Les « Green Goods » progressent dans les échanges internationaux. Si elles représentent encore une part infime des flux commerciaux mondiaux, la progression des marchandises produites en émettant le moins de pollution possible est néanmoins constante, observe une récente étude d’Allianz Trade.
Lentement, mais sûrement. Tel est le rythme de la croissance de la part de produits décarbonés dans le commerce international. Entre 2000 et 2022, elle est passée de 2,7 % à 7,7 % des exportations mondiales et de 5,5 % à 6,9 % des importations. Dans cette course à la décarbonation, l’Allemagne arrive en tête avec 15 % du total de ses exportations, suivie du Japon (13 %) et de la Corée du Sud (9 %)
Sans surprise, ce sont donc les pays les plus avancés économiquement qui mènent la danse. Les pays européens, de manière générale, sont bien placés, avec des exportations représentant environ 8 % du total des ventes internationales de l’Italie, de l’Espagne et de la France.
L’Europe de l’Est en bonne position
Concernant les importations, l’Allemagne occupe une nouvelle fois la première place avec 10 % du total tandis que le Royaume-Uni et la France (aux alentours de 8 %) complètent le podium.
En matière de décarbonation, les économies d’Europe de l’Ouest, les États-Unis et l’Asie de l’Est (Chine, Corée, Japon) sont certes à la pointe mais des économies de taille plus modeste sont entrées dans la danse et affichent des résultats impressionnants.
C’est le cas de la Macédoine du Nord, la Slovaquie, la Hongrie, la République tchèque et la Slovénie qui affichent les excédents commerciaux les plus élevées en matière de biens décarbonés alors que la France est en léger déficit, important plus de biens verts qu’elle n’en exporte.
Rapporté à leur PIB, ces excédents les placent loin devant les États-Unis, la Chine, la France et le Royaume-Uni. Ces bonnes performances, explique Allianz Trade, sont dues à la spécialisation de ces économies dans la production de certaines marchandises.
Supprimer les barrières tarifaires pour augmenter les échanges
Ainsi, en 2022, la Macédoine du Nord a commercé à hauteur de 3,2 milliards de dollars (Md USD) de biens verts grâce aux exportations de catalyseurs, de systèmes de contrôle électronique et de machines de filtrage. De même, la Hongrie produit des batteries au lithium ainsi que des véhicules électriques et hybrides, ces derniers étant également une spécialité de la Slovaquie
Pour accroître le commerce de ces biens, Allianz Trade préconise d’actionner le levier douanier. Selon les calculs effectués par l’assureur-crédit la suppression des droits de douane sur ces produits permettrait aux exportations mondiales de ces « Green Goods » de grimper de 10 % par an pour atteindre 184 Md USD.
« Mais le principal levier d’action reste le protectionnisme non-tarifaire, et pour surmonter cet obstacle, il faudra nécessairement renforcer la coopération internationale, voire passer par des accords commerciaux plus multilatéraux que régionaux », estiment les auteurs de l’étude.
Enfin, il ne saurait y avoir de commerce international vertueux sur le plan environnemental sans transition écologique du fret maritime, mobilisé pour 85 % des échanges de marchandises, soit 11 milliards de tonnes transportées annuellement. Selon Allianz Trade, pour verdir les flottes maritimes et atteindre le zéro carbone d’ici 2040 à 2060, un investissement de 23 Mds USD par an sera nécessaire.
Sophie Creusillet