L’Organisation mondiale du commerce (OMC) vient de publier ses prévisions sur l’évolution du commerce international de marchandises. Si elle a fortement revu à la baisse ses projections pour 2023, les importations du Moyen-Orient et de l’Afrique devraient cependant rester solides.
Le commerce mondial devrait enregistrer des niveaux d’échanges plus élevés qu’attendu, selon les statistiques publiées par l’OMC le 5 octobre. En volume, malgré un ralentissement au second semestre en raison de la guerre en Ukraine, sa croissance devrait atteindre 3,5 % cette année, une prévision légèrement supérieure à celle de 3 % établie en avril dernier.
En revanche, les prévisions sont nettement revues à la baisse pour 2023. « Les estimations pour 2023 paraissent maintenant trop optimistes, étant donné que les prix de l’énergie se sont envolés, que l’inflation s’étend désormais à un plus grand nombre de secteurs et que la guerre ne montre aucun signe d’accalmie », estime l’OMC.
En conséquence, le commerce mondial ne devrait croître que de 1 %, une croissance beaucoup moins importantes que celle que l’Organisation prévoyait encore en avril dernier (+ 3,4 %).
Les importations de l’Afrique et du Moyen-Orient
devraient croître de 5,7 %
Les analystes de l’OMC soulignent « la résilience de la croissance du commerce au Moyen-Orient et en Afrique en 2022 ». Cette année, le Moyen-Orient devrait en effet enregistrer la plus forte croissance des exportations en volume (14,6 %), suivi de l’Afrique (6 %), de l’Amérique du Nord (3,4 %), de l’Asie (2,9 %), de l’Europe (1,8 %) et de l’Amérique du Sud (1,6 %).
Le Moyen-Orient a également connu la plus forte croissance de ses importations (11,1 %). Viennent ensuite l’Amérique du Nord (8,5 %), l’Afrique (7,2 %), l’Amérique du Sud (5,9 %), l’Europe (5,4 %) et l’Asie (0,9 %).
Les exportations du Moyen-Orient et de l’Afrique devraient faiblement décélérer en 2023, mais leurs importations devraient bondir de 5,7 % pour l’une comme pour l’autre. Toutes les autres régions devront s’attendre à une faible croissance de leurs exportations et de leurs importations.
Les importations des grandes économies
plombées par la conjoncture
Partout ailleurs, la demande d’importations devrait faiblir sous l’effet d’un ralentissement des grandes économies.
En Europe, la hausse des prix de l’énergie résultant de la guerre russo-ukrainienne entraînera une compression des dépenses des ménages et une augmentation des coûts dans le secteur manufacturier.
Aux États-Unis, le resserrement de la politique monétaire aura des répercussions sur les dépenses sensibles aux taux d’intérêt dans les domaines du logement, de l’automobile et de l’investissement en capital fixe par exemple.
La Chine reste confrontée à de nouvelles flambées de COVID-19 et à des perturbations de la production associées à une faible demande extérieure. Enfin, le gonflement de la facture des importations de combustibles, de produits alimentaires et d’engrais pourrait se traduire par une insécurité alimentaire et un surendettement dans les pays en développement.
L’activité manufacturière s’enlise
Les analystes de l’OMC relayent également les indices des directeurs d’achats (PMI) établis par J.P. Morgan pour une quarantaine de pays.
L’indice mondial, dont la valeur indique une expansion si elle est supérieure à 50 et une contraction quand elle est inférieure à ce seuil, est tombé à son plus bas niveau en 26 mois (50,3). Dans le même temps, le sous-indice des nouvelles commandes à l’exportation a chuté à 47. Des résultats qui laissent à penser que le commerce de marchandises continuera de ralentir dans les prochains mois.
En revanche, d’autres sous-indices tendent à montrer que les tensions inflationnistes ont peut-être atteint leur paroxysme. Entre avril et août de cette année, l’indice du prix des intrants est en effet passé de 71,6 à 61,1, tandis que celui mesurant les prix des produits finaux est passé de 63,8 à 56,7. En parallèle, les délais de livraison ont raccourci en août alors que les stocks de produits finis ont augmenté. « Il y a quelques mois, on y aurait vu les signes positifs d’un allègement des pressions sur les chaînes d’approvisionnement mais, aujourd’hui, ces résultats pourraient annoncer un ralentissement de la demande mondiale », conclut l’OMC.
SC