans le contexte d’euroscepticisme hexagonal », a commenté Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consulter les résultats du sondage Ifop-ESCE Alumni « Le regard des Français sur les échanges internationaux » joint en PDF ci-dessous